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Rousseau: C'est ma conscience qui agit et donne sens au monde.

Publié le 08/05/2005

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Pourquoi donc est-ce que je me trompe sur le rapport de ces deux bâtons, surtout s'ils ne sont pas parallèles ? Pourquoi dis-je, par exemple, que le petit bâton est le tiers du grand, tandis qu'il n'en est que le quart ? Pourquoi l'image, qui est la sensation, n'est-elle pas conforme à son modèle, qui est l'objet ? C'est que je suis actif quand je juge, que l'opération qui compare est fautive, et que mon entendement, qui juge les rapports, mêle ses erreurs à la vérité des sensations, qui ne montrent que les objets. Ajoutez à cela une réflexion qui vous frappera, je m'assure ', quand vous y aurez pensé ; c'est que si nous étions purement passifs dans l'usage de nos sens, il n'y aurait entre eux aucune communication ; il nous serait impossible de connaître que le corps que nous touchons et l'objet que nous voyons sont le même. Ou nous ne sentirions jamais rien hors de nous, ou il y aurait pour nous cinq substances sensibles, dont nous n'aurions nul moyen d'apercevoir l'identité. Qu'on donne tel ou tel nom à cette force de mon esprit qui rapproche et compare mes sensations ; qu'on l'appelle attention, méditation, réflexion, ou comme on voudra, toujours est-il vrai qu'elle est en moi et non dans les choses, que c'est moi seul qui la produis, quoique je ne la produise qu'à l'occasion de l'impression que font sur moi les objets. Sans être maître de sentir ou de ne pas sentir, je le suis d'examiner plus ou moins ce que je sens. ROUSSEAU

Si nous ne faisions que subir nos sens, si nous ne pouvions avoir aucune action sur eux, ils seraient une somme de données inutiles : mais l'homme se définit par la conscience et la liberté. Il a donc toujours la possibilité d'acquiescer ou de résister à ses impressions : telle est la thèse de Rousseau.

• « Pourquoi donc [...] objets. « Rousseau s'interroge sur l'illusion des sens : à quoi est-elle due ? Il répond : elle est due à mon action qui modifie ce que je perçois. • « Ajoutez [...] identité. « Rousseau approfondit sa réponse : si nous n'agissions pas sur nos sens, ils resteraient juxtaposés et nous ne connaîtrions rien du monde, incapables que nous serions de synthétiser les informations qu'ils nous donnent. • « Qu'on donne [...] ce que je sens. « Ce dernier paragraphe conclut l'interrogation initiale : percevoir, c'est agir sur le monde par ma conscience et ma liberté.

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« QUESTION 3 (réponse rédigée) Puis-je être maître de mes sensations ?La question est classique : puis-je maîtriser mes émotions, tous ces états affectifs qui m'envahissentrégulièrement ?« Le moi est-il maître dans sa propre maison », comme le demande Freud ? Partons d'abord des sensations,c'est-à-dire des perceptions : nous entendons, nous voyons, nous touchons, nous sentons, nous goûtons.

Ily a donc toujours entre moi et le monde, mon corps.

Le corps est médiateur entre moi et le monde.Pouvons-nous décider de nos sensations ? « Suis-je maître de sentir ou de ne pas sentir ? » Pour le sens commun, la perception est censée nous révéler directement la réalité des objets du mondeextérieur.

C'est notre corps tout entier qui est intéressé et compromis dans la perception.

Il s'agit donc denotre représentation du monde.

Les sensations qui m'atteignent, le monde que je perçois, sont-ils autrechose que l'expression de ma culture ? Quelle est la part de l'inné et de l'acquis dans ma relation au monde ?Que puis-je maîtriser ?Plusieurs hypothèses sont possibles.– Je peux, comme Descartes, penser que la perception est une activité de l'esprit, c'est-à-dire que laperception est avant tout une démarche intérieure : c'est la célèbre analyse du morceau de cire (DeuxièmeMéditation métaphysique).

La perception est un processus par lequel la conscience atteint l'essenceimmuable des choses par-delà leurs apparences sensibles et mouvantes.– Je peux, comme Berkeley, affirmer que rien n'existe hors de l'esprit qui perçoit.

Les choses n'existent quedans la perception.– Je peux, comme Hegel, énoncer que la perception est une synthèse de la conscience.Pourtant, ce que nous pouvons vivre, à chaque instant, c'est notre corps dans le monde, et la nécessité desynthétiser nos sensations pour dépasser la diversité des données sensibles et donner ainsi sens.Si nous ne pouvons pas maîtriser les sensations que nous percevons, nous pouvons, comme le dit Rousseau,les examiner lorsqu'elles nous atteignent.

Mais cela suppose, dans toutes les conceptions que nous avonssurvolées, que le monde est déjà là, constitué, construit.Il y a une autre manière de percevoir, de sentir : celle de la phénoménologie.

C'est la perception qui nousdonne le monde.

Il faut réapprendre à percevoir le monde dans le jaillissement : « Le monde est cela quenous percevons » (Merleau-Ponty).

Il n'y a donc pas à savoir si nous sommes maîtres ou non de nossensations.

Il y a d'abord à «revenir aux choses mêmes ».Cependant, être maîtres de nos sensations, signifie que nous les maîtrisons entièrement, sous toutes leursformes, sous toutes leurs faces.

Mais mon corps se déplace avec moi.

Il n'y a donc pas de centre absolud'où je pourrais dominer toutes mes sensations.

Ajoutons à cela les découvertes de la psychanalyse : lesujet ne maîtrise ni ses goûts, ni son comportement, ni son langage.

La conscience – le je – ne dirige pasl'homme.Finalement, quelle que soit la pensée adoptée, les sensations sont d'abord données, premières.

Nouspouvons ensuite penser les examiner, les synthétiser, les construire, les laisser nous envahir. ROUSSEAU (Jean-Jacques). Né à Genève en 1712, mort à Ermenonville en 1778. Il n'est pas dans notre propos de résumer la vie de Rousseau, sou séjour aux Charmettes chez Mme de Warens, àMontmorency chez Mme d'Épinay, ses travaux de musique, sa persécution par les catholiques comme par lesprotestants, son voyage en Angleterre après sa fuite de Suisse ou l'hospitalité du marquis de Girardin à Ermenonville.Non plus que la mise à l'Assistance Publique des cinq enfants qu'il eut de Thérèse Levasseur, ou sa brouille avecGrimm et Diderot.

Jean-Jacques Rousseau fut seul, chassé de partout, et c'est en méditant sur son existencemalheureuse, qu'il a pu énoncer sa doctrine de philosophe.

Sa philosophie n'est pas un système, mais une vision dela condition humaine.

— Contrairement aux Encyclopédistes, l'homme, pour Rousseau, est naturellement bon etjuste.

Il fut heureux lorsqu'il vivait sans réfléchir, au milieu de la nature, uniquement préoccupé des soins matérielsde la vie quotidienne.

Puis, il a cherché à paraître, à dominer.

Il a inventé la propriété.

Sont venus l'inquiétuded'esprit, le goût du luxe, l'ambition, l'inégalité, les vices, la philosophie.

La société a corrompu l'homme, en l'élevant àla moralité.

La vie idéale n'est pas le retour à l'état de nature ; mais elle doit se rapprocher le plus possible de la vienaturelle.

C'est le coeur qui fournit à l'homme la preuve des vérités morales et religieuses, qui lui permet de goûteraux plaisirs de la générosité, de la bienfaisance, de l'amitié.

L'enfant, naturellement bon, doit être éduqué de façon«négative».

Il faut laisser libre cours à son propre développement.

Rousseau prône les vertus de l'intuition et del'émotion.

— Le fondement de toute société, c'est le contrat social, par lequel chaque contractant renonce à sapropre liberté au profit de la communauté, et se soumet à la volonté générale.

Rousseau pose ainsi le principe de lasouveraineté populaire.

Tant en littérature qu'en philosophie ou en politique (la Révolution française le revendiqua),l'influence de Rousseau fut considérable.

Il a véritablement transformé la sensibilité humaine.. »

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