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Pouvons nous connaître quelque chose ?

Publié le 27/02/2008

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              Descartes considère que cette première vérité qu?est le cogito peut servir de critère pour évaluer les autres choses que je crois être vraies. L?idée étant de penser qu?une chose ne peut être vraie que si elle accède au même degré d?évidence que le cogito. Mais on peut se demander s?il ne faut pas  remettre en cause la possibilité même pour la raison d?atteindre la vérité, quels que soient les objets qu?elle considère. En effet il se pourrait qu?il y ait certaines erreurs provenant de la nature même de la raison. Pour se prémunir contre ces erreurs attachées à sa nature, la raison ne doit pas seulement être méthodique dans l?examen des choses extérieures à elle-même, mais doit pouvoir examiner son propre pouvoir de connaître afin de déterminer  les objets qu?elle peut espérer connaître ou pas. Dans la Critique de la raison pure, Kant explique que des objets métaphysiques comme Dieu ne sont pas accessibles à la raison, car cette dernière ne peut accéder à une véritable connaissance que dans le domaine de l?expérience. En effet, selon Kant, toute connaissance véritable repose nécessairement sur deux facultés que sont l?entendement et la sensibilité. L?entendement donne les concepts sous lesquels on peut unifier les intuitions fournies par la sensibilité. Or les objets métaphysiques comme Dieu se situent au-delà du domaine de l?expérience (parce que l?on ne peut pas avoir une intuition sensible de Dieu). Dès lors on peut penser Dieu (réfléchir sur ce qui le caractérise), mais jamais le connaître (savoir avec certitude s?il existe ou pas).

« Cette phrase (« Je pense donc je suis ») apparaît au début de la quatrièmepartie du « Discours de la méthode », qui présente rapidement lamétaphysique de Descartes.

On a donc tort de dire « Cogito ergo sum »,puisque ce texte est le premier ouvrage philosophique important écrit enfrançais.Pour bien comprendre cette citation, il est nécessaire de restituer le contextedans lequel elle s'insère.

Le « Discours de la méthode » présentel'autobiographie intellectuelle de Descartes, qui se fait le porte-parole de sagénération.

Descartes y décrit une véritable crise de l'éducation, laquelle netient pas ses promesses ; faire « acquérir une connaissance claire & assuréede tout ce qui est utile à la vie ».En fait, Descartes est le contemporain & le promoteur d'une véritablerévolution scientifique, inaugurée par Galilée, qui remet en cause tous lesfondements du savoir et fait de la Terre, jusqu'ici considérée comme le centred'un univers fini, une planète comme les autres.

L'homme est désormais jetédans un univers infini, sans repère fixe dans la nature, en proie au doute sursa place et sa fonction dans un univers livré aux lois de la mécanique.

Or,Descartes va entreprendre à la fois de justifier la science nouvelle etrévolutionnaire qu'il pratique, et de redéfinir la place de l'homme dans lemonde.Pour accomplir cette tâche, il faut d'abord prendre la mesure des erreurs dupassé, des erreurs enracinées en soi-même.

En clair, il faut remettre en cause le pseudo savoir dont on a hérité et commencer par le doute :« Je déracinais cependant de mon esprit toutes les erreurs qui avaient pu s'y glisser auparavant.

Non que j'imitasseen cela les sceptiques, qui ne doutent que pour douter ; car, au contraire, tout mon dessein ne tendait qu'àm'assurer, et à rejeter la terre mouvante & le sable, pour trouver le roc & l'argile.

» (« Discours de la méthode »,3ième partie).Ce qu'on appelle métaphysique est justement la discipline qui recherche les fondements du savoir & des choses, quitente de trouver « les premiers principes & les premières causes ».

Descartes, dans ce temps d'incertitude et desoupçon généralisé, cherche la vérité, quelque chose dont on ne puisse en aucun cas douter, qui résiste à l'examenle plus impitoyable.

Cherchant quelque chose d'’absolument certain, il va commencer par rejeter comme faux tout cequi peut paraître douteux.« Parce qu'alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensais qu'il fallait […] que je rejetassecomme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s'il ne resterait pointaprès cela quelque chose […] qui fut entièrement indubitable.

»Le doute de Descartes est provisoire et a pour but de trouver une certitude entière & irrécusable.Or il est sûr que les sens nous trompent parfois.

Les illusions d'optique en témoignent assez.

Je dois donc rejetercomme faux & illusoire tout ce que les sens me fournissent.

Le principe est aussi facile à comprendre que difficile àadmettre, car comment saurais-je alors que le monde existe, que les autres m'entourent, que j'ai un corps ? Entoute rigueur, je dois temporairement considérer tout cela comme faux.A ceux qui prétendent que cette attitude est pure folie, Descartes réplique par l'argument du rêve.

Pendant que jerêve, je suis persuadé que ce que je vois et sens est vrai & réel, et pourtant ce n'est qu'illusion.

Le sentiment quej'ai pendant la veille que tout ce qui m'entoure est vrai & réel n'est donc pas une preuve suffisante de la réalité dumonde, puisque ce sentiment est tout aussi fort durant mes rêves.

Par suite je dois, si je cherche la vérité : «feindre que toutes les choses qui m'étaient jamais entrées en l'esprit n'étaient non plus vraies que l'illusion dessonges ».Mais le doute de Descartes va bien plus loin dans la mesure où il rejette aussi les évidences intellectuelles, lesvérités mathématiques.

« Je rejetai comme fausses toutes les raisons que j'avais prises auparavant pourdémonstrations.

»Nous voilà perdu dans ce que Descartes appelle « l'océan du doute ».

Je dois feindre que tout ce qui m'entouren'est qu'illusion, que mon corps n'existe pas, et que tout ce que je pense, imagine, sens, me remémore est faux.

Cedoute est radical, total, exorbitant.

Quelque chose peut-il résister ? Vais-je me noyer dans cet océan ? Où trouver« le roc ou l'argile » sur quoi tout reconstruire ? On mesure ici les exigences de rigueur et de radicalité de notreauteur, et à quel point il a pris acte de la suspicion que la révolution galiléenne avait jetée sur les sens (qui nousont assuré que le soleil tournait autour de la Terre) et sur ce que la science avait cru pouvoir démontrer.« Mais aussitôt après je pris garde que, cependant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallaitnécessairement que moi, qui pensais, fusse quelque chose.

Et remarquant que cette vérité : je pense donc je suis,était si ferme et si assurée, que les plus extravagantes suppositions des sceptiques n'étaient pas capables del'ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie que jecherchais.

»Il y a un fait qui échappe au doute ; mon existence comme pensée.

Que ce que je pense soit vrai ou faux, je pense.Et si je pense, je suis.

Le néant ne peut pas penser.

La première certitude que j'ai est donc celle de mon existence,mais comme pure pensée, puisque, en toute rigueur, je n'ai pas encore de preuve de l'existence de mon corps.Quand bien même je nierais que le monde existe, que mon corps existe, que je puisse penser correctement, je nepourrais remettre en cause ce fait : je pense, et par suite, je suis.

La volonté sceptique de douter de tout, l'idéequ'aucune vérité n'est accessible à l'homme, se brise sur ce fait : je pense.

Voilà le roc, voilà l'argile.

Voilà le pointferme grâce auquel j'échappe à la noyade dans l'océan du doute, par lequel je retrouverai la terre ferme de lascience vraie.La difficulté provient de l'interprétation à donner à ce « je ».

Il n'est pas l'individu concret.

Ce n'est pas Descartes,. »

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