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Quand on cherche la vérité, faut-il rejeter l'autorité d'autrui ?

Publié le 18/06/2009

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La vérité peut se définir, de façon simple, comme ce qui est le critère qui vrai et du faux, c’est-à-dire plus spécifiquement la vérité-correspondance donc l’accord entre l’idée et la chose. Mais aussi la vérité-cohérence. Pourtant la question ne porte pas directement sur la définition de la vérité mais bien sur la norme ou plus exactement la condition d’accès ou d’éligibilité de la vérité. Il s’agit d’établir le critère d’accès à la connaissance et plus exactement ici le rapport à autrui. D’où vient la vérité ?  Est-elle le produit du discours d’autrui ou du propre discours de mon âme ou esprit avec moi-même tel un dialogue intérieur (comme Platon définit la réflexion dans le Phédon). Pourtant, si la vérité du discours d’autrui, elle m’est extérieure et je ne puis être certain de vérité qui m’est dite et dès lors on court le risque du dogmatisme et de la fausseté ; mais faire de l’accès à la vérité une subjectivation, n’est pas aussi courir le risque de faire de ma vérité un simplement point de vue, une perspective ? Or si cela reste quelque peu abstrait, on peut ressaisir cette question au sein de l’enseignement. En effet, enseigner n’est pas dire une vérité à quelqu’un ? Peut-on alors enseigner la vérité ?

            Si le cheminement jusqu’à la vérité est personnel (1ère partie), le rapport à autrui demeure toute de même nécessaire (2nd partie). La vérité doit alors se comprendre comme intersujectivité (3ème partie).

« comprendras plus aisément ce que je veux dire.

[…] Mon art d'accoucheur comprend donc toutes les fonctions queremplissent les sages-femmes ; mais il diffère du leur en ce qu'il délivre des hommes et non des femmes et qu'ilsurveille leurs âmes en travail et non leurs corps.

[…] D'ailleurs, j'ai cela en commun avec les sages-femmes que jesuis stérile en matière de sagesse […] Et la raison, la voici : c'est que le dieu me contraint d'accoucher les autres,mais ne m'a pas permis d'engendrer.

Je ne suis donc pas du tout sage moi-même et je ne puis présenter aucunetrouvaille de sagesse à laquelle mon âme ait donné le jour.

[…] Mais s'ils en ont accouché, c'est grâce au dieu et àmoi.

» En ce sens l'accession à la sagesse ou l'intelligence en tant que développement des capacités cognitives nepeut se faire seul mais suppose une aide qui peut prendre par ailleurs la forme de l'éducation et de la discipline.b) En effet, comme le note John Stuart Mill dans De la liberté : « Jamais homme sage n'acquit sa sagesse autrement ; et la nature de l'intelligence humaine est telle qu'elle ne peut l'acquérir autrement.

Loin de susciterdoute et hésitation lors de la mise en pratique, s'habituer à corriger et compléter systématiquement son opinion enla comparant à celle des autres est la seule garantie qui la rende digne de confiance.

» Comme on peut le voir larecherche de la vérité si elle veut éviter les erreurs et le solipsisme elles doivent se confronter à autrui afin deprogresser et de ne pas prendre pour vrai ce qui ne peut être qu'une croyance personnelle.

Or poursuit-il : « Eneffet l'homme sage - pour connaître manifestement tout ce qui se peut dire contre lui, pour défendre sa positioncontre tous les contradicteurs, pour savoir que loin d'éviter les objections et les difficultés, il les a recherchées etn'a négligé aucune lumière susceptible d'éclairer tous les aspects du sujet - l'homme sage a le droit de penser queson jugement vaut mieux que celui d'un autre ou d'une multitude qui n'ont pas suivi le même processus.

» La véritéet la connaissance ne peut se comprendre donc qu'à l'aune du rapport à l'autre c'est-à-dire dans la rencontre de laconscience d'autrui.

Il s'agit alors de développer une éthique de la discussion.c) Or c'est bien ce que développe Max Weber dans le Savant et le Politique lorsqu'il fait de la communauté scientifique un gage de scientificité dans le développement de la recherche de faits vrais, c'est-à-dire commevalidité.

En d'autres termes, c'est dans le dialogue entre moi et autrui que peut se développer une intersubjectivitéqui dès lors peu nous faire tendre vers une certaine objectivité scientifique, idéale certes, mais qui n'en reste pasmoins un critère de vérité.

C'est dire que la vérité ne se conçoit pas comme un point de vue, mais comme un accordau sein d'une communauté scientifique et c'est bien ce que l'on peut comprendre à travers cette citation : « Or lavérité scientifique universelle est le foyer d'une communauté des esprits, à travers les frontières et les siècles, etles règles du formalisme kantien sont aussi universelles, développement logique de l'idée d'humanité, de sociétéuniverselle des hommes, idée inséparable du sens profond de la vérité scientifique.

» Transition : Ainsi sans nécessaire verser dans le dogmatisme de l'autorité d'autrui, il est nécessaire de lui reconnaître uneimportance dans le processus cognitif et épistémique.

Autrui peut être un guide ou du moins un garde fou face àl'erreur ou au subjectivisme et face à l'imagination.

Dès lors faut-il dépasser ce rejet de l'autorité d'autrui et sanécessité.

III – Dépassement intersubjectif a) Or ici, par référence à cet universalisme des principes kantiens, on peut se rappeler aussi que chez Kant , la diffusion des savoirs se comprend dans une logique de circulation et de commerce entre les hommes avecnotamment le développement d'une liberté d'expression solidaire du « sapere aude », c'est-à-dire de la maxime desLumières cherchant à ce que l'on recherche par lui-même les moyens de se soutenir lui-même et de comprendre lemonde par soi : « Qu'est-ce que les Lumières ? La sortie de l'homme de sa minorité dont il est lui-même responsable.Minorité, c'est-à-dire incapacité de se servir de son entendement (pouvoir de penser) sans la direction d'autrui,minorité dont il est lui-même responsable (faute) puisque la cause en réside non dans un défaut de l'entendementmais dans un manque de décision et de courage de s'en servir sans la direction d'autrui.

Sapere aude ! (Ose penser)Aie le courage de te servir de ton propre entendement.

Voilà la devise des Lumières.

La paresse et la lâcheté sontles causes qui expliquent qu'un si grand nombre d'hommes, après que la nature les a affranchi depuis longtempsd'une (de toute) direction étrangère, reste cependant volontiers, leur vie durant, mineurs, et qu'il soit facile àd'autres de se poser en tuteur des premiers.

Il est si aisé d'être mineur ! Si j'ai un livre qui me tient lieud'entendement, un directeur qui me tient lieu de conscience, un médecin qui décide pour moi de mon régime, etc.,je n'ai vraiment pas besoin de me donner de peine moi-même.

Je n'ai pas besoin de penser pourvu que je puissepayer ; d'autres se chargeront bien de ce travail ennuyeux.

» (article Qu'est-ce que les Lumières ? de Kant ).

Et cette libération et l'accession à de nouvelles connaissances et vérités se fera par la discussion et le développementdes échanges entre les hommes.b) En ce sens, l'éducateur doit être un libérateur.

En ce sens, il ne doit pas imposer dogmatiquement une véritévenue de l'extérieure mais bien au contraire chercher à ce que l'élève produise lui-même ce cheminement vers lavérité afin qu'il soit non pas persuader, mais qu'il soit certain de son savoir tant subjectivement qu'objectivement.Ces vérités ne doivent pas être imposées de l'extérieure mais elles doivent être saisie de l'intérieur par l'élève etc'est ce qui fait la différence entre le gouverneur et précepteur, c'est-à-dire dans le fait que l'un est un guide quiaccompagne vers et l'autre qui l'impose comme Kant le distingue dans ses Réflexions sur l'Education .

Il s'agit de libérer la raison, c'est-à-dire en faire usage.

C'est pourquoi même le livre ne pas être le guide ultime d'une recherchequi doit se faire personnellement.c) Pour Kant , dans l'« Analytique transcendantale » de la Critique de la raison pure , l'objectivité signe de la vérité signifie ce qui vaut pour tout sujet donc l'intersubjectivité.

Le génie de Kant consiste à montrer que l'entendementhumain détient des règles a priori qui rendent les expériences possibles objectives, c'est-à-dire universalisable.Qu'est-ce à dire ? Et qu'est-ce que cela nous apporte ? Le point essentiel est l'idée d'universalité.

Pour qu'unechose puisse être dite vraie, il faut que ses manifestations se conforment aux règles universelles de l'entendement. »

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