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Quel désir est a l'origine de l'oeuvre d'art ?

Publié le 18/04/2010

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Quel désir est a l'origine de l'oeuvre d'art ?

Il est difficile d'identifier un désir précis qui serait à l'origine de toutes les oeuvres d'art. On comprend que ce désir, qui est une tendance spontanée et consciente vers une fin connue ou imaginée ne peut trouver dans l'art qu'une satisfaction indirecte et détournée que la réalité ne peut donner. Aussi, pensez dès le départ qu'une oeuvre d'art est conçue pour satisfaire un désir serait réduire l'oeuvre d'art à une simple extension des fonctions vitales auquel l'esprit n'aurait aucune part. L'art, partie essentielle de la culture a des buts certainement plus nobles qu'une satisfaction des pulsions. L'art se doit par exemple de montrer la vérité des choses sous un jour inédit, de provoquer, de faire réfléchir, de surprendre, de divertir. Mais y-a-t-il tout de même un désir à la base de ces fonctions de l'art ? Ce désir est-il évident, comme s'exprime-t-il ? 

« L'art occupe le milieu entre le sensible pur et la pensée pure. Hegel (1770-1831) a donné des leçons sur l'art à Berlin, pendant le semestre d'hiver1820-1821, au cours des étés 1823-1826 et de l'hiver 1828-1829.

Peu de temps aprèssa mort, ses disciples les plus proches publient le texte de ces leçons dans l'éditionallemande de 1835.

Ce n'est qu'à partir de 1944 que ces leçons ont commencé à êtrepubliées en France.

La traduction la plus récente est celle de S.

Jankélévitch, sous letitre d'Esthétique (Flammarion, 1979). On peut y lire : « L'art occupe le milieu entre le sensible pur et la pensée pure.

»Autrement dit, Hegel définit l'art comme la mise en forme sensible d'un contenu spirituel.Toute œuvre d'art est une totalité finie conciliant l'idée ou le message qui s'adresse àl'esprit avec la matière sensible qui en constitue l'expression nécessaire et qui s'adresseextérieurement à la vue ou à l'ouie :« Elle (l'oeuvre d'art) doit être activité spirituelle, mais comporter en même temps uncôté sensible et direct..

La productivité artistique exige l'indivision du spirituel et du sensible.

Nous disons des produits de cette activité qu'ils sont des créations de la fantaisie.

En eux s'exprimentl'esprit, le rationnel, la spiritualité qui rend son contenu conscient à l'aide d'éléments sensibles.

» Hegel s'opposeainsi à l'art purement visuel évoqué par Lessing.

En le rapportant à des périodes de l'histoire spirituelle de l'humanité,il est amené à considérer que l'art, comme réalisation de l'absolu, est dépassé par la religion et la philosophie : «L'art reste pour nous, quant à sa suprême destination, une chose du passé.

» L'art n'adoucit-il pas notre vie ? Ne charme-t-il pas agréablement nos loisirs ? En tant que création sans cesserenouvelée de l'imagination, l'art ne défie-t-il pas toute définition et tout traitement philosophique ou scientifique ?Hegel réfute ces objections.

L'art ne se réduit pas à un simple jeu fugitif, au service de nos plaisirs et distractions.

Ilne se réduit pas à l'exaltation du sentiment, ni même à l'expression personnelle.

S'il est vrai que l'art agit sur notresensibilité, il n'en a pas moins une valeur intellectuelle.

Il nous fait pénétrer dans le domaine spirituel ; il révèle, sousforme sensible, l'absolu, et touche ainsi, comme la philosophie et la religion, aux plus hauts intérêts de l'humanité :« La plus haute destination de l'art est celle qui lui est commune avec la religion et la philosophie.

Comme celles-ci,il est un mode d'expression du divin, des besoins et des exigences les plus élevés de l'esprit.»Cependant l'art « diffère de la religion et de la philosophie par le fait qu'il possède le pouvoir de donner de ces idéesélevées une représentation sensible qui nous les rend accessibles ».Si, dans toute œuvre d'art, l'esprit se matérialise et la matière se spiritualise, alors le but de l'art n'est pas d'imiter lanature.

Hegel s'oppose à ceux qui prétendent que, la beauté naturelle étant supérieure à la beauté artistique,l'artiste doit reproduire ce qu'il y a de beau dans la nature.

A quoi bon refaire une seconde fois ce qui existe dans lemonde extérieur? Une telle répétition est superflue.

De plus, l'art ainsi conçu restera toujours inférieur à la nature,car« Limité dans ses moyens d'expression, il ne peut produire que des illusions unilatérales, offrir l'apparence de laréalité à un seul de nos sens; et, en fait, lorsqu'il ne va pas au-delà de la simple imitation, il est incapable de nousdonner l'impression d'une réalité vivante ou d'une vie réelle: tout ce qu'il peut nous offrir c'est une caricature de lavie.

»C'est précisément parce que l'art est un produit de l'esprit humain qu'il est supérieur à la nature.

Loin de n'être qu'unpur jeu d'apparences et d'illusions, l'art présente sur la réalité extérieure la même supériorité que la pensée :« Ce que nous recherchons dans l'art, comme dans la pensée, c'est la vérité.

Dans son apparence même, l'art nousfait entrevoir quelque chose qui dépasse l'apparence: la pensée.

»Contrairement aux événements et phénomènes qui dissimulent la pensée sous un amas d'impuretés et nous fontcroire qu'eux seuls représentent le réel et le vrai, l'art débarrasse la réalité extérieure de tout ce qui n'est quecontingence ou fatras de détails, pour en dévoiler l'essence et la vérité« L'art creuse un abîme entre l'apparence et l'illusion de ce monde mauvais et périssable, d'une part, et le contenuvrai des événements, de l'autre, pour revêtir ces événements et phénomènes d'une réalité plus haute, née del'esprit.

»Il en résulte que si l'art peut être traité d'apparence, son apparence n'est pas de l'ordre de l'illusion et du mensonge,mais au contraire de l'essentiel.

Par rapport à la réalité courante, les manifestations de l'art possèdent une réalitéplus haute, une existence plus vraie.

En épurant le réel, l'art en dévoile l'essence.C'est la considération du contenu spirituel de l'art qui permet à Hegel de distinguer trois grands types d'art:symbolique, classique, romantique.L'art symbolique ou oriental est encore à la recherche de l'Idéal.

Il appartient à la catégorie du sublime, « et ce quicaractérise le sublime, c'est l'effort d'exprimer l'infini».

Mais comme l'infini est une abstraction, « à laquelle ne sauraits'adapter aucune forme sensible », un tel art pousse la forme au-delà de toute mesure.

D'où, en Inde, en Égypte,en Mésopotamie, des statues aux cent bras et aux cent poitrines, des géants et des colosses, des sculptures etune architecture monumentales.Après l'art symbolique qui révèle le sentiment d'une disproportion écrasante entre l'humain et le divin, entre le fini dela forme et l'infini du contenu, vient l'art grec classique qui atteint l'Idéal.

Il se caractérise par « la libre adéquationde la forme et du concept».

Les dieux sont ramenés à des proportions plus humaines et collaborent à l'édification dela cité.

L'homme se sent chez lui dans un monde qui lui est propre, en union intime avec la réalité politique,religieuse, morale.

L'esprit de l'art a enfin trouvé sa forme : la forme humaine.

Celle-ci est « la seule que puisserevêtir le spirituel dans son existence temporelle.

Dans la mesure où l'esprit existe, et existe d'une existencesensible, il ne peut se manifester sous aucune autre forme qu'humaine ».

Cet idéal de beauté, qu'on trouve, en. »

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