Devoir de Philosophie

Sens et langage.

Publié le 09/11/2009

Extrait du document

langage

C'est d'abord aux mots, au langage, à la parole, que l'on songe lorsque l'on a à parler du sens. Vous qui lisez ces lignes, vous avez affaire en permanence à un sens. Il n'est pas étonnant, par conséquent, que les linguistes se proposent comme les spécialistes du sens,... et du sens du sens !  Les théories linguistiques sont nombreuses et divergentes. Nous nous contenterons de notions simplifiées, et avant tout de quatre paires de concepts : 1) le signifiant et le signifié ; 2) le signe et le sens ; 3) dénotation et connotation ; 4) langage et paralangage.    1 — Signifiant et signifié. Il semble que ce soit pour le plaisir de compliquer les choses que les linguistes ont appelé « signifiant « ce qui justement ne signifie rien. Il faut dire, à leur décharge, que ce rien est une instance de sens ; il ne signifie pas encore quelque chose. Le signifiant est un son (s'il s'agit du langage parlé), les couleurs (s'il s'agit d'un dessin en couleur), les caractères d'imprimerie et la mise en page (s'il s'agit d'un texte écrit). «Lan « est un signifiant, par exemple, et il deviendra « signifié « (il prendra un sens) selon sa position et son contexte, comme dans les phrases telles que « Il s'approche à pas lents «, ou « L'envie lui vint de se balancer «.  En entendant un signifiant tout seul, vous avez une certaine quantité de signifiés possibles. Le signifié est donc le sens s'ajoutant au signifiant. Il n'y a pas de signifié sans signifiant. Les couleurs et le papier deviennent un signifié lorsqu'elles s'organisent et se disposent pour constituer un tableau ou un dessin, dans un ensemble de rapports spatiaux qui, lui, fait apparaître un sens.

langage

« 3 — Dénotation et connotation.

Justement les poètes ont tendance à ne pas prendre les mots dans le sens strict du dictionnaire, et pour chacun de nous des significations personnelles s'ajoutent au « sens officiel » des mots etparfois les supplantent. La dénotation d'un mot est la liste des sens admis et codifiés.

Les homonymes (même mot mais à sens divers, ex.livre — le livre, la livre sterling, la livre de 500 grammes, livre du verbe livrer) se distinguent par leur dénotationdifférente.

Les synonymes (même sens mais à des mots différents, ex.

demeurer, habiter, loger) ont une dénotationapproximativement la même. La connotation est l'ensemble des significations qui ne sont pas dans le dictionnaire, soit qu'elles représentent desassociations d'images subjectives et toute une frange d'impressions vécues (ex.

le mot sang éveillera des imageslatentes différentes selon les individus, ou même un mot banal comme chat), soit qu'elles représentent un sous-code commun à un groupe (ex.

« chiader » en argot étudiant, ou même un mot qui a par ailleurs une dénotationclaire comme « pomper » et qui, en milieu étudiant, a une connotation admise), soit enfin qu'elles représentent unsystème de valeurs de référence, une conception du monde (ex.

le mot « durée » chez Bergson, le mot « classe »chez Marx). 4 — Langage et paralangage.

On appelle paralangage toute communication non-verbale, c'est-à-dire l'ensemble des signes, postures, mimiques, ton de la voix, regards, mouvements des segments du corps, gestes, etc.

quisignifient à leur manière ou qui transmettent un « message ».

à côté du contenu du discours (ou communicationverbale). Habituellement le paralangage accompagne (au sens musical) le langage, en souligne les effets, en renforce le sens,et il est alors « congruent » ou « accordé ».

Dans d'autre cas, il se manifeste tout seul et, en lui-même, porte latotalité du sens (c'est dans l'art du mime qu'on l'apprécie le plus, mais lorsque vous avez à vous faire comprendred'un étranger dont vous ne parlez pas la langue, vous multipliez le paralangage). Dans d'autres cas, enfin, il y a discordance entre le langage et le paralangage (ainsi quelqu'un pâle et tremblantpeut affirmer verbalement qu'il n'a pas peur).

On peut dire des « vacheries » avec un sourire aimable, et desamabilités toutes verbales avec un paralangage de mépris ou de défi. D'une manière générale le paralangage a 3 à 4 fois plus d'importance que le contenu verbal (ce que le bon senspopulaire a traduit dans le dicton « la façon de donner vaut plus que ce qu'on donne »), et il exprime la qualité de larelation inter-humaine vécue, alors que le langage (le contenu verbal) concerne la communication intellectuelle desidées ou des sentiments. C'est d'ailleurs pourquoi, dans deux cas extrêmes, le contenu intellectuel des échanges n'ayant aucune importanceparce que seul compte l'être-ensemble, il n'y a plus de contenu intellectuel du tout : c'est le cas de la «communication idyllique » qui se satisfait du silence à deux, c'est le cas aussi, à l'autre extrême, de « la palabre »où l'on parle à loisir pour ne rien dire. Conclusion.

Le fait que le sens des mots, dans la dénota lion, soit quasi fixé à une époque donnée,...

le fait que l'orthographe soit codifiée,...

le fait que « le système de la langue » ne soit pas quelconque, qu'il y ait des règles,une grammaire et une syntaxe,...

apparaissent à certains comme des contraintes insupportables, et allant jusqu'aubout de leur idée, ils veulent libérer le locuteur du carcan du langage. Mais comme nous l'avons vu en parlant du langage, le système des échanges réglés permet de communiquer et il estévident que plus personne ne comprendrait personne si chacun décidait des signes et des sens par la grâce de sonarbitraire personnel. Par contre le fait qu'il y a — et qu'il y a eu — des poètes, des penseurs, des philosophes, des tribuns, des orateurs,des romanciers, et des créateurs de toutes sortes, apportant des idées neuves et même des mots nouveaux,prouve que l'acte de donner un sens appartient bien à l'Homme et qu'il peut le faire en se servant des signes, descodes, des sens lexicaux comme autant de moyens d'expression de sa pensée, en ayant de surcroît la possibilité,grâce à la relative systématisation formelle de ces moyens, de communiquer sa pensée.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles