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SARTRE: Choix et universalité

Publié le 18/03/2009

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Quand nous disons que l'homme se choisit, nous entendons que chacun d'entre nous se choisit, mais par là nous voulons dire aussi qu'en se choisissant il choisit tous les hommes. En effet, il n'est pas un de nos actes qui, en créant l'homme que nous voulons être, ne crée en même temps une image de l'homme tel que nous estimons qu'il doit être. Choisir d'être ceci ou cela, c'est affirmer en même temps la valeur de ce que nous choisissons, car nous ne pouvons jamais choisir le mal ; ce que nous choisissons, c'est toujours le bien, et rien ne peut être bon pour nous sans l'être pour tous. SARTRE

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  • A. Idée centrale du texte

Jean-Paul Sartre souligne, dans ce texte, la dimension universelle de tout choix humain.

Loin de se limiter à notre stricte individualité et de ne renvoyer qu'à notre sphère personnelle, chaque choix et chaque acte apparaissent comme des affirmations de valeur et de bien valables pour tous, et non point seulement pour moi. A travers eux, je pose une référence à l'humanité entière, et en me définissant, je la définis également.

  • B. Articulations du texte

Le texte de Sartre contient trois parties principales : la première (« Quand... tous les hommes «) énonce la thèse de Sartre, les deux autres (« en effet... il doit être « et « Choisir... pour tous «) constituant la démonstration de cette thèse.

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« Cette valeur renvoie au bien - Ce choix du bien suppose une universalité), articulations qui conduisent à souligner laprogression et la rigueur du raisonnement de Sartre. 2.

Comment comprenez-vous «se choisir?» Que veut dire Jean-Paul Sartre quand il écrit: nous ne pouvonsjamais choisir le mal»? A.

Comment comprenez-vous «se choisir»? «Se choisir», c'est donner, en nous, au sein de notre personne, la préférence à telle ou telle possibilité, en écartant les autres possibilités.

Ce verbe possède, en fait, ici, un contenu spécifique qu'il faut mettre en rapport avec laphilosophie de Sartre.

Faire un choix, choix qui porte sur sa personne, sur soi-même (se choisir), opter pour certaines virtualités, c'est faire venir à l'être ce qui, probablement, n'avait pas d'essence.

En effet, dans laphilosophie de Sartre, l'existence, le fait de surgir dans le monde et d'y construire sa figure, précède l'essence, àsavoir ce que nous sommes, l'ensemble de nos déterminations.

Ainsi «se choisir», c'est-à-dire opter pour un certaintype de construction de notre personne, adopter telle ou telle forme de la subjectivité humaine, c'est façonnerlibrement notre image puisqu'il n'y a pas d'essence ou de nature préétablies. Tel nous semble être le sens profond de la formule «se choisir», qui renvoie à la décision et à la constructiontotalement libres de l'homme par lui-même. B.

Que veut dire Jean-Paul Sartre quand il écrit : «nous ne pouvons jamais choisir le mal»? De quel mal peut-il s'agir dans le contexte de la phrase? Ce terme de mal possède de multiples connotations : cepeut être le mal physique, tout ce qui nous affecte physiquement.

Mais cette signification n'a guère de sens dans lecontexte.

Il peut s'agir aussi du mal métaphysique (l'imperfection du réel), mais cette imperfection ne nous concernepas ici.

Enfin, le mal peut désigner le mal moral, comme fait déraisonnable et nuisible résultant d'une action humaineet entraînant le démérite.

Il est clair que cette dernière acception s'impose dans le contexte. Quand au verbe pouvoir, il a, ordinairement, soit une connotation de possibilité, soit celle de légitimité. La phrase peut signifier : nous n'avons jamais la possibilité d'opter pour ce qui est nuisible; mais son véritable sens,dans le contexte sartrien, apparaît comme le suivant : il n'est pas légitime, pour nous, d'opter pour ce qui estdéraisonnable et qui entraîne le démérite. Jean-Paul Sartre souligne donc ici que nul choix n'est choix d'une faute.

Toute décision suppose la référence à unevaleur universelle enveloppant le bien et nous engageant vis-à-vis des autres hommes. 3.

Sous forme d'essai personnel, vous discuterez la valeur de cette thèse de Sartre: «en se choisissant(chacun d'entre nous) choisit tous les hommes» Dans cette formule, que veut dire, exactement, Sartre? Quand nous optons pour un certain type de construction denotre personne, pour telle ou telle forme de subjectivité, tout se passe comme si notre choix n'engageait passeulement notre individualité, mais supposait une référence à la totalité de l'humanité.

Quand je m'engage dans unacte où je me construis et où je m'édifie (et tous mes actes m'édifient) alors quelque chose d'exemplaire surgit dansmon choix.

Pour tout homme, apparemment, les choses se passent comme si toute l'humanité avait les yeux fixés sur ce qu'il fait et se réglait sur ses actes.

En somme, dans chaque décision, j'opte pour la totalité du genre humain. Que vaut cette thèse? On remarquera deux éléments de base qui, a priori, peuvent paraître contestables oudiscutables : tout d'abord la référence psychologique à une humanité se réglant sur nos actes.

En second lieu, laréférence éthique (quasi kantienne) à un critère universel.

On sait que Kant voyait dans le devoir un énoncéuniversel (Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être universalisée).

Il peut paraître étrange de voirréintroduit, chez un philosophe moderne, le sévère devoir kantien.

Pourquoi réinsérer l'obligation kantienne (tu dois)dans une philosophie de la liberté comme celle de Sartre? Ainsi, d'une part, la dimension psychologique du problème peut sembler contestable et, d'autre part, le kantisme deSartre peut nous laisser perplexes.

N'est-il pas arbitraire de dessiner ainsi l'acte humain et la responsabilité qu'ilimplique? Néanmoins, à bien considérer ce qui figure dans cet énoncé, dans sa dimension à la fois psychologique etmorale, nous sommes renvoyés à des éléments vrais et intéressants. Tout d'abord, sur le plan psychologique, on remarquera que, dans un nombre de cas très élevé, nous nous disonseffectivement: j'ai une responsabilité directe vis-à-vis des autres hommes et l'humanité a (un peu) les yeux fixés surce que je fais.

Tout se passe comme si ce droit de regard étrange existait.

Si nous ne faisons pas toujours cetteremarque, c'est, peut-être, parce que nous chassons l'angoisse liée au choix universel : cette angoisse del'universalité est dure à supporter. En second lieu, du point de vue éthique, si nous répudions le critère kantien d'universalité, quel critère possèderons-nous? Kant, dans sa morale, nous a fourni le seul critère valable d'un acte, du point de vue éthique.

Et si tout le monde en faisait autant? Sartre retrouve dans ce texte le seul critère qui puisse nous faire échapper à une action absurde.

Je refuse de travailler : mais si tous en faisaient autant, l'humanité périrait! Ainsi, dans ce choix, il y a«tous les hommes», qui sont tous concernés.

Dès lors, l'universalité de mon acte me fait bel et bien buter sur une. »

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