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Rousseau: De l'origine de nos erreurs ?

Publié le 17/04/2009

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rousseau
« La première fois qu'un enfant voit un bâton à moitié plongé dans l'eau, il voit un bâton brisé: la sensation est vraie; et elle ne laisserait pas de l'être, quand même nous ne saurions point la raison de cette apparence. Si donc vous lui demandez ce qu'il voit, il dit: "Un bâton brisé", et il dit vrai, car il est très sûr qu'il a la sensation d'un bâton brisé. Mais quand, trompé par son jugement, il va plus loin, et qu'après avoir affirmer qu'il voit un bâton brisé, il affirme encore que ce qu'il voit est en effet un bâton brisé, alors il dit faux. Pourquoi cela? parce qu'alors il devient actif, et qu'il ne juge plus par inspection, mais par induction, en affirmant ce qu'il ne sent pas, savoir que le jugement qu'il reçoit par un sens serait confirmé par un autre. Puisque toutes nos erreurs viennent de nos jugements, il est clair que si nous n'avions jamais besoin de juger, nous n'aurions nul besoin d'apprendre; nous ne serions jamais dans le cas de nous tromper; nous serions plus heureux de notre ignorance que nous ne pouvons l'être de notre savoir. » Rousseau, Rousseau

Pour y répondre, ROUSSEAU avance la thèse suivante: pour lui, ce sont nos jugements qui sont à l'origine de nos erreurs. Ainsi, l'ignorance, qui ne nous donne pas la capacité de juger, nous empêche de commettre des erreurs, et on peut donc vivre heureux. Afin de défendre cette thèse, l'auteur utilise une stratégie argumentative particulière. Le texte est séparé en deux paragraphes qui ont deux fonctions différentes: dans le premier paragraphe, ROUSSEAU nous fait réfléchir sur l'origine de nos erreurs à travers un exemple simple qui illustre sa thèse, à savoir un enfant voyant un bâton plongé dans l'eau. L'auteur explique le raisonnement de l'enfant: c'est en quelque sorte la partie pratique. Ensuite, l'auteur reprend cet exemple en nous expliquant d'où vient l'erreur de l'enfant: c'est la partie théorique. Enfin, le deuxième paragraphe est une conclusion: il y formule sa thèse et nous donne une proposition de conduite en quelque sorte utopique pour être heureux, puisque ROUSSEAU admet implicitement que cette conduite n'est pas possible. On peut cependant se demander si la thèse de l'auteur ne présente-t-elle pas de limites. Les jugements sont-ils l'unique source de nos erreurs? Est-ce mieux de vivre dans l'ignorance comme le préconise ROUSSEAU ?  

rousseau

« susceptibles de commettre des erreurs.

Cependant, l'auteur avoue lui même, de manière implicite, que cetteconduite est impossible, notamment par l'emploi du conditionnel dans la dernière phrase du texte. Dans ce texte, le problème central posé est donc la recherche de la vérité, et plus particulièrement qu'est-ce quiest à l'origine de nos erreurs.

On cherche à résoudre e problème dans le but d'atteindre le bonheur.

On doit donctrouver une conduite à adopter.

ROUSSEAU n'a été ni le premier, ni le dernier auteur à poser ce problème.

En effet,la philosophie a une triple finalité: critique, théorique et pratique, c'est à dire que les philosophes critiquent deséléments afin de mieux les comprendre (recherche de la vérité) dans le but d'en tirer une conduite.

Plusieurs auteurstels que PLATON ou DESCARTES avaient déjà tenter d'apporter une réponse à ce problème, tout comme FREUDaprès lui.

Leurs thèses comportent à la fois des points communs et des différences par rapport à celle proposée parROUSSEAU. En effet, tout comme ROUSSEAU, PLATON, dans " Le mythe de la caverne ", avance la thèse selon laquelle nos jugements sont à l'origine de nos erreurs: l'évidence première n'est qu'une illusion (les ombres qui se reflètent sur lemur de la caverne).

Il faut donc rectifier ces illusions grâce à la connaissance (qui correspond chez PLATON à ladécouverte de l'autre monde, celui des "Idées").

Par ailleurs, la thèse de ROUSSEAU rejoint également celle deDESCARTES dans le fait qu'on atteint la vérité à partir de la raison (de l'entendement) comme l'explique ce dernierdans " les sixièmes réponses aux objections adressées aux méditations ". Cependant, la thèse de ROUSSEAU diffère également en certains points par rapport à celles des autres philosophes.Ainsi, DESCARTES pense que ce sont nos préjugés qui sont à l'origine de nos erreurs.

En revanche, pour FREUD,dans " L'avenir d'une illusion ", l'erreur provient d'une illusion particulière.

Il distingue dons deux types d'illusions: les illusions des sens (par exemple l'illusion d'optique dans le texte étudié) et les illusions psychologiques, qui ont pourorigine les désirs humains.

Pour FREUD, ce sont ces dernières qui sont source d'erreurs.

On peut également observerune différence dans la conduite à suivre proposée par ROUSSEAU pour atteindre le bonheur et celle proposée parPLATON dans " Le mythe de la caverne ", à savoir qu'il faut atteindre l'autre monde (celui de la connaissance) et accepter de s'être trompé auparavant alors que ROUSSEAU préfère rester dans l'ignorance. On peut donc admettre que toutes les sensations que nous ressentons ne peuvent pas être considérées commefausses: elles ne sont donc pas source d'erreurs.

En revanche, c'est l'interprétation que nous faisons de cessensations qui peut nous conduire à commettre des erreurs.

Il faut donc être bien vigilant à ne pas émettre dejugements trop hâtifs: nos devons donc mettre en jeu toutes nos connaissances pour interpréter nos sensationsafin que notre jugement se rapproche le plus possible de la vérité et non de l'erreur. Cependant, nous ne pouvons pas accepter ce texte sans émettre quelques réserves.

En effet, nos jugements nesont pas l'unique source de nos erreurs.

Nous pouvons être trompés par des illusions psychologiques, et doncbasées sur le désir humain comme l'avançait FREUD.

De même, la conduite à adopter que propose ROUSSEAU sembleêtre une solution de facilité: il est certes plus difficile, pour atteindre le bonheur, de chercher la vérité après avoiradmis de s'être tromper et avoir vécu dans l'erreur que de préférer l'ignorance. Ainsi, ce ne sont pas les sensations que nous éprouvons qui sont à l'origine de nos erreurs, mais ce sont lesjugements, parfois trop hâtifs, que nous tirons à partir de ces sensations.

Cependant, elles ne sont pas l'uniquesource de nos erreurs.

En effet, nous pouvons également être trompés par des illusions psychologiques. Afin d'atteindre le bonheur, il faut en permanence rechercher la vérité, et admettre, par conséquent, que nouspouvons être dans l'erreur, même si cela est difficile.

La recherche de la vérité s'appuie donc sur des jugementsactifs que nous faisons en analysant nos sensations à l'aide de nos connaissances.. »

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