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Sigmund FREUD, Le Malaise dans la culture

Publié le 27/02/2008

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« Beauté, propreté et ordre occupent une position particulière parmi les exigences de la culture. » Nous reconnaissons donc le niveau de culture d'un pays quand nous trouvons qu'en lui est entretenu et traité de façon appropriée tout ce qui sert à l'utilisation de la terre par l'homme et à la protection de celui-ci contre les forces de la nature, donc brièvement résumé : ce qui lui est utile. [...] Mais il nous faut poser encore d'autres exigences à la culture [...] nous saluons aussi comme culturel ce que font les hommes quand nous voyons leur sollicitude se tourner vers des choses qui ne sont pas du tout utiles et sembleraient plutôt inutiles [...]. Nous remarquons bientôt que l'inutile, dont nous attendons qu'il soit estimé par la culture, c'est la beauté ; nous exigeons que l'homme de la culture vénère la beauté là où il la rencontre dans la nature et qu'il l'instaure dans des objets, pour autant que le permet le travail de ses mains. Il s'en faut de beaucoup que nos revendications envers la culture soient par là épuisées. Nous réclamons encore de voir les signes de la propreté et de l'ordre. [...] Toute espèce de saleté nous semble incompatible avec la culture ; de même nous étendons au corps humain l'exigence de propreté, nous sommes étonnés d'apprendre quelle mauvaise odeur la personne du Roi- Soleil répandait habituellement [...]. Bien plus, nous ne sommes pas surpris si quelqu'un va jusqu'à ériger l'usage du savon en étalon de la culture. Il en est de même de l'ordre qui, tout comme la propreté, se rapporte totalement à l'oeuvre de l'homme. [...] Le bienfait de l'ordre est tout à fait indéniable, il permet à l'homme une meilleure utilisation de l'espace et du temps tout en ménageant ses forces psychiques. [...] Beauté, propreté et ordre occupent manifestement une position particulière parmi les exigences de la culture. Sigmund FREUD, Le Malaise dans la culture, trad. P. Cotet, R. Lainé, J. Stute-Cadiot, © PUF, « Quadrige », 2002.
Dans cet extrait de Malaise dans la culture ( p 40 à 42), Freud se demande à partir de quels critères on peut évaluer le degré de culture d’un pays. La culture désigne tout ce qui dans l’activité humaine s’oppose à la nature, c’est-à-dire ce qui est irréductiblement humain. « La beauté, la propreté et l’ordre « occuperaient une place particulière dans la culture dans la mesure où ces trois concepts constitueraient les conditions nécessaires et suffisantes de la culture en tant que telle. Il s’agirait alors de justifier les raisons pour lesquelles la culture se reconnaîtrait à partir de ses seuls principes. Le problème de notre texte est donc : Quels critères distinctifs permettent de reconnaître le monde irréductiblement humain de la culture ?
 Dans une première partie qui va du début jusqu’à « il s’en faut de beaucoup «, Freud se demande si l’utilité peut constituer un critère suffisant pour reconnaître la culture ou bien si dans une seconde partie elle doit être complétée par d’autres qui échapperaient au critère de l‘utile comme la beauté. La phrase « il s’en faut de beaucoup que nos revendications envers la culture soient par là épuisées « fait la transition entre les deux parties. Enfin, Freud énonce deux autres critères de la culture que sont la propreté et l’ordre dont il nous faudra faire la critique.
 


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« III La propreté et l'ordre _ La culture se reconnaît donc à ses deux critères : le premier est l'utile qui est le signe d'un arrachement de lanature et le second l'inutile de la beauté qui témoigne de la constitution d'un monde humain pour lui-même commefin en soi.

La phrase « il s'en faut de beaucoup que nos revendications envers la culture soient par là épuisées »montre que les critères de la culture ne se réduisent pas à ceux déjà énoncés.

En effet les deux derniers critèressont la propreté et l'ordre : « nous réclamons encor de voir les signes de la propreté et de l'ordre.

Ainsi la propretécomme hygiène semble une condition sine qua none de la culture comme le montre l'étonnement dont nous sommessaisis lorsque nus apprenons la mauvaise odeur que dégageait le corps de Louis XIV.

Il y a là en effet un exempleintéressant en ce qu'il implique aux yeux de Freud une contradiction : Louis XIV est l'homme qui a voulu cette perlede la culture qu'est le château de Versailles, mais il n'avait aucun précepte d'hygiène moderne.

Et notreintériorisation de cette condition de la culture qu'est la propreté se marque à notre absence d'étonnement « siquelqu'un va jusqu'à ériger l'usage du savon en étalon de la culture._ En ce sens l'hygiène et l'exigence d'ordre semblent constituer le domaine de l'utile sans pour autant s'y réduirepuisque cette exigence comporte toujours une part de gratuité et même pourrait-on dire de sens esthétique.

L'ordreest en effet utile en « ce qu'il permet à l'homme une meilleure utilisation de l'espace et du temps tout en ménageantses forces psychiques » : il est vrai que les tâtonnements et les hésitations nous fatiguent en nous faisant perdrenotre temps; ainsi l'exigence d'ordre est une fonction économique en tant qu'il nous permet de disposer de moyensen vue du meilleur résultat.

Par conséquent « beauté propreté et ordre occupent manifestement une positionparticulière parmi les exigences de la culture ».

Conclusion : Les critères distinctifs qui permettent de reconnaître la culture sont donc selon Freud la beauté, la propreté etl'ordre.

Les conditions constitutives de la culture ne se réduisent pas au domaine de l'utile où s'inscriraient lapropreté et l'ordre, mais comprennent également l'exigence de beauté inutile dans la production d'œuvres d'art.

Ilnous faut cependant pour conclure remettre en cause l'européocentrisme de Freud qui a tendance dans cet extraità confondre la culture qui est l'institution d'un monde humain avec une culture donnée, la nôtre.

Or cette confusionaurait pour conséquence inacceptable d'exclure de la culture certaines cultures qui ne répondraient pas auxexigences énoncées par Freud : l‘exigence d‘hygiène par exemple n‘est en effet partagée que depuis une époquetrès récente par une minorité de cultures données.

Il conviendrait donc de prendre conscience que dans ce texteFreud en croyant parler de la culture parle surtout de sa propre culture occidentale, qui n'en étant qu'une parmid'autres, ne peut prétendre déterminer par sa propre détermination particulière ce qu'est la culture elle-même. FREUD (Sigmund). Né à Freiberg (Moravie), en 1856, mort à Londres en 1939. Agrégé de neuropathologie en 1885, il suivit à Paris les cours de Charcot et s'intéressa à l'étude de l'hystérie.

Ilfonda en 1910 l'Association Psychanalytique Internationale.

Il fit une série de cours aux États-Unis, devintprofesseur et, en 1920, professeur extraordinaire à l'Université de Vienne.

Il dut quitter l'Autriche en 1938.

-L'apport incalculable de Freud à l'histoire de la pensée consiste dans la création de la psychanalyse, qui est à la foisune psychothérapeutique, une « psychologie abyssale» exploratrice de l'inconscient et une théorie psychologique.

-Les composants psychiques de la personnalité sont : le moi, le ça et le surmoi.

L'inconscient est un systèmestructuré, qui se révèle par les rêves, les actes manqués.

Freud a insisté sur le rôle de la sexualité dans les conflitsde l'inconscient, les refoulements et les complexes.

Freud a eu l'immense mérite d'écarter« la dangereuse psychosede la dissimulation ». Oeuvres principales : Etudes sur l'hystérie (en coll.

avec Breuer, 1895), La science des rêves (1900), Psychopathologie de la vie quotidienne (1904), Trois essais sur la théorie de la sexualité (1905), Totem et Tabou(1913), Au-delà du principe du plaisir (1920), Psychologie des masses et analyse du Moi (1921), Le Moi et le Soi(1923), Inhibitions, symptômes et angoisses (1926), Le malaise de la civilisation (1930), Leçons d'introduction à lapsychanalyse (1932), Moïse et le monothéisme (1939).. »

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