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Quels sont les rapports entre la pensée et la parole ?

Publié le 27/02/2008

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Quels sont les rapports entre la pensée et la parole ?

« verbalisation, mais aussi qu'on peut parler de telle sorte que la parole soit comme vide de pensée, la simple mise enforme verbale de la pensée, d'une pensée antérieure et extérieure à la parole.

En somme, une pensée sans parole etune parole sans pensée.

Seulement, cette thèse n'est pas sans poser des problèmes : pensée jusqu'au bout, elle implique que l'acte depenser, de concevoir, d'enchaîner des idées, des les combiner est un acte muet ou silencieux puisque cela peut sefaire en dehors des mots, avant de parler.

Est-il possible de concevoir une idée, un concept, un raisonnement, unjugement sans parole ? N'observe-t-on pas au contraire que la pensée est, comme le dit Gusdorf, "bruissante demots" ? Peut-on donc, comme on le croit, mettre la pensée qui conçoit, qui combine, qui enchaîne, qui lie ou délie en dehorsdes mots ? Une pure pensée totalement dénuée de parole est-elle seulement possible ? 2) La pensée parle, est parlante. Qu'est-ce que peut être une pensée "pure", sans parole, muette ? Une telle activité est-elle possible ? Et, si ellel'est, est-elle toute la pensée, la pensée en ce qu'elle a de plus éminent ou au contraire la pensée en ce qu'elle estle plus balbutiant ? " C'est dans les mots que nous pensons.

Nous n'avons conscience de nos pensées déterminées et réelles quelorsque nous leur donnons la forme objective, que nous nous les différencions de notre intériorité, et par suite, nousles marquons d'une forme externe, mais d'une forme qui contient aussi de caractère de l'activité interne la plushaute.

(…) Et, il est également absurde de considérer comme un désavantage et comme un défaut de la penséecette nécessité qui lie celle-ci au mot.

On croit ordinairement, il est vrai, que ce qu'il y a de plus haut, c'estl'ineffable.

Mais c'est là une opinion superficielle et sans fondement ; car en réalité, l'ineffable, c'est la penséeobscure, la pensée à l'état de fermentation, et ce qui ne devient clair que lorsqu'elle trouve le mot.

Ainsi le motdonne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie. " Hegel, Philosophie de l'esprit .

Commentaire.

D'emblée, Hegel soutient que c'est dans les mots que nous pensons, qu'il n'y a donc pas d'extériorité entrepensée et parole ou plutôt entre l'acte de penser, d'avoir des idées et l'acte de parler, de faire de phrases.

Cequi signifie donc qu'on ne pense pas dans les images, les sensations ou les affects. Premier argument : la verbalisation de nos pensées en assure la réalité et permet d'en prendre consciencecomme telles.

Pour le montrer, Hegel fait deux distinctions superposées : entre l'intériorité et extériorité etentre subjectivité et objectivité.

L'intériorité, associée à la subjectivité, c'est ce que serait une pure penséesans mot, une activité psychique sans verbalisation, tandis que l'extériorité et l'objectivité sont les mots en cequ'ils sont d'abord extérieurs à notre esprit (nous les apprenons) et objectifs en cela qu'ils s'imposent à nouscomme tous les objets, ils sont donc étrangers à notre intériorité subjective.

Toutefois, cette doubledistinction ne rend pas la pensée et la parole totalement distinctes : l'activité subjective et intime de notreesprit n'advient à elle-même, ne produit des formes déterminées, disons des idées claires ou même des idéestout court, qu'en prenant la forme externe et objective des mots.

En dehors des mots, ma pensée n'est qu'unchaos sans contours, sans formes et en lequel rien ne se distingue du reste, ne se détache de manière stable,donc en lequel rien de ce qu'on appelle une idée n'est présent.

Mais ce n'est pas tout : comme le dit Hegel, laverbalisation permet de prendre conscience de nos pensées, car en dehors de la verbalisation, je ne peux passavoir à quoi je pense si toutefois je pense : comment pourrais apercevoir mes pensées si elles ne sont pasdites ? (Ce qui exclut des pensées inconscientes comme telles … Une pensée qui n'a pas encore trouvé sesmots est inconsciente comme telle) Admettons, mais on pourrait alors faire valoir que cette objectivation nécessaire de nos pensées ne peut queles trahir : une fois verbalisées, mes pensées risquent de ne plus être elles-mêmes, forcées d'emprunter uneforme objective et externe en lesquelles elles ne sauraient se retrouver.

L'objection ne vaut pas explique Hegel: puisque je n'ai pas encore vraiment une pensée avant de la dire, c'est-à-dire de l'avoir verbalisée, elle nepeut être trahie par cette verbalisation, elle ne peut au contraire qu'être révélée à elle-même et à moi-mêmepar cette verbalisation ! Verbaliser n'est pas trahir ses pensées, c'est en faire des pensées au sens strict duterme.

Voilà pourquoi l'ineffable, ce qui ne peut se dire et donc ce qui n'est pas verbalisé, ne vaut pas plus quel'idée verbalisée.

A proprement parler, une idée ineffable est un non-sens : ou bien elle est une idée et comme. »

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