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Qu'est-ce qu'un homme en dehors de la société ?

Publié le 27/02/2008

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Qu'est-ce qu'un homme en dehors de la société ?

 

La société désigne l’association des hommes qui vivent ensemble sous un régime de lois communes. Un homme en dehors de la société désignerait alors un homme qui, après avoir vécu, en société avec d’autres hommes, choisit de vivre, à l’extérieur de ce régime de lois communes, dans la solitude. Toutefois on peut se demander s’il existe des hommes qui sont vraiment en dehors de la société. On ne pourrait alors penser  l’homme qu’au-dedans de  la société; Si les hommes sont par nature sociable, un homme en dehors de la société est un être dénaturé. Hors de la société, il ne serait alors plus rien. Cependant si l’on ne peut penser l’homme qu’en société, on s’interdit alors d’examiner la légitimité de la société et de la contester si c‘est nécessaire , au risque de justifier les sociétés qui déshumanisent l’homme. Nous sommes alors confrontés à ce problème : peut-on penser l’homme en dehors de la société, au risque de se méprendre sur sa nature, ou doit-on au contraire ne le penser qu’au-dedans de la société, au risque de justifier a priori toute société, même la plus déshumanisante ?

 

 

  • I L’homme en dehors de la société : un individu exceptionnel
  • II Il n’y a pas d’homme en dehors de la société
  • III La nécessité de penser l’homme en dehors de la société

« permet de développer leur humanité.

Si la fonction de la société se réduisait à une fonction de satisfaction desbesoins, on ne comprendrait pas pourquoi nous y restons même lorsque nos besoins ne sont pas satisfaits.

Poursavoir si la société a un rôle structurant sur les individus, on peut se représenter la situation d'un hommeabsolument seul dont tous les besoins seraient satisfaits.

La conséquence de cette situation où la survie estgarantie est l'ennui suivi d'une perte progressive de tout ce qui fait notre humanité : le langage, le respect des lois,la culture… c'est ce que l'on peut soutenir avec Michel Tournier qui étudie dans son roman Vendredi ou les limbes du Pacifique les effets de l'absence d'autrui sur l'individu.

Son Robinson, après avoir fait naufrage, parvient à survivre seul sur son île, mais il perd le sens du langage, adopte des comportements bestiaux, et ne parvient mêmeplus à se tenir debout.

Le fait de vivre hors de la société le ramène à un état de bête et pour y échapper, il écritdes lois, et une constitution de l'île et se punit lui-même lorsqu'il enfreint ces lois.

Comme en prend consciencerobinson « la foule de mes frère m'avait maintenu dans mon humanité ».

Ainsi Robinson, homme vivant hors de lasociété, ne parvient à rester un homme qu'en recréant artificiellement les conditions de la vie en société. _ Si l'on ne peut penser l'homme qu'au-dedans de la société, c'est sans doute que le fait de vivre en société est compris dans la nature humaine.

Ainsi il n'y aurait pas d'homme en dehors de la société dans la mesure où l'hommen'est un homme que s'il vit au-dedans de la société.

C'est ce que l'on peut soutenir avec Aristote dans sesPolitiques I, 2 : « l'homme est zoon politikon, c'est-à-dire un animal politique ou sociable.

».

La démonstration s'opère en deux arguments : tout d'abord, il est dans la nature de l'homme de s'associer et de rechercher lacompagnie de son semblable.

Ainsi le couple engendre une famille et les familles s'associent formant de ce fait unvillage; la réunion de villages formant une cité.

Or la Cité est la meilleure de ses associations car ce n'est u'avec elleque le groupe peut vivre en autarcie, c'est-à-dire la possibilité de satisfaire ses besoins sans faire appel à l'extérieurde la cité.

Néanmoins la société ne se réduit pas à une fonction de survie, elle recherche la vie bonne, c'est-à-direla vie où les hommes réalisent leur nature d'êtres sociables.

La nature qui ne fait rien en vai a pourvu l'homme d'uninstrument qui permet l'obtention de la vie bonne : l'homme est en effet le seul animal qui possède la parole.

Laparole est donc un moyen de réaliser la nature humaine en permettant les discussions des citoyens entre eux sur lejuste et l'injuste.

Par opposition, les hommes qui ne vient pas dans la société sont soit des dieux dont les figures durenonçant indien ou de l'ermite chrétien se rapprochent, soit des bêtes comme le montre l'exemple des Cyclopes auchant IX de l 'Odyssée qui vivent seuls, sans agora, ni bien public.

Par conséquent il n'y a pas d'homme au sens propre du terme en dehors de la société. Si les hommes sont par nature sociable, un homme en dehors de la société est un être dénaturé.

Hors de la société, il ne serait alors plus rien.

Cependant si l'on ne peut penser l'homme qu'en société, on s'interdit alorsd'examiner la légitimité de la société et de la contester si c‘est nécessaire , au risque de justifier les sociétés quidéshumanisent l'homme. III La nécessité de penser l'homme en dehors de la société _ S'il n'est pas possible de penser l'homme en dehors de la société, cela signifie que l'homme est une des parties de ce tout qu'est la société.

Or en tant que partie du tout, il doit obéir au tout qui lui assigne sa place et décide detous les aspects de sa vie.

L'individu réduit à une partie du tout n'a pas de valeur en lui-même, il ne peut contesterle régime des lois sociales, ni revendiquer sa liberté dans la mesure où il n'est homme que par la société où il est né.Ainsi dans la mesure où l'individu est une partie du tout, il peut être sacrifié au tout par la seule volonté du tout.

Lasociété possède alors un pouvoir total dans la mesure où ce pouvoir envahit toutes les sphères celles du publiccomme du privé et unifient tous les individus dans un projet unique.

C'est ce que l'on peut soutenir avec ClaudeLefort avec sa définition du totalitarisme dans le Dictionnaire de philosophie politique : » le modèle s'impose d'une société qui s'instituerait sans division, disposerait de la maîtrise de son organisation, se rapporterait à elle-mêmedans toutes ses parties, et serait habitée par le même projet ».

Ainsi si l'on ne peut penser l'homme en dehors de lasociété, il ne peut contester une société qui pourrait le déshumaniser. _ Il serait donc nécessaire de penser l'homme en dehors de la société, non pas comme une sortie de l'état de société, mais plutôt de se rapporter à un état d'avant la société, afin de permettre l'examen de la légitimité de lasociété et sa contestation le cas échéant; La société institue des lois qui nous permettent et nous interdisentcertaines choses, mais elle peut exiger de nous des actions qui dépassent ses prérogatives et produire des loisinjustes.

Aussi pour pouvoir critiquer ce que nous dicte la société, il faut pouvoir s'appuyer sur un état d'avant lasociété appelé l'état de nature.

L'état de nature est cet état fictif dans lequel les hommes vivaient avantl'institution de la société.

C'est alors en se rapportant à cet état de nature que l'on pourra juger la société ou l'étatcivil.

C'est ce que l'on peut soutenir avec Locke au chapitre II du Second Traité du gouvernement civil : à l'état de nature, les hommes jouissaient à égalité de leurs biens, de la vie, de la liberté.

Or c'est parce qu'ils ne pouvaientprotéger suffisamment ces droits fondamentaux qu'ils se sont associés et ont formé l'état civil : ils ont alorsdélégués le pouvoir qu'ils avaient individuellement à une instance supra individuelle le gouvernement. _ La société se fonde sur un état de nature qui est la source de sa légitimité.

Dans la mesure où le gouvernement de l'état civil se réduit à un moyen en vue de protéger ses droits naturels, le gouvernement ne peutlégitimement instituer des lois qui débordent cette fonction protectrice des droits fondamentaux.

Lorsque legouvernement abuse de son pouvoir et cherche à instituer des lis qui, soit ne respectent pas ses droits, soitexcèdent son mandat, alors les citoyens peuvent le contester au nom même de cet état naturel.

Cette conceptionlibéraliste de l'Etat sépare distinctement les sphères du privé et du public : je puis faire tout ce que je veux en privédu moment que cela ne nuit pas à autrui.

Par exemple il m'est possible de croire en des dogmes étranges etrecensés par aucune église, cela ne regarde que moi.

Le gouvernement ne peut légiférer dans ce domaine et s'il lefait, alors les citoyens ont le droit de désobéir.

La désobéissance civile se fonde ainsi sur le fait de penser des droitsinhérents à l'état naturel que doit respecter l'état civil.

Il est évident que cet état naturel n'est pas un étathistorique, mais il n'en a possède pas moins une vérité métaphysique.

En effet l'état naturel coexiste dans l'état civil. »

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