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Rousseau et l'éducation

Publié le 08/05/2005

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rousseau
On façonne les plantes par la culture, et les hommes par l'éducation. Si l'homme naissait grand et fort, sa taille et sa force lui seraient inutiles jusqu'à ce qu'il eût appris à s'en servir ; elles lui seraient préjudiciables, en empêchant les autres de songer à l'assister ; et, abandonné à lui-même, il mourrait de misère avant d'avoir connu ses besoins. On se plaint de l'état de l'enfance ; on ne voit pas que la race humaine eût péri, si l'homme n'eût commencé par être enfant. Nous naissons faibles, nous avons besoin de force ; nous naissons dépourvus de tout, nous avons besoin d'assistance ; nous naissons stupides, nous avons besoin de jugement. Tout ce que nous n'avons pas à notre naissance et dont nous avons besoin étant grands, nous est donné par l'éducation. ROUSSEAU

L'éducation socialise l'homme: c'est grâce à l'éducation qu'il va développer ses potentialités.

Ce court texte de Rousseau comporte deux parties : • « On façonne... enfant « : ce premier paragraphe insiste sur la nécessité d'avoir été enfant avant que d'être homme, et cela au sens générique : il s'agit de l'enfance de l'humanité avant l'enfance individuelle. • « Nous naissons faibles... éducation « : l'état de nature ne permet pas de développer ce qui fait vraiment l'homme : sa raison perfectible.

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« – la première étape est le pur état de nature : l'homme y jouit d'un bonheur animal, sans pensées, sansavenir.

Il vit dans la solitude, sans conscience d'être un homme ;– la seconde étape surgit avec les obstacles : la nature, moins généreuse, l'oblige à développer sesfacultés.

Et surtout, des liens se créent entre les hommes ;– la troisième étape, celle de la « grande révolution », est due à un « hasard funeste » : la découverte del'agriculture et de la métallurgie qui va impliquer la division du travail, la propriété privée.

L'inégalité va sedéployer.

De cette décadence sortira un état de guerre généralisé ;– la quatrième et dernière étape assurera la survie grâce au pacte social.

L'état civil commence, et ce sontles lois humaines qui seront le garant de l'équilibre.Ainsi, la race humaine a dû apprendre, étape par étape, à se perfectionner, afin de mettre en acte ce quiétait chez elle virtuel : la raison, le langage, la morale.

Si l'humanité avait sauté les étapes, elle aurait péricar elle n'aurait pas su développer ses aptitudes.

Elle n'aurait d'ailleurs jamais su qu'existaient d'autreshommes, plongée dans sa solitude béate mais stérile.Être enfant signifie que l'on peut devenir adulte.

Certes, on perd l'innocence naturelle mais on « gagne » laconscience. QUESTION 3 (réponse rédigée) Pour être vraiment homme, il ne suffit pas de naître : il faut aussi recevoir une éducation, être formé,façonné comme l'écrit Rousseau.

Sans éducation, l'homme ne sait pas qu'il est homme : il se comporteanimalement, en suivant ses instincts.Le besoin est par définition un état de tension interne qui provoque la conscience d'un manque.

On distingue:– les besoins naturels primaires, indispensables à la survie (faim, soif, sommeil, sexualité) ;– les besoins naturels secondaires (tels le mouvement, la protection, l'affection) ;– les besoins culturels ou tendances acquises par le milieu social.Avoir besoin signifie ici « devoir, falloir ».

La question est donc double : pourquoi faut-il éduquer l'homme,c'est-à-dire quelle en est la nécessité ? et pourquoi doit-on éduquer l'homme, c'est-à-dire que signifie cedevoir d'éducation ?• Parlons de la nécessité d'éduquer l'homme.

La race humaine a progressé à travers l'histoire.

De même,chaque individu naît inculte.

D'ailleurs, un bébé abandonné dans la nature devient un enfant sauvage :rappelons-nous de la célèbre histoire de Victor de l'Aveyron, trouvé en 1799 et pris en charge par le docteurJean Itard.

Le cinéaste François Truffaut en a fait un très beau film : L'Enfant sauvage.

Le docteur Itard ditbien que Victor est « sauvage », c'est-à-dire inculte, mais non pas idiot.Il y a au départ une nécessité physique de survie : l'enfant a besoin d'être nourri, soigné.

Mais cela ne suffitpas à faire de lui un homme.

On naît humain, c'est-à-dire que l'on fait partie, biologiquement, de l'espècehumaine.

Mais on ne devient vraiment homme que par l'éducation.Lorsque l'enfant reçoit tous les soins nécessaires à sa survie et à son confort matériel, la famille, la sociétédoit pourvoir à son épanouissement intellectuel.« L'homme, dit Kant, est la seule créature qui doive être éduquée.

Par éducation on entend [...] les soins(l'alimentation, l'entretien), la discipline et l'instruction avec la formation.

Sous ce triple rapport, l'homme estnourrisson – élève – et écolier » (Réflexions sur l'éducation). • Quel est ce devoir d'éducation ?L'homme dispose de facultés naturelles qui ne peuvent se développer qu'avec l'aide d'autres hommes : ilpossède la raison, dès la naissance, mais une raison endormie.

Il sera alors éveillé à la conscience pard'autres hommes qui lui transmettront leur savoir.

Ces éducateurs jouent un rôle essentiel : d'eux, de leuréducation, dépend la société future.L'éducation est ainsi un art, un savoir-faire qui doit se perfectionner de génération en génération.

Elle doitdévelopper toutes les dispositions naturelles de l'homme : sa pensée, son langage, sa conscience, sonéthique.C'est pourquoi, lorsqu'on éduque un enfant, il faut le faire en envisageant le futur : c'est la seule façon dedonner à l'homme une dimension conforme à « l'idée de l'humanité et à sa destination totale » (Kant).L'homme a donc besoin d'éducation à la fois pour s'adapter au monde, grâce à l'expérience des plus âgés, etpour développer le plus possible ses aptitudes naturelles.

L'enfant sera un jour l'adulte qui, à son tour, vaélever, façonner d'autres enfants.

Et il leur transmettra ce qu'on lui a transmis.

C'est pourquoi, même si sonpenchant premier est de se laisser aller au bien-être, il faut que le maître, l'éducateur lui montre que sonhumanité et sa dignité consistent à élever sa raison, sa liberté, sa moralité.C'est parce qu'il est libre qu'il doit ensuite se cultiver lui-même.

Et ce travail ne sera compris que sil'éducateur a su en montrer la finalité : la culture doit ouvrir l'homme à la paix et à la morale. « L'éducation est beaucoup plus qu'une science : un acte de foi!» écrit judicieusement A.

Philonenko dansKant et le problème de l'éducation.Cette question : « Pourquoi l'homme a-t-il besoin d'éducation ? » est une question toujours d'actualité.

Lesnotions de citoyenneté, de respect, de civisme, etc., restent essentielles à inculquer pour faire de chacunde nous des personnes partenaires dans la société et non des individus juxtaposés, vivant « sauvagement »,en ayant perdu – puisque nous vivons irrémédiablement en société et que l'homme a toujours été un êtrecivilisé – la bonté naturelle du « sauvage ».L'éducation reste le pilier de la civilisation : la société imprègne les individus des valeurs qu'elle considère. »

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