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Qu'est-ce que parler le même langage ?

Publié le 27/02/2008

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Mais pourquoi la pensée a-t-elle besoin de cet intermédiaire qu?est le langage ? A défaut de trouver une réponse sûre à la question de l?origine du langage, on en vient à réfléchir sur sa fonction. Se demander, par exemple, quels types de besoins ont permis de satisfaire les premières manifestations du langage articulé, c?est en tout cas postuler que parler est pour l?homme, et dès l?origine, une nécessité. Or des travaux récents d?anthropologues et de biologistes (Leroi-Gourhan et Monod par exemple) ne démentent pas les spéculations de Rousseau.      b. Rousseau, dans l??uvre indiquée ci-dessus, affirme que l?opinion selon laquelle les hommes inventèrent la parole pour exprimer leurs besoins, n?est pas recevable. Ainsi, « Ce n?est ni la faim, ni la soif, mais l?amour, la haine, la pitié, la colère, qui leur ont arraché les premières voix » (chap. II, 1781). La parole est issue des passions, des besoins moraux, et non de besoins physiologiques. On peut se nourrir sans parler, ou poursuivre une proie en silence, « mais pour émouvoir un jeune c?ur, pour repousser un agresser injuste, la nature dicte des accents, des cris, des plaintes.
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« Ainsi, catégories de pensées et catégories linguistiques semblent interdépendantes.

Bergson affirmera que « les concepts sont inclus dans les mots » ( La pensée et le mouvant ).

C'est le social qui élabore les concepts ; c'est la société qui « a découpé le réel selon sesbesoins ».

« Quelle est la fonction primitive du langage? C'est d'établir une communicationen vue d'une coopération.

Le langage transmet des ordres ou desavertissements.

Il prescrit ou il décrit.

Dans le premier cas, c'est l'appel àl'action immédiate; dans le second, c'est le signalement de la chose ou dequelqu'une de ses propriétés, en vue de l'action future.

Mais, dans un cascomme dans l'autre, la fonction est industrielle, commerciale, militaire, toujourssociale.

Les choses que le langage décrit ont été découpées dans le réel par laperception humaine en vue du travail humain.

Les propriétés qu'il signale sontdes appels de la chose à une activité humaine.

Le mot sera donc le même,comme nous le disions, quand la démarche suggérée sera la même, et notreesprit attribuera à des choses diverses la même propriété, se les représentera,les groupera enfin sous la même idée, partout où la suggestion du même parti àtirer, de la même action à faire, suscitera le même mot.

Telles sont les originesdu mot et de l'idée.

L'un et l'autre ont sans doute évolué.

Ils ne sont plus aussigrossièrement utilitaires.

Ils restent utilitaires cependant.

La pensée sociale nepeut pas ne pas conserver sa structure originelle [...] C'est elle que le langagecontinue à exprimer.

Il s'est lesté de science, je le veux bien; mais l'espritphilosophique sympathise avec la rénovation et la réinvention sans fin qui sont au fond des choses, et les mots ontun sens défini, une valeur conventionnelle relativement fixe; ils ne peuvent exprimer le nouveau que comme unréarmement de l'ancien.

On appelle couramment et peut-être imprudemment « raison » cette logique conservatricequi régit la pensée en commun: conversation ressemble beaucoup à conservation.

» Bergson , La Pensée et le Mouvant . b.

Benveniste présentera aussi le caractère social du langage : « le langage se réalise toujours dans une langue, dans une structure linguistique définie et particulière, inséparable d'une société définie et particulière »(Problèmes de linguistique générale , tome I) ; « Langue et société ne se conçoivent pas l'une sans l'autre ».

De plus, l'homme n'a pas de connaissances innées du langage et de la société.

Les parents sont à l'origine de l'usage dela parole chez l'enfant : « L'acquisition du langage est une expérience qui va de pair chez l'enfant avec la formationdu symbole et la construction de l'objet.

Il apprend les choses par leur nom ; il découvre que tout a un nom et qued'apprendre les noms lui donne la disposition des choses.

Mais il découvre aussi qu'il a lui-même un nom et que par làil communique avec son entourage.

Ainsi s'éveille en lui la conscience du milieu social où il baigne et qui façonnerapeu à peu son esprit par l'intermédiaire du langage ».

La langue est aussi le reflet de l'assimilation de la culture, desa perpétuation et de sa transformation.

Le langage est l'extériorisation, la mise en avant des symboles quistructurent une société.

Le langage est conventionnel en ce qu'il est émission d'une structure symboliquespécifique.

c.

On comprend aussi le côté culturel de la nomination.

De fait, la culture est déterminante pour l'individu, dans son rapport aux choses.

Le texte de Klineberg nous le montre bien, quand il évoque les variétés de neige et les catégories de chameaux selon les cultures ( Langage, pensée, culture , in « Bulletin de psychologie », janvier 1966). C'est l'intérêt porté à certains objets qui déterminent l'appréciation nominative de ces objets.

Il y aurait ainsi, dansla langue arabe, environ 6 000 mots se rapportant plus ou moins directement au chameau.

Le chameau a uneimportance dans les sociétés arabes.

Tout comme les esquimaux qui attribuent une nomination à la neige différenteselon son aspect.

Il est clair que si notre vocabulaire comportait toutes ces nuances (en vertu d'un intérêt spécialque l'on porterait aux chameau ou à la neige), on serait aussi plus à même de qualifier ces distinctions.

Conclusion Si l'expression communicante des hommes en restait à la seule affectivité, on resterait à un état naturel oùs'exprimeraient chaotiquement les diverses passions.

Le langage a su ainsi dépasser la seule affectivité ets'instrumentaliser au profit d'une vie humaine sociale, permettant aux hommes, parlant le même langage, d'établirdes rapports en vue d'une coordination politique.

Le langage a bien ainsi une fonction sociale.

Mais on comprend quesi la variété des langues ne reflétait que la diversité des « étiquettes » servant à désigner par ailleurs à peu près lesmêmes choses, les traductions dites « mot à mot » seraient parfaitement claire ; et l'on sait à quel point elles ne lesont pas, même entre langues parlées par des populations culturellement proches.

Ainsi seule la présence du sens àtravers les mots et les actions guide les hommes vers une compréhension de leur appartenance au genre humain, etce malgré la difficile interprétation d'une langue par une autre.. »

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