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Pourquoi dois-je respecter la personne ?

Publié le 27/02/2008

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Le terme même de personne accueille en son sein une variation sémantique qui semble assez large. En effet, on parle, d'une part, de la persona comme d'un masque de théâtre, d'un rôle. En ce sens, on saisit ici qu'il s'opère une fusion: la personne, c'est tout bonnement le personnage, soit une construction qui cache derrière le jeu, le « moi «. Manque de transparence donc, de par cet effet qui cache le sujet véritable, qui le dissimule derrière un voile destiné au regard de l'autre. Or, si le personnage c'est l'acteur, la personne elle fait durer le rôle au-delà de la scène, ne coïncide plus avec elle-même. Ainsi, dans ce premier sens, on parle de personne comme d'une figure de l'autre en soi, une tricherie qui singe un autre soi. Le problème consiste donc à comprendre comment ce sens qui fait signe vers l'apparence du sujet, peut se conjuguer avec un second sens de la notion, soit son sens juridico-moral qui s'arrache à la pure individualité. En effet, dans ce cas (on parle alors de personne morale ou de personne juridique), on vise chez l'individu ce qui ne se réduit pas à sa particularité, soit les différents caractères qui lui permettent de vivre en société. A quoi cela fait-il référence au juste? Aux facultés qui permettent à l'homme non pas d'être simplement un élément du troupeau qui suit le maître, mais bien un acteur à part entière de l'espace sociétale. Dans ce cas, on ne fait donc pas référence aux impulsions et tendances passionnelle du sujet, mais bien à l'action réfléchie au sens d'une action qui fait retour sur elle-même, une action qui se pense. On pourrait dire que la personne considère la res publica, la chose publique, lorsque l'individu considère ses propres intérêts; la personne respecte les lois, assume ses devoirs et possède des droits, là où l'individu ne considère que l'expression et la licence du droit, contre la contrainte des devoirs et des lois justement. Ainsi, nous avons d'une part le masque, le faux-semblant, et de l'autre l'être proprement rationnel au sein de l'individu. Comment assurer la jonction entre ces deux aspects du terme? On peut précisément se demander si ces deux aspects ne sont pas les constituants d'une seule et même réalité, la face et le revers d'une participation à la société: sauver la face devant l'autre, d'une part, et de l'autre assurer la dignité de l'individu. La question étant alors de savoir s'il faut en regretter une, et respecter l'autre. Pourquoi respecter le masque, l'apparence, la tromperie? La chose semble jugée à l'avance. A contrario, respecter la personne juridico-morale semble couler de sens. Il s'agit d'ailleurs ici de préciser que le respect, s'il est un sentiment, n'en est pas un parmi d'autre. Il est un sentiment provoqué précisément par la reconnaissance d'une valeur morale présente chez un individu. Respecter l'autre, c'est apercevoir en lui un constituant commun qui fait précisément de l'autre un alter ego, un autre moi. Dans le respect, je reconnais donc la présence chez l'autre de ces capacités dont nous parlions plus haut, je le reconnais non plus simplement comme individu, mais comme personne précisément, soit un individu doué de conscience, de raison, un individu qui ne se réduit ni à ses appétits, ni à sa particularité. Proprement, on ne respecte donc pas l'autre dans sa différence, mais précisément dans sa similarité avec soi, dans ce patrimoine commun qui forme le fond diffus de l'humanité. J'envisagerai ainsi l'autre comme responsable (res-pondeo), soit celui qui répond par sa raison. On remarque cependant que le masque et le noyau rationnel renvoient tout deux à autre chose que l'individu, que cela soit un leurre, un faux-soi, ou l'aspect générique de l'homme comme humain précisément, comme être rationnel.

  • Analyse du Sujet : Encore un sujet à la limite de la question de cours : à quoi s'adresse le respect que je peux éprouver pour autrui (en quoi la personne est-elle à distinguer de la simple personnalité) ; et pour quelles raisons cet autre mérite-t-il considération et déférence ?
  • Conseils pratiques : Appuyez-vous solidement sur votre cours. Il est difficile de traiter ce sujet autrement que superficiellement si l'on ignore tout des analyses de Kant. Pour lui, le respect est le seul sentiment moral et rationnel ; il ne peut s'adresser aux choses mais seulement à la personne en tant qu'elle exprime la loi morale universelle que nous respectons en elle.
  • Bibliographie :

Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, Delagrave. Kant, Critique de la raison pratique, PUF. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, Livre de Poche. Mounier, Le Personnalisme, PUF.

  • Difficulté du sujet : *
  • Nature du sujet : classique

« Or, c'est précisément parce que le fou n'est plus l'idiot du village, qu'il fait peur: il doit être vu à présent sur le fondde cette identité profonde de la personne: il n'est plus celui qu'on tolère, mais celui qu'on respecte.

Ainsi,contrairement à l'attitude pré-révolutionnaire, la différence avec le fou n'est plus qu'une différence de fait , et non de droit .

D'où la naissance de l'éducation spécialisée promotrice de cette intégration de la folie dans l'espace social. On ne fait plus avec le fou, on est avec lui, sur le mode d'une proximité de droit, sur le mode de la personneprécisément.

On doit respecter sa personne malgré l'aliénation individuelle, pour précisément assure à partir de cetteracine rationnelle qui perdure, la guérison.

Ainsi naît des figure comme Pinel, psychiatre qui détache le fou, cesse letraitement du corps (pendaison par les pieds, lobotomie, saignée...), et s'adresse à cette parcelle jadis délaissée parle traitement: l'esprit.

Respecter la personne est donc proprement un héritage de la révolution, une marque profondede la société démocratique qui envisage l'autre sous l'ascendance de l' alter ego , et non jamais de la distance naturelle.

Respecter la personne donc, même à travers les figures les plus radicalement différente. Entre utopie et république des fins II. Il faut cependant concevoir le problème que soulève Gauchet à travers cette analyse de l'héritage révolutionnaire.En effet, plutôt que de le célébrer, il s'agit de saisir la complication de fait que pose un rapprochement de droit .

Si la folie doit s'inscrire sur un fond de similarité, on ne peut s'empêcher de réfléchir à la manière dont se concrétisecette idée, à savoir et précisément l'institut asilaire.

Clairement, le respect de la personne se traduit tout de mêmepar un isolement du fou: l'asile est une réalité insulaire coupé du reste de la société, une réalité contrôlée par l'œilomnipotent et omniscient du médecin; pis, une réalité vouée à l'échec.

L'idée comprise tacitement dans ce projetest celle d'un contrôle total de l'environnement, un contrôle qui permettra de modifier précisément l'individu.

Eneffet, ce n'est plus la nature qui est responsable de la folie, la folie n'est plus une détermination innée, mais bien unconditionnement social et donc acquis.

C'est l'environnement qui pousse à la folie, c'est donc lui qui l'atténuera, lamaîtrisera, et la réintégrera à l'espace sociétal.

L'asile est ainsi utopie, utopos du grec, qui n'a nul lieu où s'exercer concrètement: le programme ne semble pas tenable.

Si l'on réclame un rapprochement de droit (tout homme estêtre raison), il demeure une distance qui semble impossible à résorber de fait.

L'asile est la nouvelle utopia de More, une île isolée où les dirigeants sont obsédés par le contrôle d'une réalité qui continue à leur échapper.

Quellesolution dans ce cas? Comment échapper à l'aporie présente? Gauchet nous explique que l'institut asilaire demeure une représentationpropre à notre époque de la folie, une représentation comme « perturbation » qui demeure temporaire: l'asile laissera un jour place à une nouvelle représentation, elle est inscrite dans l'histoire de la folie comme n'importe quelautre traitement.

En somme, jamais l'asile n'apportera de réponse à elle seule, et doit être pensée comme intégrée àune dynamique qui tente une représentation adéquate de la folie.

On peut, sans pousser pour autant pousserexagérément l'optimisme, penser que cela constitue un progrès dans le traitement, tout en reconnaissant encore lesdéfaillances de ce dernier.

L'idée véhiculée par ce type d'institution est de pousser la logique de l'avènementprochain d'une république des fins.

En effet, la différence avec le fou doit se résorber un jour selon cette vision deschoses, puisque déjà elle s'est éteinte du point de vue du droit.

On reconnaît déjà la personne, à défaut d'êtreencore rassuré au près de l'individu.

Il s'agit toujours de voir précisément la personne, de voir, même dans lesfigures qui semblent encore les plus radicales, ce qui se présente comme une fin et non comme moyen.

La personnedoit toujours être considérée comme un noyau irréductible qui signale l'humain chez le sujet.

Elle symbolise unetension entre le particulier individuel, et l'universel humain, un point de jonction entre le proprement différent, et legénériquement même. La personne ouvre donc un horizon, là où l'individu se replie, elle célébre un héritage commun, même s'il sembleparfois dure d'en assumer toutes les conséquences.

En somme, il s'agit toujours d'une dignité qui se signale enchacun et qui s'oppose à tout asservissement, à toute utilisation.

La promotion de la personne assure donc la libertédu sujet: si aucune différence naturelle n'existe, alors s'effacent aussitôt les races qui divisent l'humanité, leshiérarchies maître-esclave, les dynasties qui perdurent par le sang.

Au-delà de ce que je suis, et même malgré ceque je suis, quelque chose en moi s'oppose au despotisme, à la torture, à l'humiliation, à l'abaissement au rôle demoins que rien, de moins que sujet.

Et il faut comprendre le sens de ce fil conducteur qui traverse l'humanité touteentière et dont chaque individu est le relai.

En effet, l'atteinte à la personne d'un individu revient à une atteinte del'humanité même en sa personne.

Le crime sur la personne est crime contre l'humanité, crime contre ce qui constituel'homme en propre.

Défaire l'homme particulier, c'est défaire l'homme générique, soit se retourner contre ce qui ledistingue comme être rationnel.

Le respect, par delà l'individu qu'il vise particulièrement, et parce qu'il s'adresse à lapersonne, est tout à la fois renvoi vers l'humanité présente en chaque homme, soit cette république des fins queconstitue idéalement le réseau humain. Elie G.

Jung et Batman III. Tentons pour autant de ne pas oublier nos histoires de masques qui se dissimulent derrière nos histoires de fins.

Eneffet, la personne c'est aussi le rôle, le masque de théâtre, nous l'avons dit, qui dissimule le moi.

Mais pouvons-nousimaginer un instant un masque qui ne soit pas perçu ou décrit de manière péjorative? Peut-on imaginer un masquequi ne cache pas mais précisément retarde, impose une distance positive entre soi et l'autre? En somme peut-onimaginer un rôle qui fasse taire les revendications égoïstes du moi ou même assure son adaptation? Nous avons-vucomment Gauchet décrit la démocratie comme un champ social d'intégration, un monde de communication ouvert quiinclut les acteurs les plus différents de fait.

Or, il peut être intéressant de rapprocher cela de la construction quefait Jung dans La Dialectique du moi et de l'inconscient de la notion de personne.

Plus précisément, Jung parle de. »

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