Devoir de Philosophie

René Descartes

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

descartes
Quelques formules résument, dans la mémoire des hommes, la pensée de Descartes : " Je pense donc je suis " ; il ne faut affirmer que ce qui se présente " si clairement et si distinctement " à l'esprit qu'on n'ait " aucune occasion de le mettre en doute " ; nous pourrons, en connaissant les lois des choses, " nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature ". Telle est la rançon de la gloire. On réduit la philosophie la plus profonde à des propos d'une évidente banalité, à des affirmations qui, comme Descartes le remarque lui-même, auraient pu " tomber sous la plume de qui que ce soit ". Chacun peut, dès lors, se dire cartésien. En revanche, les commentateurs trouvent tant de difficultés à comprendre Descartes qu'ils ne parviennent même pas à se mettre d'accord sur le sens général de son oeuvre. Pour l'un, Descartes fut un apologiste religieux, pour l'autre, un sceptique et un athée. Celui-ci le croit tout occupé de physique, celui-là le tient pour le fondateur de la métaphysique moderne. De fait, le lecteur découvre en ses écrits mainte contradiction. Descartes affirme que l'homme est libre, et que tout ce qu'il fait résulte de l'opération de Dieu. Il voit l'essence de la liberté dans la détermination de notre conscience par la connaissance du Bien, puis dans le pouvoir de refuser ce Bien lui-même. Il réduit la substance à son attribut, et pourtant l'en distingue. Il professe le primat de la pensée, et celui de l'Être. Il distingue l'âme du corps, et conseille à la princesse Élisabeth de les confondre, pour retrouver l'homme concret. Il rêve de constituer une médecine mécaniste et déclare à Burman qu'il faut suivre la nature, telle que la révèlent les désirs du malade. Descartes dissimule-t-il donc son plus profond dessein ?    Certains l'ont pensé, et ont accordé l'importance d'un programme à la phrase qu'à vingt-trois ans il écrivit sur un carnet intime : larvatus prodeo (Je m'avance masqué). En vérité, l'on ne saurait méconnaître, en Descartes, quelque dissimulation. Vis-à-vis des pouvoirs et de l'Église, sa prudence paraît souvent excessive. Soucieux de son repos, il s'abstient de publier celles de ses opinions qui ne peuvent obtenir un accord unanime. Parfois aussi, le désir de conserver le privilège de ses inventions le conduit à laisser demeurer des obscurités en ses écrits : c'est le cas en sa Géométrie, et dans l'Introduction à la géométrie ; texte qui, s'il n'est pas de sa main, fut rédigé sous son inspiration directe, et qu'il autorise Mersenne à répandre. Et, dans sa Dioptrique, il va jusqu'à proposer une inexacte démonstration de la loi des sinus, qui est une de ses plus fameuses découvertes. En tous les domaines Descartes demeure celui qui prit pour devise : bene vixit, bene qui latuit (Il a vécu heureux, celui qui est demeuré dans l'ombre), et qui, dans ses Méditations, ne demande d'abord la vérité qu'à l'exaspération de sa défiance. Mais on ne saurait croire qu'il ait caché, en quelque obscur dessein, l'essentiel de sa pensée. La conviction qu'il entraîne, l'impossibilité que nous éprouvons, en le lisant, de nous soustraire à l'empire de ses raisons témoignent de sa sincérité. En vérité, l'obscurité de Descartes, ses contradictions elles-mêmes viennent de son souci de philosopher à niveau d'homme, et de ne rien laisser perdre de l'homme.   
descartes

« que la rigueur scientifique est la mesure de notre savoir.

En 1622, Descartes est de retour en France.

Il règle ses affaires, et se trouve assez de bien pour ne prendre pas de métier.

Il se remet donc àvoyager, visite l'Italie, puis, de 1625 à 1628, séjourne à Paris, où il fréquente surtout les savants.

En 1627 le cardinal de Bérulle L1108 , fondateur de l'Oratoire, lui fait une obligation de conscience de se consacrer à la philosophie : dans la lutte contre la pensée de la Renaissance le christianismese fait ainsi l'allié du mécanisme qui, comme lui, bien que par d'autres voies, dévalorise la Nature.

Descartes répétera que celle-ci n'est pas " unedéesse ", et se souciera de reporter sur Dieu et la liberté de l'homme, qui seuls contiennent un infini véritable, une admiration qui risque de s'égarersur les phénomènes matériels et le spectacle du ciel visible.

Et sa physique, tant par la conception du monde que par la liberté d'esprit qu'ellesuppose, apparaîtra comme l'envers d'une théologie.

En 1628, Descartes entreprend la rédaction de ses Règles pour la direction de l'esprit H015M1 (Regulæ ad directionem ingenii), ouvrage latin qu'il ne parvient pas à achever.

Son but est encore d'étendre à tous les domaines une certitude analogue à celle des mathématiques.

Mais, cettefois, une méthode est formulée.

L'ordre est unique.

On pourra donc procéder de même quel que soit le problème considéré.

Ainsi se constitueraune " mathématique universelle ", permettant d'user en toute recherche des procédés qui, en algèbre, ont si bien réussi.

Mais comment justifierune telle extension ? Pour Galilée E055 , l'unité de méthode reposait avant tout sur l'unité du Monde, fait d'une même et unique matière.

En 1628, Descartes n'affirme pas nettement l'unité de l'objet ; c'est dans la seule unité de l'esprit connaissant qu'il cherche la condition de l'unité dessciences.

Car, écrit-il, " étant donné que toutes les sciences ne sont rien d'autre que la sagesse humaine, qui demeure toujours une et toujours lamême, si différents que soient les objets auxquels elle s'applique, et qui ne reçoit pas plus de changement de ces objets que la lumière du soleil dela variété des choses qu'elle éclaire, il n'est pas besoin d'imposer des bornes à l'esprit ".

On voit la nouveauté et aussi la fragilité de ce point devue.

Descartes part de la considération de l'esprit, et non de celle des choses, pour constituer la science.

Mais il faut reconnaître que sa confianceen l'esprit et en l'universalité de son pouvoir est alors toute spontanée : elle prolonge l'enthousiasme de 1619 sans se fonder vraiment sur desraisons philosophiques.

En ceci, la métaphysique est appelée, et comme rendue nécessaire.

Elle n'est pas formulée.

Les Regulæ demeurent chez Descartes une oeuvre de savant.

Et la méthode y " ressemble à ces arts mécaniques, qui n'ont besoin d'aucun secours étranger, et qui enseignenteux-mêmes comment il faut fabriquer les instruments qu'ils exigent ".

Toute connaissance vraie suppose, selon Descartes, deux opérations fondamentales : l'intuition, qui nous présente les termes, la déduction, quiles lie selon l'ordre, et permet de s'élever, comme par degrés, et sans quitter l'évidence intellectuelle, du simple au complexe.

Au niveau du simple,en effet, il n'y a pas de risque d'erreur : l'idée claire traduit la présence à l'esprit de son objet, et toute erreur est liée à quelque composition.

Il suffit,pour ne point se tromper, de ne composer que par déduction, c'est-à-dire suivant ces liaisons rationnelles, qui sont le ressort de toute inférence etqui s'offrent elles-mêmes à la passive vision de notre esprit.

Car il est possible de remplacer le complexe confus que nous offre d'abord l'expériencepar un complexe clair et rationnellement reconstruit.

Il convient pour cela d'éliminer d'abord tout ce qui, en notre esprit, s'est fait recevoir sansraison : jugements précipités liés au sensible, préventions, habitudes ; puis d'isoler l'intuition, ou acte simple de l'esprit ; enfin d'opérer desdéductions, faites elles-mêmes d'intuitions portant sur les rapports qui unissent les idées et procédant par un mouvement " ininterrompu " del'esprit qui parcourt des " chaînes de raisons ".

Ces règles seront reprises dans le Discours de la Méthode H015M2 , avec celle qui prescrit " de faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales " que l'on soit " assuré de ne rien omettre ".

Descartes ne se plaisait guère en France : il n'y trouvait pas la tranquillité qu'il souhaitait.

Dès 1629, il se fixe enHollande ; à l'exception de quelques voyages, il ne quittera plus ce pays jusqu'en 1649.

Mais, désireux de préserversa solitude, il changera souvent de résidence, et semblera sans cesse fuir les importuns.

De 1629 à 1637, Descartesse consacre surtout à son oeuvre scientifique.

Sans doute ébauche-t-il un petit traité de métaphysique, aujourd'huiperdu.

Mais il ne parvient pas, en cette matière, à se satisfaire.

Il se contente donc, dès 1630, de situer, de façon générale, la science, le monde qu'elle nous révèle, par rapport àDieu.

Celui-ci est tenu pour le libre créateur des vérités mathématiques et logiques elles-mêmes.

Car ce n'est pas" parce qu'il a connu que cela ne se pouvait faire autrement " qu'il a voulu que la somme des angles d'un triangle futégale à deux droits, mais " d'autant qu'il a voulu que les trois angles d'un triangle fussent nécessairement égaux àdeux droits, pour cela, cela est maintenant vrai ".

Il n'y a donc " ni ordre, ni loi, ni raison de bonté et de vérité " quine dépende de Dieu, il a été " tout à fait indifférent à créer les choses qu'il a créées ".

Et Dieu crée le monde instantpar instant : sur le plan de l'être, la véritable cause d'un phénomène n'est donc pas à chercher en celui qui leprécède.

Le temps est discontinu, la nature n'a pas de profondeur, ou de puissance propre.

Elle est le fruit d'un actedivin sans cesse répété, et sa structure même n'a de solidité que par la constance de la volonté qui la pose dansl'être.

Jamais l'antinaturalisme n'avait été poussé aussi loin.

Le Monde apparaît comme dépouillé de toute réalitépropre, et Descartes le compare à un langage, à une fable.

Ainsi se précise la pensée d'un siècle où le sens dumerveilleux ne pourra se développer qu'en dehors des voies de la vérité, où le sentiment de la Nature sera méconnu,où la poésie ne prendra pas pour objet le mystère des choses, mais les seules passions et la gloire de l'homme.

Mais cette Nature déréalisée, sans profondeur et sans fins propres, est tout entière offerte à la connaissance et àla prise technique de l'homme.

Descartes entreprend donc d'en proposer une explication intégrale ; de 1629 à 1637,il se consacre presque exclusivement à ce projet.

Pour commencer, il veut donner à sa " science universelle " uncommode moyen d'expression.

Il met au point sa méthode des coordonnées, et s'applique à simplifier, enmathématiques, le système des notations : il remplace, en particulier, les signes cossiques par les lettres del'alphabet latin.

Il invente une méthode pour abaisser le degré des équations.

Et, en 1631, à propos du problème dePappus, il établit une correspondance commode entre l'équation et la courbe géométrique, et découvre ainsi lagéométrie analytique, qui demeurera sa contribution essentielle au progrès des mathématiques.

En optique,Descartes formule la loi de la réfraction.

Il étudie le levier, la balance, la chute des corps et tente de déterminer ladistance des planètes au soleil.

Enfin, dès 1632, il entreprend de rédiger un vaste traité de physique générale, leMonde, ou Traité de la lumière, et se propose d'y étudier la nature de la lumière, le soleil, les étoiles, les planètes, les comètes, la Terre, et tous les corps qui sont sur celle-ci.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles