Devoir de Philosophie

Quelles différences faites-vous entre un personnage de théâtre et un personnage de roman ?

Publié le 21/03/2009

Extrait du document

• Ce type de sujet est fréquent : opposition de genres littéraires, problème de l'adaptation filmique du théâtre ou du roman, mérites comparés du théâtre et du cinéma... La confrontation entre roman et théâtre est cependant plus originale.  • Se pose dans ces cas le problème du plan. Évitez absolument de consacrer des parties séparées à chacun des éléments (ex. : I. Le personnage de théâtre, II. Le personnage de roman). Votre devoir descendrait aussitôt en-dessous de la moyenne car vous n'auriez pas montré de façon réflexive les différences. Vous pourriez à la rigueur rajouter une troisième partie pour les comparer, mais elle vous exposerait à des redites. Autre plan possible :  I. Les différences  II. Les ressemblances  III. Synthèse  Il est plus acceptable mais banal. Mieux vaut essayer de trouver un plan original adapté au sujet, en comparant les deux termes selon plusieurs points de vue par exemple.  • Attention : le sujet porte sur les personnages, vous seriez hors sujet en comparant de façon générale roman et théâtre. Vous serez certes appelés à le faire, mais à condition de maintenir l'objectif sur le personnage.  • Suggestion : il est bien sûr indispensable de citer des œuvres précises. Un tel devoir exige la connaissance d'un certain nombre de pièces et de romans, et un minimum de notions sur l'histoire de ces genres. Mais penser aux héros célèbres pourra vous aider : Dom Juan, Figaro, Mme de Clèves...  

  • I. La perception du lecteur

 — Renseignements sur le personnage  — Le temps et l'action  — Approfondissements ou types

  •  II. Les différences introduites par le spectacle

 — L'incarnation dans un acteur  — Le rôle du metteur en scène  — L'intervention des spectateurs

  •  III. Évolution et complexité des rapports

 — Parenté ou divorce des personnages suivant les mouvements artistiques  — Personnages communs au roman et au théâtre  — Influence de la radio et du film  

« déchire à cause de l'intrus ; Morts sans sépulture, Les Mains sales présentent des choix faits dans descirconstances graves (Résistance, crime politique).Le romancier dispose d'une plus grande liberté pour suivre son personnage le long de sa vie, et intégrer ses tempsmorts.

Dans À la Recherche du temps perdu, le héros et ses amis vieillissent peu à peu.

L'introspection permetd'ailleurs de passer, par la mémoire, d'une époque à une autre.

Dans La Rabouilleuse de Balzac, Flore passe del'enfance à la maturité.Les contraintes propres au théâtre empêchent donc que le personnage se présente dans toute sa complexité d'êtrevivant.

Elles favorisent la création de types humains plus souvent outrés que dans le roman.

La tradition imposaainsi des rôles de répertoire dans la Commedia dell'arte (Arlequin) comme dans la comédie française (les amoureux,souvent nommés Dorante, Valère ou Isabelle, Géronte le vieillard abusif ou amoureux, Sganarelle créé par et pourMolière...).

Othello symbolise la jalousie, Iago le traître, Harpagon l'avare...

Dom Juan, Tartuffe, Œdipe sont devenusdes noms communs.

Les bons et les méchants, les lucides et les aveugles se distinguent clairement : Henriettes'oppose à Armande dans Les Femmes savantes, Ruy Blas à Don Salluste...

Pour Sartre, ces types universels sontencore trop individualisés :« s'il doit s'adresser aux masses, dit-il dans Un Théâtre de situations, le théâtre doit leur parler de leurspréoccupations les plus générales, exprimer leurs inquiétudes sous la forme de mythes que chacun puissecomprendre et ressentir profondément ».

Le caractère du héros se révélera donc à travers ses prises de positiondevant les difficultés, peu importe sa psychologie intime.Le roman au contraire présente souvent des analyses psychologiques approfondies, ses héros sont plus ancrés dansune époque, une individualité.

Manon Lescaut, René, la religieuse de Diderot, Julie dans La Nouvelle Héloïse sontreprésentatifs des aspirations de leur temps, mais conservent une personnalité propre.D'autres éléments interviennent pour faire du personnage de théâtre un être particulier.

Le roman, une fois écrit, sepropose toujours identique à la lecture : Madame Bovary, Lucien Leuwen ne changent pas à travers les siècles.Certes chaque lecteur les imagine à sa façon, est frappé par tel ou tel aspect.

Chaque époque jettera sur Rastignacou sur Vautrin un œil neuf suivant ses tendances.

Mais la pièce, elle, a une double vie.

Molière écrit dans «Avertissement au lecteur » de L'Amour médecin : « On sait bien que les comédies ne sont faites que pour êtrejouées, et je ne conseille de lire celles-ci qu'aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout lejeu du théâtre.

»Car le personnage est incarné dans un acteur qui lui prête son physique, sa voix et même parfois sa personnalité.

Lehéros est à la fois plus flou et plus précis que dans le roman : plus précis parce qu'il est en chair et en os, plus flouparce qu'il peut se présenter sous des corps divers (grand, petit, blond, brun, gros, mince), des âges variables(Phèdre sera tantôt encore jeune, tantôt mûre).

Même le sexe peut changer ; longtemps les rôles de femmes et dejeunes filles furent joués par des hommes.

Le petit Chérubin peut s'incarner dans une actrice ou dans un acteur.Parfois le comédien s'identifie au rôle par son talent, et le Cid prend pour nous le visage de Gérard Philipe, Césarcelui de Raimu.

Don Juan change avec ses différents interprètes : L.

Jouvet, J.

Vilar, M.

Piccoli...De plus en plus aussi le metteur en scène intervient pour infléchir le personnage dans telle ou telle direction :suivant son optique, Tartuffe sera séduisant ou repoussant, le misanthrope tragique ou ridicule...

Pour J.

Vilar, DonJuan se libère de sa classe sociale et libère les autres, il préfigure le socialisme.

Les costumes, le décor, les gestespeuvent changer totalement la signification d'un héros.

Napoléon a raconté comment le ton habile et rusé d'unacteur pour la réplique « Soyons amis, Cinna » lui a fait saisir le sens réel de la clémence d'Auguste, qui selon lui estdue au sens politique et non à la grandeur d'âme, ce qui modifie totalement la portée de la pièce.

L'intonationchoisie pour le « Sortez » de Roxane marquera le déchirement ou la fureur. De nos jours, nous allons plus souvent voir le « Molière de Chéreau », le « Marivaux de Planchon ou Vitez » que lacréation originale des auteurs.

En fait, le théâtre nous offre ce qui est impossible pour le roman : l'interprétationd'une œuvre par un individu, œuvre qui d'ordinaire reste enfouie au fond de chacun des lecteurs ou n'est connueque par ses commentaires.La collaboration de l'auteur, d'un acteur ou du metteur en scène fait parfois aussi du personnage une créationcollective, très rare dans le roman.

On sait que Jouvet fut un « inspirateur » pour Giraudoux, lui faisant remanier sespièces en tant que metteur en scène, tandis que l'auteur créait ses personnages pour Jouvet acteur, qui a mêmedonné son nom à un héros de L'Impromptu de Paris et de L'Apollon de Bellac.Enfin le public, présent dans la salle ou par les critiques des médias, peut manifester son interprétation : Ionescos'est ainsi aperçu que La Cantatrice chauve faisait rire alors qu'il la concevait comme une tragédie, tandis queSartre a pensé retirer sa pièce Les Mains sales, reçue malgré lui comme anticommuniste.

Car la présence physiquedu personnage facilite l'identification et démultiplie les émotions : on rit ou pleure davantage quand on est entourépar la foule que lorsqu'on est isolé devant un roman.

Par ailleurs, le spectateur a toute liberté pour regarder plutôtun personnage qu'un autre : il dirige son regard alors que le romancier le fait pour lui.L'absence de l'écrivain dans son texte, les surprises de la représentation font donc que le personnage théâtraléchappe plus que tout autre à son créateur.Cela dit, les rapports entre théâtre et roman évoluent dans l'histoire littéraire, et souvent se définissent l'un parrapport à l'autre, s'attirant ou se repoussant.Ainsi les échanges de types humains ou de techniques sont fréquents : au xviie siècle, le roman pastoral présenteles mêmes héros et intrigues que dans les bergeries théâtrales, au xixe siècle le romantisme met à la mode lespièces historiques aux caractères tranchés et aux décors nombreux, comme dans Shakespeare mais aussi sousl'influence du romancier Walter Scott.

Alexandre Dumas construit ses romans par épisodes ponctués de coups dethéâtre, avec des héros simples pour la psychologie.

Les romans de Mauriac reproduisent les huis clos étouffants quicaractérisent certaines pièces.

Lorenzaccio par sa longueur permet une psychologie plus nuancée, le personnageprincipal n'est ni bon ni mauvais mais déchiré entre plusieurs aspirations.

Les représentations très longues, deClaudel par exemple, n'effraient plus.

On peut voir aussi plusieurs actions en même temps sur la scène, comme dans. »

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