Devoir de Philosophie

Satisfaire ses désirs, est-ce être libre ?

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

Une des questions les plus importantes que soulève le thème du désir est sans nul doute en rapport avec la liberté et le bonheur, l'homme souhaitant par tous les moyens accéder a cet état. Il s'agit tout d'abord d'introduire la notion de liberté. La liberté au sens primitif s'oppose à l'esclavage et se définit alors négativement comme absence de contrainte extérieure. On appelle ordinairement liberté physique le fait d'agir sans entrave ou de suivre spontanément les lois correspondant à sa nature propre comme le fait une plante qui se développe sans tuteur. Appliquée à l'homme, cette expression semble inadéquate sauf à désigner strictement la possibilité matérielle de faire. Car, pour qu'un homme soit libre, il faut non seulement qu'il puisse matériellement, mais encore qu'il veuille : l'homme peut toujours s'interdire à lui-même de faire ce qu'il peut faire. « Etre libre », c'est alors l'état d'un être qui se décide après réflexion, en connaissance de cause, qu'il fasse le bien ou le mal.

« Ceux qui dominent n'ont pas intérêt à changer l'ordre du monde, ni ses structures ni le monde en lui-même.

Or ceux-là ont très tôt compris que c'est le désir qui pousse à changer le monde, généralement pour plus de liberté.

C'estpourquoi ce sont ceux qui ne veulent pas changer le monde, qui conseillent (dans le meilleur des cas) de vaincre lesdésirs.

Le désir est censuré et remplacé par des valeurs comme la chasteté, qui nie le désir sexuel.

Briser les désirsest le meilleur moyen de défense de la classe supérieure, qui bénéficie de l'ordre social en place.

Mais quand lesdésirs sont trop forts, le monde, en l'occurrence l'ordre social, change, l'espoir étant à ce moment toujours lemême : celui de la liberté. Le désir apparaît donc comme une force, une source d'énergie pour l'homme, il lui donne la liberté de poser ses fins,de choisir de quoi sera fait demain, en un mot c'est ce qui lui permet d'exister en homme heureux (et libre).

L'hommelibre, a donc des désirs qui lui permettent d'être reconnu en tant qu'homme, « être de désir » qui a le pouvoir dechoisir s'il va décider ou non d'engager un processus qui le mènera à une éventuelle satisfaction du désir.

Noussavons que là où est le désir se trouve aussi la déception, que là où seul le désir donne un sens, est aussi l'ennui quinous laisse las et sans désir.

Nous croyons que notre vie sera accomplie quand...

et de ce fait nous vivons de nosattentes, c'est pourquoi le désir peut être aussi un obstacle à la liberté. Etre libre signifierait alors satisfaire « tous mes désirs ».

Accomplir tous mes désirs serait les satisfaire sansexception, sans relâche, au fur et à mesure qu'ils apparaissent.

Or ne s'agit-il pas là d'un processus sans fin ? Undésir en engendrant un autre et ainsi de suite ? Ne nous interdit-il pas alors l'accès à toute sérénité, ne nousempêche-t-il pas de nous tenir dans les paisibles limites du bonheur ?Platon compare le désir au tonneau des Danaïdes.

Selon la mythologie, les Danaïdes ont été condamnées à remplird'eau un tonneau percé.

De la même façon que le tonneau ne sera jamais rempli, le désir n'est jamais satisfait.

Àpeine accompli, il renaît car de la satisfaction passée naît le regret qui est nouveau désir.

En ce sens, accomplirtous ses désirs n'est nullement une recette de bonheur.

Celui qui choisirait cette règle de vie serait sans cesse enmouvement, incapable d'atteindre la sérénité de l'âme que suppose le bonheur.

Épicure décrit de même le plaisir enmouvement, toujours en quête, jamais satisfait, obstacle à l'ataraxie, absence de trouble de l'âme, seul compatibleavec la béatitude.

La liberté ne saurait être la somme de satisfaction de tous les désirs car cette satisfactioncomplète et totale n'existe jamais.

Et dans Gorgias, Platon montre qu'une vie réglée « contente et satisfaite de ceque chaque jour lui apporte » est préférable à une existence inassouvie et sans frein.

Les gens tempérants sontplus heureux que les incontinents.Il faut ajouter que la psychanalyse nous a montré que le désir est fantasme et que nous embellissons l'objet denotre désir.

Dans ces conditions sa satisfaction est souvent décevante.Le désir peut nous faire attribuer des valeurs aux personnes ou aux objets, lesquelles valeurs ne sont pas objectiveset ne découlent pas de la pensée, c'est-à-dire plus clairement que le désir entraîne des préjugés.

Dans ce cas,puisque le désir peut influer sur notre raisonnement, la pensée n'est pas entièrement libre dans la mesure où unecontrainte extérieure à elle-même contrarie sa progression.

Le désir que l'on porte sur quelqu'un ou sur quelquechose sera bien sûr faussé si on désire cette personne ou cet objet, car il n'y a plus de distance critique, le désirtendant à nous faire nous rapprocher de ce qui est désiré.

Or, si le désir est vaincu, les valeurs que l'on attribuealors aux personnes ou aux objets deviennent celles que la pensée a reconnues de façon objective.

Le désir estbien une entrave à la liberté de la pensée.

A titre d'exemple, si l'on éprouve un désir de richesse, on portera sur lespersonnes qui représentent l'accomplissement de ce désir un jugement irrationnel (on les enviera, ou on lesjalousera), ce jugement sera en tout cas différent de celui qu'exerce naturellement la pensée libérée de toutecontrainte.

La modération donne donc le sens de la précaution à l'égard d'autrui.

Sans abolir la nécessité du désir,elle le rend compatible avec le souci de conserver la qualité de la relation avec l'autre, ce qui est aussi vertu.L'homme modéré est celui qui apprend à être prudent.

C'est cette égalité qui assure la paix de l'âme devant le coursdes choses, si bien que le contentement n'est plus le résultat d'une restriction du désir.

Il est sur le chemin de laréalisation du désir, mais d'un désir qui a été éduqué par le sens exact de l'acceptation de la réalité. Se donner pour règle de satisfaire tous ses désirs, serait donc se condamner à une vie de souffrance.

Lamultiplication des désirs engendre l'insatisfaction, le dégoût et l'ennui.

Et à partir de là renoncer à ses désirs ou dumoins changer ses désirs devient des plus raisonnable. Faut-il alors renoncer à tous ses désirs ? C'est cette solution que préconise Schopenhauer.

Selon lui, tout dansl'univers (les êtres vivants comme les forces chimiques ou physiques) est animé de volonté.

On pourrait rétorquerque la volonté n'est pas le désir, sauf que chez Schopenhauer la volonté n'a rien à voir avec le libre-arbitre mais estune puissance aveugle de vie, sans fondement et surtout sans finalité.

Aux yeux de Schopenhauer, l'homme estesclave du désir et oscille entre la souffrance (quand le désir est encore insatisfait) et l'ennui (après lasatisfaction).

La souffrance est alors notre condition.La sagesse antique, dans sa recherche du bonheur, est moins radicale.

La position stoïcienne nous engage àdistinguer ce qui dépend de nous de ce qui n'en dépend pas.

Il faut, non pas accomplir tous ses désirs, mais réglerses désirs.

Le principe est de suivre la raison et d'accorder notre vouloir à notre pouvoir.

Dépendent de nous notrepensée, notre vouloir, notre attitude face au monde.

Ne dépendent pas de nous l'ordre naturel des choses et l'ordresocial.

Déterministe, le stoïcien pense que la liberté d'action est vouée à l'échec.

Désirer changer l'ordre du mondene peut que nous rendre malheureux.

En revanche, vouloir l'ordre des choses, c'est être assuré de voir ses désirstoujours se réaliser, s'intégrer activement à l'ordre du monde et, en fin de compte, trouver le bonheur.

Il s'agit, aufond, de n'avoir que des désirs raisonnables.

On peut penser à l'épisode du Petit Prince de Saint-Exupéry où il estquestion d'un roi qui n'a que des désirs raisonnables et qui voit donc toujours se réaliser tous ses désirs.

Il faut ainsirégler le désir lui-même, ne désirer que ce qui est possible, que ce qui peut effectivement se réaliser.Selon une autre optique mais restant dans une position naturaliste, Épicure dans « La lettre à Ménécée » suggère. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles