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SOMMES-NOUS ENTIEREMENT MAITRES DE NOS PENSEES ?

Publié le 27/02/2008

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La philosophie antique se présente comme l'amour du savoir autant que le désir de la sagesse. Mais il s'agit de deux aspects d'une même réalité. La sagesse est une fin désirable. Elle désigne la forme de vie la plus accomplie. En effet, elle consiste dans la maitrise de soi, c'est-à-dire de sa propre conduite. Mais celle-ci exige un effort de connaissance, un accès rationnel au vrai et à l'être. La maitrise de ses propres pensées est la condition de la maitrise de soi. Mais il faut supposer que nous pourrons devenir toujours plus maitres de nos pensées parce que dès le départ nous en avons la capacité. Il convient de l'actualiser. ?

« Or dans la vie courante, je n'exerce pas constamment ma réflexion, je me borne à des opinions communes parce que tout ne parait pas digned'examen.

Pour vivre il n'est pas nécessaire de douter constamment.

C'est alors que je m'attache à des objets qui n'ont pas de réelle valeur, que jedonne crédit à ce qui est douteux, comme la gloire ou la richesse.

Dans le 1 er article du Manuel d'Epictète (stoïcisme) propose une distinction essentielle entre ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas ; ce qui dépend de nous ce sont nos opinions, c'est-à-dire nos jugements, puisla tendance soit vers l'utile (nous partageons ceci avec l'animal) soit vers la vie raisonnable (propre à l'homme ).

[cf.

"tonas"] [cf.

Spinoza "conatus"] Ce qui dépend de nous est libre ; ce qui ne dépend pas de nous n'est pas libre, c'est-à-dire le corps, les choses extérieurs, la richesse, la réputation,le pouvoir.

En délimitant ce qui dépend de moi, c'est-à-dire mes pensées, et l'orientation de mes désirs, et ce qui ne devient pas en m'accordant endehors vers l'objet.

Je découvre l'étendu de mon pouvoir sur moi grâce à la maitrise de mes pensées.

Pour toute pensée, je peux me demander ceque vaut, si ‘objet qu'on me présente peut m'appartenir.

Autrement dit j'ai une maitrise sur chacune de mes pensées.

Je fais un bon usage de maraison et de la volonté et ainsi je me libère.

C'est le sens des exercices, de maitrise de soi.

Transition : La démarche rationnelle permet une expression pleine et entière de la liberté.

Elle s'exerce sur des pensées que je me suis efforcé de maitriser.

Cet idéal n'est pas une forme d'orgueil de la raison.

2.

En effet la permanence de l'erreur, voire de la faute dont témoignent les regrets et les remords, montre une impuissance fréquente de nospensées.

2.1 : La sagesse signifie la maitrise de soi et de ses pensées.

Mais la philosophie distingue constamment le sage et les autres hommes.

Ainsi le stoïcisme de Sénèque ou d'Epictète distingue les sages et les fous.

C'est une différence de national et non de degré.

Soit on est pleinement sage,soit on est victime de son affectivité.

L'esprit est alors envahi par des images confuses avec les choses sures.

Nous ne distinguons pas la simpleapparence et le phénomène.

L'idée de progression n'a alors aucun sens parce qu'il n'y a pas milieu entre la vertu et la vie, la sagesse est en ruptureavec tout ce qui n'est pas elle.

Pour celui qui aspire à la sagesse, la maitrise de ses pensées est partielle et fragile, à la manière de Sénèque quiregrette d'être égaré du pouvoir.

2.2 : Si le sage est inaccessible, même et surtout pour ceux qui s'en réclament, il ne peut être qu'une fiction.

En effet la sagesse est une idée, celle d'une totalité qui réunit la parfaite moralité et le pouvoir entier sur ses pensées.

(cf.

Kant, Critique de la raison pratique, AK III 3/3, Dialectique transcendantale, chap.3, 1 ère section, De l'idéal en général).

Le sage est un idéal, c'est-à-dire la figure individuelle donnée à cette idée. C'est parce que, possédant la vertu, il possède toute les vertus, il agit toujours bien.

(Paul Veyne, "stoïcisme", Sénèque).

L'idée comme l'idéal sontformés par la raison sans recours à l'expérience pour former la figure du sage, l'image d'une parfaite maitrise de toute pensée.

On supprime leslimitations à l'exercice de la raison.

Or, quand on exige ou qu'on ignore les limites, on croit connaître des totalités, or qu'on atteint des perspectivespartielles.Comment comprendre cette tendance à dépasser ce que nous ne pouvons connaître et vérifier ? 2.3 : Cette illusion d'une pleine maitrise peut être interprétée comme la crainte d'une impuissance à l'égard de ce qui nous dépasse.

[Nietzsche, Généalogie de la morale] (Pierre Legende). C'est d'abord la menace du néant, c'est-à-dire la crainte de la mort.

On cherche à répondre à l'angoisse en contournant la réalité par un discours rassurant [Entretiens avec M.

de Sacey, attribué à Pascal]. [Le concept de l'angoisse, Kierkegaard] [Histoire de l'éducation dans l'Antiquité , Marrou] [Des héros , Calyle] L'activité rationnelle joue le rôle d'une consolation, c'est l'ambigüité de la philosophie et même du rôle qu'elle accorde à la physique, c'est-à-dire àla science.

Dans l'épicurisme, il ne s'agit pas de parvenir à une réelle connaissance mais d'éviter la crainte des divinités.

La raison n'a pas la plushaute valeur, c'est au contraire la sensibilité qui sera le critère.

La méditation constante de la mort serait la syntaxe d'une douleur de vivre que laconnaissance ne pourrait jamais guérir.

Si la raison semble apte à maitriser les pensées, ce sont les moins chargées d‘affectivité ("désinvesties" freudien).

Plus l'affectivité est présente,moins la maitrise est possible, et pourtant elle est la plus nécessaire.

Devons-nous désespérer, nous contenter d'une maitrise partielle ou lamaitrise entière de nos pensées et l'idéal qui doit régler théorie et pratique.

3.1 : Si la maitrise n'est pas immédiate, c'est parce qu'on n'en sent pas d'abord la nécessité.

Il n'est pas urgent de penser par soi-même.

Bien plus, on peut se borner à suivre les pensées les plus reçues parce qu'il n'y a pas de raisons d'en choisir d'autre.En l'absence de certitudes, on peut se borner au plus probable, c'est-à-dire qui est pratiqué par les plus sages.

Il ne s'agit pas de se laisser imposerl'opinion majoritaire du moment, mais d'écarter l'excès au profit de la modération et d'observer ce que font réellement les plus censés.La conduite modérée permet une bonne distance à l'égard des pratiques on peut alors plus facilement changer de pratique.

3.2 : Ainsi, même par rapport à ces objets seulement probables, il est toujours possible de retenir son consentement d'exercer sa liberté.

On doit distinguer deux aspects la nécessité de se prononcer avec certitude sur les objets, les plus rationnels et l'exigence de mesurer la probabilité desautres objets.

Il ne s'agit d'espérer ou de désirer une connaissance complète de l'univers, c'est-à-dire de faire l'inventaire de tout ce qui estconnaissance.

Il faut parvenir à une connaissance complète ou entière des objets que nous connaissons ou une partie des connaissances à notreportée.

L'illusion commence quand on confond le probable et le certain, quand on étend la certitude à ce que n'est que probable pour être maitrede ses pensées il faut accepter que le savoir est limité.

La délimitation est la condition de la maitrise.

3.3 : Si nous savons analyser nos représentations nous pouvons prendre de la distance à l'égard de nos sentiments, et de l'affectivité en général. Il suffit de bien juger pour bien faire et de juger mieux qu'on puisse pour faire aussi tout son mieux, c'est-à-dire pour acquérir toutes les vertus etensemble tous les autres bien que l'on puisse acquérir, et lorsqu'on est certain que l'on est, on ne serait manqué d'être content.. »

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