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Politique et morale peuvent-elles aller ensemble ?

Publié le 09/12/2009

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morale

Position de la question. Il est assez courant d'opposer la politique et la morale. Tout au moins, sur le plan théorique, les considère-t-on volontiers comme étrangères l'une à l'autre, comme appartenant à deux domaines bien différents. Cette opinion est-elle fondée? Si elle ne l'est pas, comment concevoir leurs rapports?

  • I. La politique, étrangère à la morale.
  • II. La politique absorbée dans la morale.
  • III. Véritables rapports de la politique et de la morale.

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« renard ». « Il faut donc savoir qu'il y a deux manières de combattre, l'une par des lois, l'autre par la force ; la première forme est propre aux hommes, la seconde propre aux bêtes ; comme la première bien souvent ne suffit pas, il faut recourir à la seconde.

Ce pourquoi est nécessaire au Prince desavoir bien pratiquer la bête et l'homme. » La même idée que la fin justifie les moyens est exprimée dans les « Discours » : « Un esprit sage ne condamnera jamais quelqu'un pour avoir usé d'un moyen hors des règles ordinaires pour régler une monarchie ou pour fonder une république.

Ce qui est à désirer, c'est que si le faitl'accuse, le résultat l'excuse. » Ce réalisme, bien loin de la morale humaniste ou de la morale chrétienne, apparaît, à première vue, tout à fait dénué de machiavélisme. Dans son acception courante, ce terme évoque, en effet, des manœuvres tortueuses, le recours au secret.

Rien de tout cela ici, mais seulement unexposé lucide dans lequel il n'est pas toujours facile de percevoir la marge d'ironie.

Ce « machiavélisme » apparaît cependant dans les conseils complémentaires.

Le prince doit « savoir entrer dans le mal s'il y a nécessité », mais il veillera cependant à sauver sa réputation.

Il fera prendre les mesures impopulaires par quelqu'un d'autre, se réservant celles qui ont la faveur du peuple.

Il sera renard : « Mais il est besoin de savoir bien colorer cette nature, bien feindre et bien déguiser. » Machiavel ajoute que les hommes sont si simples et tant soumis aux nécessités du présent que celui qui trompe trouvera toujours quelqu'un prêt à se laisser tromper.

Il importe donc avant tout de préserver ce que l'on n ‘appelait pasencore son « image de marque » : « il n'est donc pas nécessaire à un Prince d'avoir toutes les qualités dessus nommées, mais bien il faut qu'il paraisse les avoir. » Un exemple parmi d'autres de ces pratiques, qui laissa Machiavel frappé de stupeur, mais sans doute aussi admiratif : César Borgia , pour faire régner l'ordre en Romagne , donna toute puissance à l'un de ses hommes de confiance connu pour être cruel & expéditif.

La paix établie, pour éviter que l'opprobre ne s'attache à sa propre personne, il fit exécuter l'officier, exposant son corps coupé en deux morceaux sur une placepublique.

Bel exemple de duplicité et de détermination.

Borgia possédait la « virtù ». Le Prince ne se souciera donc pas de ce qu'exige la morale, mais il veillera à manipuler l'opinion pour asseoir sa réputation.

La chose est aisée du fait de la crédulité du peuple.

« Les hommes, en général, jugent plutôt aux mains qu'aux yeux. » « Qu'un Prince donc se propose pour but de vaincre, et de maintenir l'Etat ; les moyens seront toujours estimés honorables et loués de chacun ; car le vulgaire ne juge que de ce qu'il voit et de ce qui advient ; or en ce monde il n'y a que le vulgaire ; et le petit nombre ne compte pourrien quand le grand nombre a de quoi s'appuyer. » Rousseau estime que ce penseur politique a été encore plus subtilement machiavélique qu'on ne le pense.

En faisant semblant de donner des conseils à un prince sur la façon de manipuler les foules, il aurait en fait dévoilé aux peuples la manière dont ils sont grugés : « En feignant de donner des leçons aux rois, il en a donné de grandes aux peuples.

Le Prince de Machiavel est le livre des républicains. » Spinoza pensait déjà de même : « Peut-être Machiavel a-t-il voulu montrer qu'une masse libre doit, à tout prix, se garder de confier son salut à un seul homme […] Cette dernière intention est, quant à moi, celle que je serais porté à prêter à notre auteur.

Car il est certain que cethomme si sagace aimait la liberté et qu'il a formulé de très bons conseils pour la sauvegarder. » 2° On trouverait des conceptions analogues chez tous les défenseurs des régimes autoritaires et de la «raisond'État ».

C'est ainsi que, pour le philosophe anglais HoBBES, théoricien du despotisme dans son Léviathan (1650),c'est la volonté seule du souverain qui décide du juste et de l'injuste : le bien est ce qu'il décrète, le mal ce qu'ilinterdit. 3° De nos jours enfin, les mêmes affirmations se retrouvent chez tous les partisans de l'absolutisme ou dutotalitarisme, quelles que soient par ailleurs les tendances politiques auxquelles ils se rattachent.

C'est ainsi qu'enFrance l'école dite du «nationalisme intégral» avait choisi la formule « par tous les moyens » comme la maxime deson action.

« L'infaillible moyen, écrivait Ch.

MAURRAS (La Démocratie religieuse, p.

245), d'égarer quiconques'aventure dans l'activité politique, c'est d'évoquer inopinément le concept de la pure morale au moment même oùl'on ne doit étudier que des rapports de faits et leurs combinaisons.

» — A l'autre extrémité de l'horizon politique, lecommunisme léniniste proclame que le salut de la Révolution est la loi suprême.

« La morale communiste, déclare unouvrage soviétique, est subordonnée aux intérêts de la lutte de classe du prolétariat.

N'est conforme à la moralecommuniste que ce qui consolide le régime nouveau » (Petit dictionnaire philosophique, Moscou, éd.

en languesétrangères, p.

409).

La violence .est légitime, écrivait LÉNINE, « quand elle est commise par les masses travailleuseset exploitées », et ainsi «l'organisation rationnelle de l'immense machine à terroriser totalitaire permet la productiond'une violence froide et calculée auprès de laquelle la terreur jacobine n'était qu'une jacquerie spontanée etchaotique » (M.

FAINSOD, Comment l' U.R.

S.S.

est gouvernée, p.

322-323).. »

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