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Réhabilitation de la violence : la violence positive.

Publié le 04/11/2009

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S'il est évident que, dans une société donnée, la violence isolée, en tant que telle, reste négative aux yeux de tous les membres d cette société et pour toute forme de gouvernement, il n'en est pas moins vrai, pour l'exemple que nous choisissons, que cette violence de la rue, si perceptible aujourd'hui dans sa croissance continue (délinquance, banditisme...), est positive d'abord en ce qu'elle est un symptôme. La fièvre, par exemple, est positive, parce que sans elle, notre organisme ne pourrait pas lutter contre la maladie, de même pour la douleur ; s'il est des maladies graves sans douleur, il n'empêche que la douleur renseigne. La sueur elle aussi a été réhabilitée comme signe nécessaire pour une adaptation au milieu et comme réflexe salutaire.

Essayons de réhabiliter la violence, au même titre que toutes les autres «négativités« (Sartre): Folie, Sauvagerie, Infirmité...

« d'une prospérité économique.

Les vaincus sont toujours finalement les vainqueurs, et toute défaite est nécessaireet fructueuse. — Pour Marx, la violence est « l'accoucheuse de toute vieille société qui en porte une nouvelle dans ses flancs » («Le Capital »).

Engels dit à ce propos que l'erreur de Dühring consiste justement à considérer, de façonmétaphysique, que la violence est le mal absolu (« le premier acte de la violence », dit Dühring, « est le péchéoriginel »), et il y aurait ainsi une « infâme dénaturation de toutes les lois naturelles et sociales par cette puissancediabolique : la violence ». Marx estime que la violence des ouvriers contre toute tentative de charité paternaliste n'est que l'image de la «violence légitime » de la classe ouvrière dans sa conquête des moyens d'existence ; elle est par là l'expressionunique et claire de la lutte des classes.

De plus cette violence doit assurer le succès de la révolution future. — Georges Sorel développe une théorie de la violence très admirée par certains chefs politiques.

Pour lui (dans «Réflexions sur la violence », 1906), il faut remédier à la décadence des mœurs.

La violence redonnera vigueur à lasociété.

Il faut que le prolétariat, au moyen de «la grève générale », «rende à la bourgeoisie quelque chose de sonénergie ».

Il proteste énergiquement contre le principe même de la loi qui fait considérer toute violence commerégression ; «les codes prennent tant de précautions contre la violence...

que nous sommes conduitsinstinctivement à penser que tout acte de violence est une manifestation de régression vers la barbarie ».

Admirateur de Sorel, Mussolini déclarait en 1922 : «Le fascisme sera sorélien ». 3 — Principe des théories réhabilitant la violence.

En analysant les procédés de la démonstration dans les théories ci-dessus évoquées, on en découvre deux : A — Assimilation, sous le terme de «violence», de réalités très différentes, les unes de valeur positive indéniable servant à faire «passer » les autres grâce à l'amalgame ainsi construit. Par exemple, il est évident que le génie créateur s'insurge à un moment de sa vie contre les modes admises, contreles idées acceptées et qu'il apporte une conception originale féconde. L'idée de « Souveraineté du peuple » émise en 1484 par Philippe Pot (Discours aux États-Généraux) ne passa dansles faits, en France, qu'en 1789, après bien des résistances de la part des partisans de l'Autorité de Droit Divin. Victor Hugo « révolutionne » la conception de la tragédie classique et « Hernani » est sifflé lors de la premièrereprésentation ; Pasteur « révolutionne » les idées admises sur la génération spontanée et sa communication àl'Académie des Sciences sur les microbes soulève une raillerie générale ; le parlementaire qui proposa d'accorder ledroit de vote aux femmes en 1932 en France provoqua au Parlement une tempête de rires... Les exemples de ce genre jalonnent, naturellement, l'Histoire universelle.

Il ne s'ensuit pas que toute forme deviolence (le banditisme, le viol sadique, etc.) ait ipso facto valeur de progrès, de créativité et de renouvellementdes idées admises.

Sous couvert de l'idée que la lutte pour le changement est créatrice de valeurs nouvelles, nosidéologues valorisent sans nuances le vandalisme, le terrorisme, la peine de mort, et la guerre sous toutes sesformes. B — Amplification de la violence de la règle sociale afin de justifier la violence anti-sociale comme légitime défense. Les auteurs partisans de la violence se gardent bien de la présenter comme un besoin personnel de vengeance oucomme un goût morbide du sang et du meurtre.

Ils commencent par « analyser » les règles du jeu social (dont nousavons souligné, au chapitre Société, l'inévitable signification de contrainte dans la mesure où des comportements derôles doivent nécessairement remplacer la liberté individuelle de faire ce qu'on veut quand on veut), et ilsdramatisent les « interdits ». Au lieu de considérer que l'être-social de l'Homme le prédispose à multiplier les rôles sociaux et à participer à la viecollective, ils dénoncent la Règle en tant que telle comme « une violence faite à l'individu ».

Puis, par unretournement savant, cette violence soulevant l'indignation, nos auteurs justifient l'autre violence (celle qui estnégation de toute règle et destruction de toute structure sociale, linguistique, pédagogique, rationnelle) comme une« légitime défense contre la violence », comme une violence anti-violence. Et comme la violence anti-sociale attire la sanction par le jeu prévu de l'auto-défense de la Société et des règlessociales, il est Facile de faire apparaître la répression comme essence de la Société, Ainsi métamorphosée enlégitime défense contre la violence sournoise de la Société, la violence devient réaction « saine », et L'agressivitéest sanctifiée. Notons que, comme le montrent ces procédés mêmes, la violence, le crime et la guerre ne sont jamais présentéscomme valeurs en soi.

Ils sont présentés comme des moyens légitimés par la légitimité des lins.

Ainsi on fera laguerre « pour la paix », on cassera tout « pour protester contre l'Injustice », on tuera au nom des droits del'Homme.

Les masques nécessaires montrent que la violence à l'état nu est une contre-valeur.. »

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