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Quel est le sens du mot « forme » dans l'expression « psychologie de la forme » ? Pouvez-vous indiquer sur quelque exemple l'intérêt de cette notion ?

Publié le 17/06/2009

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INTRODUCTION. - La psychologie de la forme, dont une théorie particulière s'appelle Gestaltpsychologie, est née d'une idée du psychologue autrichien EHRENFELS, développée peu après par WERTHEIMER 0880-1943). Les Allemands KOFFKA (1886-1944) et KöHLER, passés ensuite aux États-unis, en donnèrent une interprétation matérialiste, tandis que l'interprétation du Français Raymond RUYER est spiritualiste. Laissant d'abord de côté toute vue métaphysique, nous essaierons de donner une idée de cette psychologie. Puis, dans une réflexion plus philosophique que psychologique, nous tenterons de dégager ce qui en fait l'intérêt. I — LE SENS DU MOT « FORME «

A. -- La notion de « forme « à partir d'exemples. Le mot « forme «, tel qu'il est employé dans l'expression « psychologie de la forme «, pourrait avoir comme synonymes les mots que le dictionnaire allemand-français donne pour son équivalent germanique « Gestalt « : figure, configuration, aspect, face, air, allure, espèce ou apparence. La forme propre d'une mélodie permet de l'identifier, de ne pas la confondre avec une autre. Chaque mélodie a son dessin propre, comme, dans le monde végétal, chaque arbre a l'apparence de son espèce, de telle sorte qu'on ne confondra pas un chêne et un tilleul. Que ce chêne soit grand on petit, rien n'est changé, il appartient toujours à l'espèce chêne, il a toujours la même forme. Ainsi, dans une pièce musicale, reconnaissons-nous les quelques mesures mélodiques du thème énoncé au début du concerto, puis repris, transposé à des hauteurs différentes, rendu tour à tour par des instruments aux timbres variés, exposé parfois en solo ou bien accompagné par l'orchestre.

« A.

Les phénomènes du monde forment des ensembles. — C'est vrai du monde physique, où l'on trouve des ensembles : système solaire, galaxies, atomes.

Ces ensembles, dominateurs par rapport à ce qui se trouve sous eux,sont à leur tour englobés dans le grand ensemble du cosmos.

Le progrès de la connaissance scientifique, c'est unprogrès dans la connaissance synthétique de ce tout, un acheminement vers la possession de la formule du inonde.Ce qui est éparpillé selon la connaissance vulgaire est regroupé par les efforts de la connaissance scientifique.

Lessciences particulières se forment d'abord, telles des îlots, mais ces îlots tendent graduellement à se fondre en uncontinent unique.

Parce qu'on a saisi les liens qui réunissent les sciences physiques particulières, on est passé de lapluralité des sciences à l'unité de la science physique.Dans les sciences humaines, nous allons aussi vers un progrès dans la connaissance des ensembles où se trouveinséré l'homme: race, religion, profession...

De même qu'une case d'échiquier, se trouve prise dans diversalignements, et ceci simultanément (on ne s'en aperçoit cependant que par des perceptions successives), de mêmechaque homme se trouve pris dans un réseau d'appartenances qui conditionnent son être.

Pour bien connaîtrel'homme de notre temps, il faut donc connaître ces ensembles spatio-temporels.

Et si l'on veut bien connaître sapsychologie profonde, il faut avant tout admettre qu'elle est dominée par une synthèse vivante et unique.

Nousvoilà certes fort éloignés de CONDILLAC, et il ne reste plus qu'à reléguer la statue qu'il imaginait au musée descuriosités de l'histoire des philosophies. B.

Les ensembles sont primitifs. Dans toute sensation, si fruste soit-elle, on peut distinguer une structure.

Dès lors, la psychologie de la forme nous invite à dépasser toute opposition entre l'actif et le passif.

Elle nous invite dumoins à ne pas séparer dans la réalité vive ce que l'abstraction sépare pour les besoins de l'analyse.Traditionnellement, on distingue en effet le sujet qui perçoit et l'objet qui est perçu.

Dès lors la tendance est grandede favoriser indûment l'aspect passif ou l'aspect actif.

Pour l'empiriste, « percevoir, c'est recevoir »; pour sonadversaire subjectiviste, « percevoir, c'est construire ».

La synthèse gestaltiste dissout l'opposition en la dépassant: dans la perception, le sujet et l'objet forment un ensemble.

Par ses sens l'homme est réuni au monde; par le pontde la perception il prend contact avec ce monde, et ce contact est même une condition nécessaire de laconnaissance intellectuelle.

Mais ne rejoignons-nous pas ici la doctrine scolastique selon laquelle la perception estl'acte commun du « sentant » et du « senti » ? Ainsi, la psychologie de la forme semble postuler de préférence unevue du monde qui est celle du conceptualisme réaliste : l'homme connaît le monde parce qu'il est accordé au monde. C.

Si, enfin, les ensembles sont organisés, la psychologie de la forme est une invitation à croire aux valeursrationnelles, invitation particulièrement agréable à une époque troublée comme la nôtre et que d'aucuns tiennent àplacer sous le signe de l'absurde.

Mais comment la psychologie de la forme soutient-elle les valeurs rationnelles ?D'abord, en tant que psychologie scientifique : la science ne permet pas de douter de la raison.

Mais ensuite, àcause de ses implications métaphysiques.

En effet,, si l'étude de la perception permet d'affirmer la présence d'uneforme des phénomènes, il faut, en vertu du principe de raison suffisante, conclure à la présence d'une forme desêtres.

A moins d'opter pour l'alternative kantienne, il ne reste au gestaltiste qui dépasse le plan scientifique pourentrer dans la spéculation métaphysique qu'une seule avenue : l'aristotélisme.

Et l'élan qui le conduit de la formegestaltiste vers l'essence des êtres le mènera encore plus loin.

Si les ensembles sont organisés, il leur faut bien unorganisateur.

Qui sera-ce, sinon ce Dieu qui, selon le mot de LEIBNIZ, calcule, et dans cette opération, le monde secrée, Dum Deus calculat, fit mundus. CONCLUSION. -- Ainsi, la réflexion sur la notion gestaltiste de « forme » peut conduire vers les sommets de la métaphysique classique.

Sans doute plusieurs psychologues de la forme n'acceptent pas cette interprétation.Tenants du matérialisme, ils pensent que le cosmos peut bien, s'organiser de lui-même.

S'ils pensent ainsi, c'estpeut-être que par une transposition inconsciente ils confèrent à cette matière indépendante les attributs divins.. »

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