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Qu'est-ce qu'une oeuvre d'art ?

Publié le 22/02/2012

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  N'est-il pas paradoxal de s'interroger sur la définition d'une oeuvre d'art ? Son essence, ses caractéristiques essentielles ne sont-elles pas évidentes ? En effet, de prime abord, une oeuvre d'art se distingue des objets utilitaires qui valent par la fonction qu'ils peuvent avoir dans la vie active et quotidienne. L'oeuvre d'art est alors cet objet qui vaut par lui-même, qui suscite une admiration pour lui-même et non par l'intérêt qu'il sert. A la différence de l'outil, l'oeuvre d'art a sa finalité en elle-même, et non hors d'elle-même. La finalité de l'oeuvre d'art est donc intrinsèque : l'objet d'art tire sa valeur de lui-même. Sa seule présence lui donne son sens. Il n'a pas besoin d'être "utile à" pour avoir de l'importance. Au contraire, l'outil a une finalité extrinsèque : en lui-même, il ne vaut rien, seul l'usage, sa fonction, son utilité permet d'accorder de la valeur à l'outil. Quand l'outil est cassé, on le jette. On ne garde pas un piolet, un râteau, une machine à café cassés, une cruche fissurée. Dépourvus de leur fonction, ils n'ont plus lieu d'être.

« compte, à grands renforts d'effets faciles.

Une peinture de coucher de soleil sur une plage au Brésil, c'est kitsch.

Unnain de jardin, c'est kitsch.

C'est ainsi que le critique d'art américain Clement Greenberg définit le kitsch à ladifférence de l'art authentique : le kitsch vise à séduire immédiatement et sans effort.

Il est mièvre, il ne dérangejamais, il ne demande aucun temps pour que la perception s'adapte.

Il est conçu pour plaire au plus grand nombrede perceptions possibles.

Ainsi une chanson "à la mode "qui passe sur les bandes FM pour faire un tube estforcément kitsch : elle doit "tomber" dans l'oreille, séduire rapidement un maximum de personnes et être facilementmémorisable.

Elle est donc pauvre, peu complexe par rapport à une chanson élaborée que l'on n'appréciera et qu'onne découvrira que peu à peu dans sa subtilité.

Par définition, l'industrie culturelle qui cherche les succèscommerciaux produit donc du kitsch.

"Les dents de la mer", c'est kitsch.

"Titanic", c'est kitsch.

Bref, la culture de masse crée du kitsch.

Alors l'œuvre d'art doit-elle au contraire être aride, austère, nécessiter une intellectualisation,un cours de philo, pour être comprise ? Est-elle réservée à des étudiants ? Une définition plus facile consisterait à partir de l'expression "c'est pas de l'art".

Ce jugement signale une déception.Il est couramment suivi de "Je peux en faire autant".

Est-ce que cela voudrait dire que l'œuvre d'art est l'objet quiest créé par quelqu'un dont la maîtrise technique, le tour de main, l'habileté, le savoir-faire surpasse l'agilité ducommun des mortels ? Alors l'artisan produit-il une œuvre ou un objet artisanal ? De plus, l'objet artisanal est, à ladifférence de l'objet industriel, unique, et non fait en série.

Un beau placard sur mesure, réalisé par un ébénistechevronné, je ne peux en faire autant : est-ce de l'art ? Le philosophe Kant considérait pour sa part que ce quidistingue l'œuvre de l'objet manufacturé de l'artisan, c'est le caractère évidemment laborieux de ce dernier.

L'artisantravaille : il fixe, soude, fait des raccords, installe des chevilles.

Le travail se devine, les charnières ne sont pasinvisibles.

L'artiste, lui, travaille, c'est-à-dire lutte avec la matière : Rodin ou Camille Claudel luttent avec le marbre,le bronze, comme l'ébéniste avec le bois du placard.

Mais l'artiste donne l'impression de faire cela avec facilité, ilsemble s'amuser car les rafistolages, les charnières, les "trucs" de la réalisation, sont dissimulés.

L'art, ce serait cequi donne l'apparence d'un jeu à une activité créatrice pourtant extrêmement complexe et délicate.

L'œuvre d'art,ce serait donc le résultat d'une activité créatrice qui fait "comme si" elle était évidente.

Alors les abeilles qui édifientdes alvéoles en cire, ne font-elles pas aussi de l'art ? La différence, sans doute, c'est que la création artistique estvoulue : elle répond à un projet conscient, à une mise en œuvre de la volonté.

Une abeille ne crée donc pasd'œuvre d'art. Et pourtant…Les affichistes Hains et Villéglé ne sont-ils pas à l'origine d'œuvres d'art ? Et en même temps, n'est-cepas le vent, l'eau, les arrachages aléatoires par les passants qui ont contribué aux œuvres qu'ils signent ? Est-ce lasignature qui fait l'œuvre, qui fait qu'un artiste reconnaît comme sien, comme son projet, une création dont il n'apas eu un projet conscient ? Le pliage des compressions de voiture par César serait alors de l'art en ce sens.

Césarcrée le projet, veut la compression ; ensuite, la presse industrielle et le hasard réalisent le travail.

Il y a œuvreparce que l'artiste a eu un concept de l'œuvre, même s'il a délégué en partie la réalisation au hasard.

Ce n'est pasl'habileté technique qui fait l'œuvre d'art mais l'idée, le projet, le concept.

Le vent qui souffle dans les emballages deChristo, la pluie qui les teinte et les alourdit serait co-réalisateur de l'œuvre ; Christo seul en est l'auteur, c'est-à-dire le concepteur.

Est-ce l'originalité du projet créateur qui fait qu'un objet est œuvre d'art ? Et une simple copie de la réalité, alors ?Ce ne serait pas de l'art si ce n'est pas original ? Dans ce cas, très peu d'objets considérés comme des œuvres d'artn'en seraient pas, en réalité, car dans les Académies des Beaux-Arts, il y a tant d'imitations des grands maîtres !Tant d'artistes cherchent l'inspiration en copiant la manière de Untel ou de Untel.

Cette singerie s'appelle d'ailleurs"académisme".

Les œuvres académiques ne sont ni originales ni novatrices.

Ce sont des réalisations artistiques quipar définition ne sont pas "géniales" car le génie est l'artiste capable d'innover, de changer une manière de créer.Vinci invente le clair-obscur et cela est de plus profond : il suggère ainsi la complexité du cœur humain.

Il a étécopié par tant d'élèves.

les œuvres de ces derniers ne sont donc pas géniales, mais ne sont-ce donc pas desœuvres d'art tout de même ? Quand on pose la question de savoir ce qu'est une œuvre d'art, on cherche une caractéristique commune à tous lesarts, quel que soit leur media et à quelque époque que ce soit. Le problème impliqué par ce sujet est de savoir si on peut échapper à une simple description des différents objetsreconnus comme des œuvres d'art.

Le discours philosophique sur l'art tente de dépasser le relativisme des cassinguliers et des différentes civilisations.

L'approche philosophique se distingue de l'histoire de l'art qui commentel'art des différentes époques, mais aussi de l'ethnologie qui explique les créations propres à différents peuples.

Le. »

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