ROUSSEAU: Inégalité naturelle et inégalité politique
Publié le 08/05/2005
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QUESTIONNEMENT INDICATIF • Pour quelle raison l'une des « deux sortes d'inégalités« est appelée par Rousseau ? — Que signifie ici exactement « naturelle « ? — En quoi peut-il apparaître à Rousseau que « la différence... de la santé, des forces du corps et des qualités de l'esprit ou de l'âme « est « établie par la nature « ? Qu'en pensez-vous ? • Pour quelle raison Rousseau dit-il qu'« on ne peut demander quelle est la source de l'inégalité naturelle « ? • Pour quelles raisons l'autre sorte d'inégalité est-elle appelée par Rousseau « inégalité morale ou politique « ? • Pour quelles raisons Rousseau dit qu' « on peut encore moins chercher s'il n'y aurait point quelque liaison essentielle entre les deux inégalités « ? — Quel est le sens du verbe pouvoir ici ? • Pourquoi la question dont Rousseau fait état « ne convient pas à des hommes raisonnables et libres, qui cherchent la vérité «? • Quelle(s) question(s) doivent — si l'on suit le raisonnement de Rousseau — poser des hommes raisonnables et libres à propos de l'inégalité ? • Quel est « l'enjeu « de ce texte ? Que pensez-vous de la façon dont Rousseau instaure sa problématique ? En quoi ce texte présente-t-il un intérêt philosophique ?
Il y a deux sortes d'inégalité, celle qui est naturelle et celle qui est morale ou politique. Faut-il étudier l'origine de la première ? Ce n'est pas Intéressant car on se trouve en présence d'une simple tautologie. Faut-il rattacher l'Inégalité politique à l'inégalité naturelle ? Non pas, car on ne saurait fonder l'inégalité politique sur l'inégalité naturelle. Ce raisonnement serait bon pour des esclaves. La structure du texte est ici très simple et correspond aux deux paragraphes. Le premier est simplement descriptif et montre en quoi consistent les deux Inégalités, l'une venant de la nature, l'autre de conventions humaines. La deuxième partie devra être l'objet d'un examen très attentif, car elle contient, d'une façon partiellement dissimulée dans la dernière ligne du texte, le point de vue de Rousseau : l'Inégalité politique doit faire l'objet d'un examen critique.
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humaines.
La deuxième partie devra être l'objet d'un examen très attentif, car elle contient, d'une façonpartiellement dissimulée dans la dernière ligne du texte, le point de vue de Rousseau : l'inégalité politiquedoit faire l'objet d'un examen critique.
BIBLIOGRAPHIE
ROUSSEAU, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, éditions de poche.
Le texte que nous devons étudier est un extrait du Discours sur l'origineet les fondements de linégalité parmi les hommes, de Jean JacquesRousseau.
Ce texte est la réponse proposée par lauteur des Confessions àla question proposée en 1753 par l'Académie de Dijon : « Quelle estl'origine de l'inégalité parmi les hommes et si elle est autorisée par laloi naturelle ? ».Dans la réponse donnée par Rousseau, ce dernier exposeque la première source du mal est l'inégalité et qu'il est nécessaire dene jamais séparer la morale de la politique si l'on veut comprendre luneet lautre.
La thèse centrale du texte de Rousseau a eu une influenceconsidérable sur l'histoire de la pensée : elle consiste à dire quelhomme est naturellement bon et que c'est avec la société qu'apparait lemal, mal qui s'identifie entièrement à l'inégalité.
A ce titre, l'extraitque nous avons à étudier s'occupe à opérer une distinction au sein duconcept d'inégalité.
A la manière d'un étudiant en philosophie rigoureux,Rousseau définit le terme central sur lequel va porter sa réflexion etprocède à une différenciation entre deux concepts : il y a dune partl'inégalité naturelle, et dautre part l'inégalité politique.
Après avoirexplicité ce quil entend par ces deux concepts, il s'interroge sur lapossibilité d'un lien entre lune et lautre, sur la possibilitéd'affirmer qu'il existe une connexion étroite et automatique entre lapremière inégalité et la seconde.
Cette possibilité est implicitementréfutée puisque Rousseau déclare que leffort pour déterminer sil existeun lien entre inégalité naturelle et inégalité politique nest proprequaux esclaves et non aux hommes libres.
Par conséquent, le problème aucoeur du texte est d'examiner, pour la réfuter aussitôt, l'opinion selonlaquelle il existe un lien direct entre inégalité naturelle et inégalitépolitique.
En accompagnant l'évolution du texte, nous procèderons donc àune étude en deux parties.
La première sera consacrée à l'étude de ladistinction opérée par Rousseau entre inégalité naturelle et inégalitépolitique.
La seconde sera dédiée à l'étude du lien, susceptible ou nond'être établi, entre l'inégalité naturelle et l'inégalité politique.
I.
Précision conceptuelle : l'inégalité se divise en inégalité naturelleet inégalité politique
« Je conçois dans l'espèce humaine deux sortes d'inégalité ; l'une quej'appelle naturelle ou physique, parce qu'elle est établie par la nature,et qui consiste dans la différence des âges, de la santé, des forces ducorps, et des qualités de l'esprit, ou de l'âme (?) ».
Au commencement de ce texte, Rousseau opère une distinction sur laquellesappuiera toute sa réflexion au cours du Discours, puisqu'elle porte surla notion centrale de ce dernier : l'inégalité.
Il s'agit dun momentcrucial de son argumentation, puisquil sagit dun moment définitoire àpartir duquel le reste de son argumentation sera construite.
Rousseaudistingue entre inégalité naturelle et inégalité politique.
Il précise leconcept d'inégalité naturelle en la qualifiant également de « physique ».En effet, ce type d'inégalité à ceci de particulier quelle est liée à lanature.
Pourquoi produire cette distinction ? Pour opérer un distinguoentre l'inégalité parmi les hommes dont leurs semblables ne sont pasresponsables avec celle que les hommes eux-mêmes ont créée, qu'ils ontinstituée.
En effet, l'inégalité physique est une inégalité comparativeentre les hommes dont l'origine est la nature elle-même.
Rousseau nous ditici quelque chose de fort simple, et dont nous faisons tous l'expérienceau cours de notre vie pourvu que nous nous comparions à nos semblables :tous les hommes ne naissent pas avec le même degré de force, de beauté,dintelligence, ni les mêmes qualités morales (vaillance, générosité?).
Ilsagit dune inégalité sur laquelle la puissance de la volonté delindividu lui-même na guère de prise (il peut à la rigueur s'embellirpar la cosmétique et la gymnastique, comme Platon l'aurait dit, mais nepeut guère agir sur la forme de ses traits, la taille de son corps) ; il.
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