Quelle est la portée de la Déclaration des Droits de l'homme ?

Depuis 1789, la déclaration a été maintes fois remaniée. Toutefois, la version adoptée par l'ONU en 1948 garde à peu près intégralement les bases établies au moment de la révolution, particulièrement l'idée d'universalité.

Par là elle rejoint une préoccupation essentielle de la notion de droit. Depuis l'Antiquité, un débat oppose ceux qui pensent que le droit est d'origine conventionnelle à ceux qui le jugent fondé en raison. Pour les premiers, la validité d'une législation est relative, il suffit qu'elle soit acceptée pour être légitimée. Une légalité n'a d'autre fondement que l'obéissance dont elle est l'objet. Pour les seconds, au contraire un accord des hommes entre eux ne suffit pas. Rien ne garantit en effet que cet accord n'aboutisse pas à l'oppression de l'individu isolé ou des minorités par la majorité. Plus généralement, un accord suppose des raisons qui entraînent l'adhésion, elles doivent donc reposer sur l'assentiment de tous et non d'une fraction même majoritaire, car alors rien ne garantit qu'elles ne s'identifient pas à des intérêts. C'est pourquoi l'idée d'universalité ne peut être écartée d'une réflexion sur le droit. Ce dernier n'a de sens que s'il est susceptible de recevoir l'assentiment de tous. Alors seulement on peut être certain que la règle qui en découle n'est pas oppressive.

La déclaration, en présentant ses principes comme universels, entend donc dépasser les particularismes et affirmer la possibilité d'un accord de tous sur une base commune.

Parmi les difficultés inhérentes à l'idée de Droits de l'Homme, on relèvera les traditions culturelles diverses. Il est certain que plusieurs principes énoncés se heurtent aux habitudes culturelles de certains peuples, ce qui explique la prudence avec laquelle il convient d'user de la notion. Il serait en effet contradictoire avec leur esprit de vouloir imposer les Droits de l'Homme, puisqu'ils se fondent sur la libre adhésion des individus. Ainsi se dégage un de leurs traits constitutifs : les Droits de l'Homme ne sont pas figés en une formule définitive, ce sont des principes qui ne cessent d'être discutés. N'étant la propriété de personne, ils ne sont pas non plus fermés en un système de pensée qui, nécessairement, se trouverait condamné à la sclérose.