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Søren KIERKEGAARD (1813-1855) : Ou bien... ou bien, chapitre L'Assolement.

Publié le 22/04/2010

Extrait du document

kierkegaard

« On a l'habitude de dire que l'oisiveté est la mère de tous les maux. On recommande le travail pour empêcher le mal. Mais aussi bien la cause redoutée que le moyen recommandé vous convaincront facilement que toute cette réflexion est d'origine plébéienne (1). L'oisiveté, en tant qu'oisiveté, n'est nullement la mère de tous les maux, au contraire, c'est une vie vraiment divine lorsqu'elle ne s'accompagne pas d'ennui. Elle peut faire, il est vrai, qu'on perde sa fortune, etc., toute fois, une nature patricienne (2) ne craint pas ces choses, mais bien de s'ennuyer. Les dieux de l'Olympe ne s'ennuyaient pas, ils vivaient heureux en une oisiveté heureuse. Une beauté féminine qui ne coud pas, ne file pas, ne repasse pas, ne lit pas et ne fait pas de musique est heureuse dans son oisiveté ; car elle ne s'ennuie pas. L'oisiveté donc, loin d'être la mère du mal, est plutôt le vrai bien. L'ennui est la mère de tous les vices, c'est lui qui doit être tenu à l'écart. L'oisiveté n'est pas le mal et on peut dire que quiconque ne le sent pas prouve, par cela même, qu'il ne s'est pas élevé jusqu'aux humanités. Il existe une activité intarissable qui exclut l'homme du monde spirituel et le met au rang des animaux qui, instinctivement, doivent toujours être en mouvement. Il y a des gens qui possèdent le don extraordinaire de transformer tout en affaire, dont toute la vie est affaire, qui tombent amoureux et se marient, écoutent une facétie et admirent un tour d'adresse, et tout avec le même zèle affairé qu'ils portent à leur travail de bureau. «

Le thème : L'oisiveté et le travail.

La thèse : Kierkegaard réfute la condamnation de l'oisiveté et dénonce la valorisation du travail. L'oisiveté s'oppose à l'ennui et au travail ; elle est condition de bonheur et doit constituer la finalité de l'existence humaine.

Les enjeux : Le texte pose la question de la destination du travail et de celle de l'oisiveté. En quoi l'oisiveté est-elle valorisée ?

La structure : Le premier mouvement du texte montre que la condamnation de l'oisiveté est d'origine populaire (lignes 1 à 5). C'est l'ennui qui doit être condamné et non l'oisiveté (lignes 5 à 10) ; cette proposition constitue le second mouvement du texte. Le troisième mouvement du texte (lignes 10 à 18) présente l'oisiveté comme condition du bonheur et accomplissement d'une véritable humanité. Ainsi le travail produit l'affairement des hommes qui s'ennuient, ce dernier mouvement du texte indique que c'est le travail qui doit être condamné et non l'oisiveté (lignes 18 à 26).

kierkegaard

« à la sueur de ton front.

» C'est ce pourquoi on se donne de la peine ; et si le repos est envisageable ce n'est quecomme récompense du travail.

L'oisiveté est donc pensée en opposition comme un loisir non mérité, comme uneparesse qui détourne l'homme de sa destination : le travail.

Par ailleurs, le travail est une activité de production, unesource de richesses économiques tant individuelles que collectives.

Par opposition l'oisiveté est improductive, laissel'esprit libre de toute occupation, et peut entraîner l'homme sur la voie de la dépravation.

D'un coté le travail estrentable, de l'autre l'oisiveté est futile.

C'est donc une condamnation morale de la part du sens commun. b) Le travail est une vertu, l'oisiveté un viceAinsi le travail est une vertu, l'oisiveté un vice.

Ce n'est pas tant les productions du travail qui sont encouragéesque l'occupation des esprits à une tâche pénible.

De plus le travail est facteur d'intégration sociale.

Ce n'est pas leloisir en tant que tel qui est condamné, mais le loisir non mérité.

L'oisif est un inutile.

Cette condamnation morale estrefusée par Kierkegaard, car il y voit une confusion entre l'oisiveté et l'ennui, l'oisiveté et le repos improductif.Condamner l'oisiveté c'est ne pas comprendre sa nature.Transition : L'opposition du travail et de l'oisiveté entendue comme l'opposition d'un bien à un mal, d'une vertu à unvice, est méconnaissance du sens réel de l'un et de l'autre.

Kierkegaard va opposer oisiveté et ennui et montrer lavaleur de l'oisiveté. Deuxième partie En quoi l'oisiveté est.elle un bien ? a) L'oisiveté n'est pas l'ennuiCe n'est pas l'oisiveté qui est à redouter c'est l'ennui.

L'ennui est une tristesse, un chagrin.

C'est une impression devide dont la cause est le désoeuvrement, c'est une lassitude.

En tant que tel l'ennui est à redouter.

Mais l'oisivetén'est pas l'ennui.

L'auteur renoue avec la tradition antique dans laquelle l'oisiveté est la vie par excellence d'unhomme libre.

Pour Aristote l'oisiveté est vécue par celui qui s'est affranchi des nécessités de la survie.

Cet hommepeut suivre une vie d'études, de contemplation.

L'oisiveté n'est pas une vie de plaisirs frivoles, d'accumulation dedivertissements.

C'est l'ennui qui provoque la recherche d'étourdissement dans la frivolité.

L'oisiveté est source debonheur. b) L'oisiveté est condition du bonheurL'oisiveté seule permet l'exercice de la sagesse.

Elle est la vie supérieure.

C'est la conception du bonheur desAnciens où l'autarcie est une vertu.

L'exemple des dieux de l'Olympe nous montre que c'est une vie de bonheur divinque la vie oisive.

Le bonheur est obtenu dans une vie spirituelle, une vie contemplative.

C'est en ce sens qu'Aristoteécrit « le bonheur consiste dans le loisir » (Éthique à Nicomaque, X, chap 9, § 6).

Le loisir n'est pas le repos, c'estune vie consacrée à l'étude et à la vision des principes : « la vie selon l'intellect est aussi la vie la plus heureuse quel'homme puisse mener » (§ 8).

Le texte exhibe donc cette oisiveté comme source de bonheur, comme vertu.

Ainsi lavéritable destination de la nature de l'homme est une vie spirituelle. c) L'oisiveté est « le vrai bien »Le bien propre de l'humanité est cette vie contemplative, véritable sens d'une vie oisive.

L'homme s'élève «jusqu'aux humanités.

» L'oisiveté n'est pas inactivité, bien au contraire, elle favorise une vie de méditation.

L'hommene peut avoir honte de vivre ainsi.

Nietzsche écrit dans Le Gai Savoir, « on éprouverait même du remords à méditer» (§ 329).

Il défendra lui aussi cette oisiveté comme véritable destin de l'homme L'oisiveté permet une activité quin'a pas d'autre fin qu'elle-même : la philosophie. Transition : Ainsi, on peut s'interroger sur la valorisation du travail, alors que c'est l'oisiveté qui devrait êtrerecherchée.

Kierkegaard nous montre que c'est l'ennui qui conduit les hommes à s'étourdir dans le travail. Troisième partie Le travail comme affairement résultant de l'ennui a) Le surcroît d'activité détourne l'homme de l'humanitéL'auteur compare la nécessité du mouvement chez l'animal et l'affairement des hommes.

L'animal suit des instincts,répond à des exigences biologiques.

L'homme en vient à oublier sa destination véritable et fait de sa vie unesclavage exclusivement dévoué à la survie.

Le travail ainsi entendu est aliénation à une animalité.

L'homme resteprisonnier d'un mouvement incessant et la peur de l'ennui le conduit à s'affairer sans discontinuer.

C'est ainsi queNietzsche montre que travail et ennui vont de pair (§ 42 du Gai Savoir). b) Le travail est une activité pour échapper à l'ennuiL'homme, dans cet affairement incessant, réclame un repos qui ne signifie plus qu'arrêt du travail et non lapossibilité d'oeuvrer à sa véritable nature.

Dans cet affairement l'homme s'oublie lui-même, il oublie sa véritablehumanité qui est spirituelle.

Toute la vie de l'homme porte la marque de cet affairement.

Ainsi l'amour, le mariage, lanaissance se transforment en affaire, pour échapper à l'ennui.

« Il faut même qu'ils s'ennuient beaucoup pour queleur travail réussisse » (Nietzsche). Conclusion. »

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