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Sartre et la liberté

Publié le 08/05/2005

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sartre
Me voilà tuberculeux par exemple. Ici apparaît la malédiction (et la grandeur). Cette maladie, qui m'infecte, m'affaiblit, me change, limite brusque-ment mes possibilités et mes horizons. J'étais acteur ou sportif : [...] je ne puis plus l'être. Ainsi négativement je suis déchargé de toute responsabilité touchant ces possibilités que le cours du monde vient de m'ôter. C'est ce que le langage populaire nomme être diminué. Et ce mot semble recouvrir une image correcte : j'étais un bouquet de possibilités, on ôte quelques fleurs, le bouquet reste dans le vase, diminué, réduit à quelques éléments. Mais en réalité il n'en est rien : cette image est mécanique. La situation nouvelle quoique venue du dehors doit être vécue, c'est-à-dire assumée, dans un dépassement. Il est vrai de dire qu'on m'ôte ces possibilités mais il est aussi vrai de dire que j'y renonce ou que je m'y cramponne ou que je ne veux pas voir qu'elles me sont ôtées ou que je me soumets à un régime systématique pour les reconquérir. En un mot ces possibilités sont non pas supprimées mais remplacées par un choix d'attitudes possibles envers la disparition de ces possibilités. SARTRE

L'homme est totalement libre de choisir sa vie. Il est projet. Quelles que soient les circonstances de la vie, l'homme doit assumer sa liberté: il est toujours ce qu'il fait concrêtment. La responsabilité de l'homme est absolue.

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« la situation nouvelle, quoique venue du dehors doit être vécue, c'est-à-dire assumée, dans undépassement »Ce changement de situation, apporté par la maladie, est venu de l'extérieur.

Mais je ne dois pas le vivreextérieurement.

Je dois au contraire l'accepter en toute conscience, accepter de le prendre en charge.

C'estainsi que je continuerai à vivre libre et responsable, conscient que « ces possibilités sont non passupprimées mais remplacées par un choix d'attitudes possibles envers la disparition de ces possibilités ».

Jesuis ce que je choisis de me faire. QUESTION 3 • Les circonstances de la vie conditionnent-elles la liberté ? Développez et argumentez votre réponse.Pour Sartre, tout ce qui m'arrive me laisse entièrement libre : je suis libre d'être triste ou gai, misérable,toutes les possibilités sont là.

Cette doctrine sartrienne de la liberté implique une lucidité radicale sur sonpropre sort, et ne laisse donc aucune place à un éventuel bouc émissaire : «c'est la faute à» ne fait paspartie de la conception de l'homme de Sartre.

Je suis, affirme Sartre, toujours responsable de ce que je suis.Je ne peux accuser personne d'autre que moi-même de l'état dans lequel je me trouve.

Sartre a donc uneconception extrêmement exigeante de la liberté.

Il n'y a nulle part de chemin tout tracé : l'homme doitinventer sa route, débroussailler sa vie à l'aide de sa seule liberté.

L'homme devient créateur de lui-mêmedans un monde où Dieu a disparu.

Il n'y a plus aucun alibi.

Quelles que soient les circonstances, je suistoujours libre de choisir.

Affirmer le contraire, c'est de la mauvaise foi.Cette conception est salutaire en ce sens qu'elle engage totalement la liberté de chaque individu.

Tropsouvent, celui-ci a tendance à rejeter sur les autres ou sur les circonstances actuelles ses mesquineries,ses impuissances, ses lâchetés.

Il est vrai que l'homme est prompt à chercher des coupables partout où ilsne se trouvent pas et jamais effectivement en lui-même.

Cette doctrine est salutaire en ce sens qu'elle nelaisse aucun échappatoire à l'homme.

Elle fait appel à son énergie et à son activité.On peut cependant se demander si cette doctrine existentialiste ne fait pas une part trop belle à liberté etau choix.

Car elle postule que nous sommes entièrement responsables de ce qui nous arrive, comme si nousavions voulu toutes ces choses qui nous arrivent.

Il semble que Sartre fasse bon marché de toutes lescontraintes qui s'imposent à nous.

Par exemple, sommes-nous libres d'appartenir à telle classe sociale plutôtqu'à telle autre ? libres de choisir ce métier ? Oserons-nous parler de liberté radicale aux chômeurs ?Nos habitudes de vie, notre style de penser, de nous représenter le monde, font-ils l'objet d'un choixdélibéré ? Sartre a toujours rejeté la psychanalyse qui nous a pourtant appris que notre vie consciente, libreet responsable, est une petite partie de notre psychisme.

L'inconscient règne avec ses pulsions,incontrôlables par la conscience.

On peut aussi penser, comme Spinoza, que la liberté est une illusion. SARTRE (Jean-Paul). Né et mort à Paris, en 1905 et 1980. Il fait ses études au lycée Henry IV.

Elève de l'Ecole Normale supérieure de 1924 à 1928, il fut reçu premier àl'agrégation de philosophie, en 1929.

De 1931 à 1944, il fut professeur de lycée.

Il demanda et obtint un congé en1945.

- La pensée de Sartre est influencée par Hegel, Husserl et Heidegger.

Ses premières recherchesphilosophiques ont porté sur l'imaginaire et l'imagination, qui consiste à se rendre présent un objet tenu pour absent.« L'acte d'imagination est un acte magique : c'est une incantation destinée à faire apparaître la chose qu'ondésire.» — La liberté se traduit par le retrait, c'est-à-dire la capacité de voir, dans ce qui est, ce qui n'est pas.

Laconscience, qui est liberté et intentionnalité, est néantisation.

« La néantisation est l'acte par lequel la consciencese libère de l'en-soi en le pensant...

Le pour-soi surgit comme néantisation de l'en-soi.

» Sartre définit ainsi l'en- soi: « Il faut opposer cette formule : l'être en soi est ce qu'il est, à celle qui désigne l'être de la conscience (le pour-soi) : celle-ci en effet a à être ce qu'elle est...

L'être en-soi n'a pas de dedans qui s'opposerait à un dehors...

L'en-soi n'a pas de secret : il est massif.» L'en-soi désigne souvent, pour Sartre, la réalité matérielle.

Sa définition dupour-soi : « Le pour-soi, c'est l'en-soi se perdant comme en-soi, pour se fonder comme conscience.

» — Le pour-soiest une manière pour l'en-soi d'être sur le mode du non-être.

L'existence de la conscience porte témoignage del'existence des choses.

La conscience est fascinée par ce qu'elle connaît :« son être est de n'être pas ce à quoi elleest présente.

» — « Le pour-soi est pour autrui.

» Sartre analyse l'autre et en rend compte par le trouble et larésistance qu'il provoque en nous.

Il définit : « Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire le moi qui n'est pas moi.

» Ladécouverte de l'autre est un conflit, où les deux parties se posent toujours, l'une comme sujet, l'autre comme objet.Il n'y a jamais deux sujets face à face.

« L'enfer, c'est les autres.

» — Son analyse du projet conduit Sartre à posercomme termes synonymes : être et faire.

Pour lui, l'existence précède l'essence.

— Telle est, succinctement etterminologiquement exposée, une doctrine qui est encore en plein accomplissement.. »

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