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Si la philosophie remet en cause l'ordre établi est-elle pour autant dangereuse ?

Publié le 27/02/2005

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philosophie

CAUSE (lat. causa, cause, raison, motif)

Gén. Ce qui produit un effet. Théorie des quatre causes. Aristote distingue différents types de causes. Si l'on considère, par ex., une maison, les matériaux qui la composent sont sa cause matérielle. L'activité des artisans qui s'est dispensée dans la construction constitue bien une autre cause qu'Aristote appelle cause efficiente, mais ni la Cause matérielle (de la pierre on peut faire une colonne aussi bien qu'autre chose) ni la cause efficiente n'expliquent ce qu'est cette maison particulière. Cette construction doit ce qu'elle est à l'opération de l'architecte qui constitue sa cause formelle. Or, la cause formelle porte avec elle le but visé, ou cause finale : réaliser tel domicile. La cause finale permet donc d'expliquer ce qu'est une chose, ce qui fait qu'elle est ce qu'elle est, autrement dit sa nature. Épist. En science, on dit d'un événement A antécédent à un événement B qu'il en est la cause lorsqu'on pose que l'existence de A entraîne nécessairement celle de B.

PHILOSOPHIE (gr. philo, désirer; sophia, savoir) Étymologiquement, « amour de la sagesse ». Cependant, la sagesse n'étant qu'un art de vivre, la définition commune de la philosophie comme sagesse" est critiquable. En effet, sophia désigne en fait moins un savoir empirique adapté à la conduite de la vie qu'un savoir abstrait. En ce sens, la philosophie est essentiellement élévation de la pensée, théoria, contemplation. Cependant, comme l'indique l'allégorie de la caverne de Platon, le philosophe ne quitte le monde sensible que pour y redescendre, puisqu'il lui revient de gouverner la cité idéale. S'il s'agit de s'exercer à l'abstraction, il faut ne pas s'y perdre. Or, si la philosophie ancienne reste encore marquée par l'opposition de la contemplation (théoria) et de l'action (praxis"), la philosophie moderne est plutôt soucieuse d'abolir cette distinction, comme le signale le projet cartésien de « nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature ». Elle cesse alors d'être un savoir désintéressé pour se mettre au service de la construction d'un monde régi par la science". Du coup, elle risque ou bien de devenir une spécialité comme les autres, ou bien, refusant cette spécialisation, de passer pour une activité dilettante réservée à quelques dandys de la pensée. Telle est l'aporie du philosophe contemporain : rester un généraliste sans sombrer dans l'insignifiance. Dès lors, pour éviter ce piège, la philosophie doit affirmer son sérieux par la prudence d'un jugement née de l'accumulation du savoir. Elle devient ainsi histoire de la philosophie, non pas connaissance érudite des doctrines, mais plutôt éveil de la pensée à elle-même à partir de ce qu'ont pensé les autres. Le développement de la philosophie peut alors se comprendre comme celui de la vérité à travers les différents moments nécessaires à son déploiement. Cette définition dialectique, proposée par Hegel, permet de saisir la nécessité rationnelle qui gouverne l'histoire de la philosophie : le philosophe est fils de son temps, et comme ceux d'hier, il lui revient de répondre aux besoins de son époque. La philosophie ne se réduit donc pas à ses oeuvres qui sont comme les tombeaux de la philosophie passée : elle est essentiellement vivante dans l'activité présente de penser, qu'exprime magnifiquement tout enseignement où le maître, à la manière de Socrate, requiert la participation du disciple.

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