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Quels rapports y a-t-il entre l'attention et la volonté ?

Publié le 12/01/2010

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Le concept d'attention recouvre plusieurs espèces d'actions qui diffèrent beaucoup. On peut parler de l'attitude attentive ou intéressée d'un animal ou d'un enfant, mais on dira aussi qu'un savant absorbé dans son travail est très attentif à ce qu'il fait. Pour essayer de comprendre ce qui constitue l'unité de l'attention dans ces cas si peu ressemblants, prenons deux exemples assez opposés :  Un enfant qui voit s'envoler un papillon cherche à l'attraper. Un crapaud saute près de lui, il l'évite avec dégoût ; il voit remuer l'herbe tout à côté, il s'arrête et cherche à savoir ce qui cause ce mouvement, immobile, scrutant du regard mais, si rien ne se passe, il s'en va plus loin...  Un intellectuel exécute un travail dans son bureau. Son attitude reste longtemps la même : immobilité relative du corps avec seulement un mouvement des yeux et du bras qui écrit. Il ne prend point garde aux bruits qui viennent de l'extérieur... De temps à autre cependant, il se lève et va chercher dans sa bibliothèque un livre qu'il compulse, puis revient rapidement à son bureau. S'il se met à fumer, c'est en tirant machinalement la cigarette de l'endroit où elle est, sans avoir l'air de s'intéresser à cet objet.

« L'attention de type volontaire est ainsi définie comme trouvant sa source d'énergie dans les tendances supérieuresde la volonté Mais elle présente, d'autre part, certains autres caractères qui la différencient plus nettement encorede l'attention de type spontané.L'attention volontaire trouve, en effet, ses principes, ses règles dans la Raison ou l'intelligence.

L'attention, engénéral, était définie par certains caractères physiologiques, par l'orientation et l'unification de la conduite et,d'autre part, par une certaine dissociation opérée dans le champ de perception ou de conscience, par l'isolementd'un stimulus ou d'un objet ou d'un être quelconque.

Je suis sur la plage.

Je me repose.

Je n'ai devant moi quel'étendue plate et monotone du ciel, et pas de pensée, pas de préoccupation.

Brusquement, le cri d'un goéland.

Surle fond d'indifférence de tout à l'heure, quelque chose s'est spontanément détaché, isolé, mis en relief ; un être aété extrait du monde environnant.

Je me trouve dans là même situation.

Las de sommeiller,' je me mets àcontempler les nuages.

J'y vois des formes.

Je cherche dans ces formes des objets familiers.

Là, aussi, quelquechose est extrait du monde par la perception ; mais, cette fois, il a fallu un effort pour aboutir à ce résultat : j'aiopéré une abstraction.

Celle-ci est une extraction qui a nécessité une dépense d'énergie et un effort contre soi, caril est plus facile de laisser aller les nuages comme ils vont que de chercher en eux des formes connues, d'y «abstraire » des formes connues.Ces formes nous permettent d'insister sur un point important : l'attention volontaire est prédéterminée.

Ces formes,je les connaissais déjà.

Je les ai retrouvées dans les nuages parce que je les avais en mémoire.

C'était préparéd'avance.

C'est pourquoi Lamarck disait que « l'attention a un rôle préparant ».J'ai donc des formes, des dessins, des concepts préparés à l'avance.

Mais si je suis capable de retrouver ces formesà partir des objets de la perception, ou de faire entrer les objets de la perception dans ces cadres abstraits, dansdes schèmes, c'est que je suis capable d'opérer une synthèse entre les schèmes et les objets.

C'est que je suiscapable d'enrichir ma connaissance, de créer de nouvelles connaissances originales à partir d'anciennesconnaissances vieilles et desséchées.

Cette activité de synthèse à partir d'anciens schèmes présente avec l'activitéspontanée dans l'attention ordinaire, cette différence qu'elle est enrichissante et qu'elle attire à elle de multiplespoints de vue nouveaux sur le monde.

Ainsi, le travailleur intellectuel, à partir de certains principes sur la descriptionesthétique d'un objet, peut trouver dans la maison qu'il décrit quantité d'aspects qu'un enfant ou un animal nopourrait jamais deviner.

L'attention volontaire, grâce aux schèmes intellectuels, est productrice.

L'enfant nepossédant pas ces schèmes n'a pas cette possibilité de synthèse productrice.

Certes, il éprouvera à chaque visionnouvelle une impression d'enrichissement, mais c'est parce qu'il est déjà un homme et assimile dans sa mémoire.L'animal, lui, comme le remarquait Lamarck, « ne trouve dans la nature aucune merveille, aucun objet de curiositéet, en un mot, aucune chose qui l'intéresse, si ce n'est ce qui sert directement à son besoin ou à son bien-être ».

Ilvoit tout le reste sans le remarquer, c'est-à-dire sans y fixer son attention.qui dit préconception, principe, dit but.

L'attention de l'homme évolué est orientée vers certains buts, donc finaliste.Et qui dit finalité, dit volonté.

Par conséquent, là encore, cette attention est étroitement liée à la volonté.Mais l'attention n'est pas la volonté elle-même.

Organisatrice, unifiante, productrice d'abstractions et activité desynthèse, elle suppose partout présente à l'oeuvre la volonté.

Cependant, celle-ci, qu'elle soit nommée faculté.fonction, ou activité de synthèse elle aussi, a ceci de particulier qu'elle est attribuée au caractère de l'individu.Donc elle est un fait permanent.

Elle s'exerce, elle agit, mais elle ne se perd pas dans chacune de ses actions, elledemeure.

D'un individu on dit aujourd'hui qu'il a de la volonté.

On le dira encore probablement dans dix ans, maisl'attention est un point qui s'inscrit dans l'espace et le temps, dans des conditions déterminées ; c'est une opérationqui s'effectue « hic et nunc ».

Dans la philosophie de Descartes, elle est plus ou moins liée à l'intuition claire etdistincte de l'objet, qu'elle provoque et qui, en tout cas, se produit dans l'instant.

L'attention est une opérationconcrète, déterminée dans l'espace et le temps, quand la volonté est une faculté abstraite et permanente.

C'estpourquoi, d'ailleurs, elle apparaît si intéressante à une psychologie expérimentale, qui peut se permettre plusaisément de mesurer l'attention que la volonté.La volonté est-elle la volonté parce qu'elle s'installe a priori dans l'homme 9 L'attention est-elle ce qu'elle est parcequ'elle est un aspect de la volonté ? Le rapport faculté abstraite-opération concrète resterait mystérieux comme lerapport aristotélicien de la puissance à l'acte, si nous ne pouvions rattacher volonté et attention à l'activitéhumaine concrète, réelle.

Cherchons ces deux points psychologiques dans l'activité humaine, et nous trouveronsassez vite que l'attention est le caractère psychologique fondamental du travail ; d'où l'on peut déduire aisémentque l'attention volontaire, comme faculté permanente, c'est-à-dire la volonté, est le produit historique de l'énormetravail des générations passées qui ont réussi à forger dans une certaine mesure l'homme volontaire.

Le lien entrecette disposition acquise et l'opération toujours répétée, d'attention prédéterminée, apparaît alors plus nettementdans une perspective lamarckiste.. »

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