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Que signifie faire appel à son esprit critique ?

Publié le 12/03/2009

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Que signifie faire appel à son esprit critique ?

Le mot « critique « vient du grec « kritikos «, qui signifie « capable de juger, de discerner. « Le terme « esprit « sous-entend un état permanent, comparable dans une certaine mesure à un trait de caractère qui ne s’efface pas. L’ « esprit critique « serait donc la tournure d’esprit propre à celui qui, dans chacun des objets qu’il a la possibilité d’observer, cherche à discerner le bien du mal, le vrai du faux. La philosophie étant la recherche du vrai, il apparaît indispensable d’avoir connaissance de la nature de l’esprit critique si l’on veut appréhender cette science.    Comment fonctionne l’esprit critique ? A quoi s’oppose-t-il ? Quels sont les difficultés rencontrées par celui qui y fait appel ? L’esprit critique connaît-il des limites, et, si oui, quelles sont-elles ? L’esprit critique est-il la « voie royale « vers la connaissance de la vérité ?  

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« L'homme exerçant son esprit critique s'oppose également aux empiristes, qui font de l'expérience sensible la sourcede toute connaissance.

Faire appel à son esprit critique implique avoir une tournure d'esprit rationaliste, c'est à direne pas faire systématiquement confiance au message sensible.

Une personne pour qui la vérité découleraituniquement de la perception croirait, à tort, que la Terre est plate et que le soleil tourne autour d'elle.

Ce n'estqu'en doutant de soi-même qu'on peut remettre en cause une telle cosmogonie, et ce n'est qu'en faisant appel à lalogique qu'on peut en prouver la fausseté.

Ératosthène a prouvé par les mathématiques que la Terre était rondebien avant que Magellan n'accomplisse son tour du monde, et Galilée a démontré que notre planète tournait autourdu soleil avant que les premiers astronautes puissent l'attester. Faire appel à son esprit critique, on l'a vu, c'est savoir étudier à fond un problème (qui n'en est pas forcément unpour autrui), en se posant toute une série de questions sur chacun de ses éléments constitutifs afin d'en déterminerla nature.

Cette méthode de travail, qui doit mener vers la vérité, s'oppose à celle des sophistes, premiers tenantsde la théorie selon laquelle « tout se vaut » et qui pensaient que toute vérité était relative.

Les sophistesenseignaient aux jeunes Athéniens fortunés l'art oratoire, l'art de convaincre.

Dans ses dialogues, Platon lesprésente comme des charlatans capables de soutenir, au moyen d'arguments spécieux et démagogues, n'importequelle thèse, même si celle-ci ne correspond pas à l'idéal de vérité vers lequel doivent tendre les philosophes.

Lephilosophe faisant appel à son esprit critique, c'est à dire à la raison, est donc opposé au sophisme, et, d'unemanière générale, à toutes les doctrines enseignant le caractère relatif de la vérité. Enfin, il ne faut pas comprendre esprit critique et esprit de critique.

L'esprit de critique, c'est l'attitude d'unepersonne qui prend plaisir à mettre en difficulté ses adversaires par la parole, sans veiller à la pertinence de sespropos.

Les « critiquailleurs » voient dans l'esprit critique une fin et non un moyen.

En effet, ils ne cherchent pas àatteindre la vérité, mais désirent juste dérouter leurs rivaux.

Leur critique est strictement destructive, alors quel'usage de l'esprit critique doit non seulement aboutir à une meilleure connaissance des objets, mais aussi laisserpercevoir la possibilité de les améliorer.

Faire appel à son esprit critique ne doit pas être une entreprise stérile. *** Mais avant d'aboutir à un résultat probant, nombreuses sont les difficultés qui se présentent à la personne désirantfaire bon usage de son esprit critique.

De plus, on aurait tort de voir dans le rationalisme un moyen d'accéder à la connaissance suprême, à la connaissance de tout. L'esprit critique implique le doute.

Peut-on douter de tout ? Pour les rationalistes, il faut mettre de côté l'expériencedes sens.

Est-ce véritablement possible ? Pour les platoniciens, il faut négliger l'opinion commune pour atteindre levrai.

Peut-on réellement se défaire de ses préjugés ? Faire appel à son esprit critique, c'est utiliser sa raison.

Or, il est des domaines qui, à jamais, resteront inaccessiblesà la raison : ainsi du problème de l'existence de Dieu, par exemple.

L'esprit critique connaît donc les mêmes limitesque la raison.

Si Pascal proposait une sorte de pari sur Dieu, c'est qu'il savait qu'il ne pourrait jamais prouver sonexistence uniquement par la raison. Quoiqu'en disent les rationalistes, faire appel à son esprit critique nécessite une certaine expérience de la vie.

UnAfghan ou un Iranien ayant vécu toute sa vie dans un même pays et ne connaissant du monde extérieur que ce quela propagande officielle veut bien lui en dire, pourra difficilement mettre en doute le bien-fondé des lois de son pays. De même, il y a des cas où l'esprit critique ne peut pas s'exercer sans une certaine éducation.

Un Afghan nesachant pas lire n'aura aucune raison de contester la parole des prêtres qui détournent le message du Coran à desfins politiques. A la vérité, l'esprit critique n'est pas donné une fois pour toutes : ses champs d'exercice dépendent du lieu et del'époque où l'on se place.

Avec le temps, certaines suppositions se transforment en certitudes, elles-mêmesdestinées à être nuancées dans le futur.

Aujourd'hui, plus personne ne met en doute la théorie de la tectonique desplaques.

La dérive des continents est un fait reconnu.

Pourtant, l'auteur de cette théorie, Wegener, fut considérécomme un fou par ses contemporains, et il est fort possible que le scientifique visionnaire qui mettra en doute, parexemple, l'origine de la dérive des plaques lithosphériques, subisse le même sort de son vivant. Rappelons que les philosophes, les penseurs et les scientifiques faisant appel à leur esprit critique restent des êtreshumains, et que, de ce fait, ils sont comme tout un chacun sujets à l'erreur et victimes de lacunes, de préjugés.Aristote, géant de la philosophie, était un affreux misogyne.

Sigmund Freud, théoricien de la psychologie, pensaitque « l'envie de réussir chez une femme est une névrose, le résultat d'un complexe de castration dont elle neguérira que par une totale acceptation de son destin passif.

» Alexandre Dumas, fervent défenseur de l'abolition del'esclavage déclarait lui qu »'il fallait maintenir la femme en esclavage car elle est un être circonscrit, passif,instrumentaire ».

Il est très difficile, même pour les plus grands visionnaires, de se défaire des préjugés du temps,et, par cela même, d'utiliser pleinement son esprit critique. L'exercice de l'esprit critique rencontre des obstacles, non seulement à l'intérieur de l'individu, mais aussi àl'extérieur.

Pression sociale, indifférence du public et force de l'habitude peuvent être aussi dangereux pour l'Homme. »

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