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Pouvons-nous faire l'expérience du temps ?

Publié le 22/02/2012

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temps
Le temps varie selon chaque individu, certain trouveront que le temps est long, triste, ennuyeux alors que d'autre trouverons qu'il passe trop vite, qu'il est joyeux, remplie de plaisir. En effet, nous vivons le temps de différente manière, selon nos habitudes, notre vécu, notre ressentie etc . L'expérience du temps est différente d'un individu a un autre. Pourtant que nous trouvions le temps long ou court, joyeux ou triste, ennuyeux ou plaisant; nous remarquons que l'écoulement du temps est régulier et inexorable qu'importe la façons dont nous le voyons. La belle au bois dormant a beau perdre toute conscience de l'écoulement du temps, elle s'endort tout de même cent ans. L'expérience du temps est-elle alors celle de ce temps qui s'écoule inévitablement et qui nous mène jusqu'à la fin de notre vie? Mais est-ce alors vraiment l'expérience du temps que nous faisons? Ne s'agit-il pas plutôt de changements qui ont lieu dans le temps? Y-a t'il une expérience du temps?

temps

« temps ne peut être objet d'une expérience parce qu'il est la condition de l'esprit, il est ce sans quoi aucune expérience quisuppose toujours une mise en forme et un ordre n'est possible.

Toute chose ne peut être perçue que dans le temps, mais le tempsne peut pas être perçu comme une chose.

Ce n'est donc pas à proprement parler le temps qui passe mais ce sont les choses quipassent dans le temps.

Mais que devient le temps si plus rien ne se passe? Giono dans Iris de Suse dit: « Admettons qu'il ne sepasse plus rien.

Qu'est-ce qui se passe alors, Rien.

Rien que le temps.

» Car même si nous venons de dire qu'il n'y a pasd'expérience du temps, nous ne pouvons ignorer que cette expérience qui est celle de l'ennui n'est pas rien.

Nous avons dit quedans l'ennui, nous faisons l'expérience de ce moment ou plus rien ne se passe et que c'est là que nous sentons le temps passer.c'est pour alléger le poids de ce temps que Emma Bovary cherche des passe-temps, il n'en demeure pas moins qu'elle ne cessed'attendre que le temps coule.

N'est-ce donc pas finalement dans ces conditions que nous faisons l'expérience du temps, là où nepasse rien d'autre que le temps? Il ne s'agit pas d'une expérience sensible, phénoménale du temps et c'est pourquoi nous avons vuque dans l'ennui, le temps n'était plus saisi mais il s'agit en quelque sorte d'une expérience originaire du temps.

Le temps apparaitcomme une forme vide en attente d'être combler.

Dans cette attente, le temps ne passe pas, il n'est pas une chose qui s'écoule.Une fois encore, ce que nous voyons passer n'est pas le temps toujours invisible, mais le devenir dans sa matérialité.

Que peut-ondire alors sinon que cette expérience n'est pas l'expérience d'une chose car ceci reviendrait une fois encore à vouloir rendreprésent le temps, et de chercher « midi à quatorze heure » Lorsque St augustin s'interroge à savoir ce que nous trouvons quandnous trouvons le temps long,« Où est donc le temps que nous puissions appeler long? Est-ce le futur?[...] il ne saurait être longn'étant pas encore » il remarque que nous trouvons long ce qui n'est plus. L'expérience originaire du temps serait ainsi celle de l'attente.

En effet, l'homme anticipe et précède toujours tout ce qui peutjamais paraître ou disparaître, puisque nous l'avons vu l'expérience du temps n'est pas expérience d'un présent à partir duquel onpense le temps.

Dès lors que le temps est appréhendé à partir du maintenant présent comme forme générale et seulementmodifiable de telle sorte que le passé et l'avenir soient encore des présent-passés et des présent-à-venir, L'expérience du tempsserait ainsi l'expérience de cette temporalité saisie dans l'anticipation, dans cette distance de l'homme à lui même.

le temps ne semontre pas, la temporalité n'est pas temporelle et c'est en ceci que le temps demeure secret.

L'expérience de la temporalité seraitainsi l'expérience de ce secret.

le temps, en ce qu'il se donne ne peut être l'objet d'aucune expérience qui est toujours celle d'unprésent et non du temps.

Telle est bien le sens de cette remarque de St Augustin: « Il y a trois temps, le présent du passé, leprésent du présent et le présent du futur ».

L'idée d'une expérience du temps se montrant comme tel nous apparaît donc bienimpossible.

Ainsi, s'il y a une expérience du temps, parvenir à la saisir, à la penser, reviendrait à penser un type d'expérience danslaquelle il y a don; non pas l'expérience d'un quelque chose, mais l'expérience d'un vide.

le temps n'est pas tout à fait invisible nitout à fait inintelligible mais il est un phénomène limite.

Le temps se saisit dans notre temporalité et dans notre propre histoire.L'expérience du temps, l'expérience comme expérience originaire est alors toujours l'expérience du récit comme ce qui manifestele temps, comme don du temps.

C'est sans doute pourquoi tout conte, toute histoire commence par donner un temps: « Il étaitune fois...

», « Dans des temps très anciens...

», « En ce temps là...

».

Mais le récit donne un temps qui jamais ne s'achève, unesuite inconnue.

l'écriture n'est pas l'expérience d'un quelque chose mais l'expérience d'une temporalité, une expérience sans but etsans fin qu'aucune œuvre n'achève si ce n'est la mort.

il faut tout un travail d'écriture, tout une recherche du temps perdu pour quesoudain la vérité de la littérature retrouve le temps.

Mais ce temps retrouvé n'est en rien un achèvement, il est seulement cemoment où le travail de l'écriture peut enfin commencer c'est à dire jamais s'achever.

Enfin le narrateur, l'auteur va pouvoir écrire.C'est en ce sens que l'expérience littéraire comme expérience de la temporalité est une expérience inachevée.

Elle n'est jamaisl'expérience d'une identité à soi, elle est une expérience infinie que seule la mort peut achever.

Nous avions remarquer quel'expérience du temps était celle de ce qui échappait au savoir, celle d'un secret; ce dernier est celui d'un temps qui jamais ne seprésente, qu'aucune figure ne peut donner à la fois, elle est celle d'une temporalité non temporelle qui se temporalise.L'expérience originaire est alors bien cette expérience qui consiste à se livrer au péril de son propre manque d'assise, Elle estl'expérience de ce mauvais infini avec ses replis secrets qui fait comme le souligne Hegel dans la Logique que jamais Achille nerattrapera la tortue.

Elle s'oppose alors à l'expérience d'un savoir, celle du bon infini, de cette identité à soi d'un Savoir absolu.Savoir qui n'advient que quand l'histoire est finie, que lorsqu'il n'y a plus de temps.

Mais l'expérience littéraire ne livre aucunsavoir, elle livre un texte, elle tisse un fil (textus=tissage) infini, sans issue pour un voyage sans retour, elle livre une écriture qu'elledonne sans attente de retour.

Elle n'est pas la saisie d'un passé, celle d'une pensée qui s'élève après coup, elle est tout entière à-venir comme l'expérience d'un secret dont l'écrivain est toujours séparé.

le texte se sépare de lui, il est livré, expérience quitoujours prend du temps et donne du temps. Nous nos interrogions sur l'énigme de l'expérience du temps.

Elle apparaît en effet toute particulière Elle n'est pas une expérienceintérieure ou psychologique qui donnerait une réalité au temps .

Elle est bien au contraire l'expérience d'un inachèvement,expérience sans but et sans guide qui ne peut jamais être celle d'un savoir. Elle est cette expérience dont nous sommes nécessairement séparés.. »

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