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Qu'est-ce que l'Anti-américanisme ? Par GARAUDY

Publié le 13/05/2010

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LES MYTHES DES PERFORMANCES DE L'ECONOMIE AMERICAINE : 1. La croissance. Aux Etats-Unis la croissance est plus forte qu'en Europe. Elle est due à trois facteurs essentiels : a - Les travailleurs américains ont consenti à une intensification des rythmes et à un allongement de la durée du travail, à une forte baisse des salaires, dans les emplois les moins qualifiés, c'est à dire à une augmentation des inégalités. b - Les pressions exercées sur le niveau des salaires aux Etats-Unis, sont d'autant plus fortes que les très bas salaires imposés, dans les pays pauvres (et pas seulement en Asie du Sud Est mais au Mexique, par exemple après les accords de l'ALENA) contraignent les ouvriers américains à accepter des salaires " compétitifs " dont la tendance est de s'approcher de ceux des Mexicains ou des Asiatiques. Une telle forme de " croissance " implique donc nécessairement " des inégalités " à l'échelle nationale comme internationale. 2. Le taux de chômage est moindre aux Etats-Unis que dans les pays européens. D'abord parce que les Etats-Unis ont littéralement " exporté " leur chômage en Europe, en particulier par la manipulation monétaire : la dévaluation du dollar a " dopé " les exportations en en faisant baisser les prix. Ensuite comme l'écrit LUTTWAK : " une raison simple explique la quasi absence de chômeurs de longue durée aux Etats-Unis : l'Etat ne se charge pas de les indemniser. " En poussant cette logique jusqu'à sa plus absurde cruauté l'on pourrait même, du jour au lendemain, en finir avec le chômage : ne plus l'indemniser du tout. Il y aurait des cadavres dans les caniveaux mais la statistique serait resplendissante : il n'existe plus de chômeurs. Cette " logique " est pourtant celle du système néo-darwinien de l'élimination des faibles. 3. Le " niveau de vie " de la majorité des Américains est supérieur à celui des européens. Ceci est vrai si l'on ne tient pas compte des 33 millions d'Américains vivant au-dessous du seuil de pauvreté et du fait qu'un enfant sur 8, dans ce pays, le plus riche du monde, ne mange pas à sa faim. Mais l'explication essentielle est plus profonde : de même que l'Etat américain préfère couvrir ses dépenses ordinaires par l'emprunt plus que par l'impôt, les ménages élèvent leur train de vie non en fonction de leurs revenus mais par le crédit. Si bien que le déficit de l'Etat atteignait déjà 620 milliards de dollars en 1995, et en était déjà à 1.550 milliards de dollars en 1998, et, sur la lancée actuelle atteindrait 3.450 milliards de dollars en 2.000 c'est à dire 36 % du " Produit national brut ". L'endettement du secteur privé, lui, dépasse les 5.000 milliards de dollars. En paroles simples les Etats-Unis dépensent plus qu'ils ne gagnent et vivent au-dessus de leurs moyens. Il n'est pas nécessaire d'être un " économiste distingué " pour comprendre qu'une telle dérive ne peut se prolonger indéfiniment. Comme l'écrit le Professeur Michel BEAUD : " A première vue toutes les conditions d'une crise boursière sont donc réunies . "

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