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Platon, Platon, Gorgias 491e-492d

Publié le 16/04/2009

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platon
«Mais si, Socrate, c'est d'eux que tu parles, absolument ! Car comment un homme pourrait-il être heureux s'il est esclave de quelqu'un d'autre ? Veux-tu savoir ce que sont le beau et le juste selon la nature ? Hé bien, je vais te le dire franchement ! Voici, si on veut vivre comme il faut, on doit laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, et ne pas les réprimer. Au contraire, il faut être capable de mettre son courage et son intelligence au service de si grandes passions et de les assouvir avec tout ce qu'elles peuvent désirer. Seulement, tout le monde n'est pas capable, j'imagine, de vivre comme cela. C'est pourquoi la masse des gens blâme les hommes qui vivent ainsi, gênée qu'elle est de devoir dissimuler sa propre incapacité à le faire. La masse déclare donc bien haut que le dérèglement est une vilaine chose. C'est ainsi qu'elle réduit à l'état d'esclaves les hommes dotés d'une plus forte nature que celle des homes de la masse; et ces derniers, qui sont eux-mêmes incapables de se procurer les plaisirs qui les combleraient, font la louange de la tempérance et de la justice à cause du manque de courage de leur âme. Car, bien sûr, pour tous les hommes qui, dès le départ, se trouvent dans la situation d'exercer le pouvoir, qu'ils soient nés fils de rois ou que la force de leur nature les ait rendus capables de s'emparer du pouvoir - que ce soit le pouvoir d'un seul homme ou celui d'un groupe d'individus -, oui, pour ces hommes-là, qu'est-ce qui serait plus vilain et plus mauvais que la tempérance et la justice ?» Platon, Platon, Gorgias 491e-492d

a. Terme ou expression de liaison    - “Mais…” : contradiction, discours de Calliclès qui s’oppose à celui de Socrate. Perspective polémique.    - “Car…” : explication; Calliclès justifie sa thèse et définit la question du débat.    - “Seulement…” : restriction.    - “C’est pourquoi…” : justification de cette restriction.    - “La masse déclare donc…” : conclusion sur le point de vue de la “masse”.    - “C’est ainsi…” : conséquences générales de ce point de vue.    b. Structure première    - “Mais si…ce qu’elles peuvent désirer” : Calliclès expose son idée générale qui est en totale contradiction avec celle de Socrate comme nous le signale la conjonction “mais”. Ce qui est juste, selon la nature, c’est de pouvoir assouvir sans frein ses désirs. En cela consiste justement le bonheur.    - “Seulement, …à cause du manque de courage de leur âme” : la restriction “seulement” situe le point de vue de Calliclès comme étant à contre-courant de l’opinion dominante. L’éloge de la tempérance et de la justice est le moyen par lequel la masse des faibles, vertueuse par impuissance, cherche à enchaîner les forts.    - “Car bien sûr…où eux-mêmes exercent le pouvoir” : Calliclès reprend sa thèse liminaire et la justifie. La puissance du désir trouve sa véritable voie dans l’exercice du pouvoir et plus particulièrement du pouvoir absolu.  

platon

« - les plaisirs : état de bien-être sensible, satisfaction sensuelle, le désir sans frein dans ce qu'il a d'immédiat,d'éphémère. - la tempérance : vertu cardinale désignant la modération en ce qui concerne les désirs. - le pouvoir : ici, le pouvoir absolu, tyrannique.

Droit naturel, absolu d'exercer l'autorité politique, d'exiger quelquechose, sous peine de sanction. 3) Thème et thèse a.

Thème - Le bonheur, mais aussi la justice b.

Thèse (ou idée directrice) - Le bonheur et la justice consistent dans une vie déréglée, soumise à la poursuite frénétique du plaisir.

C'est dansl'hédonisme qu'il faut rechercher le principe d'une vie réussie. 4) Problème et enjeu(x) a.

Questionnement - Qu'est-ce qu'être heureux ? - Où réside la véritable puissance, dans la domination des autres ou dans la maîtrise de soi ? - Que vaut-il mieux choisir, une vie réglée selon la tempérance, la force de se vaincre soi-même qui aurait sonfondement dans la raison, ou une vie déréglée, consistant en la puissance de vaincre les autres, laquelle aurait sasource dans le désir ? b.

Problème - En quoi consiste le bonheur et le principe d'une réussie ? Comment vivre pour être heureux ? a.

Enjeu(x) - L'enjeu de ce texte est capital puisqu'il engage une définition du bonheur et de la justice, laquelle est susceptibled'orienter un choix de vie.

Ce texte nous permet de comprendre que si le bonheur est le but de l'existence humaine,pour y parvenir il convient de satisfaire tous ses désirs.

Cette définition du bonheur est-elle satisfaisante ? N'est -elle pas dangereuse et donc éminemment contestable ? Introduction Dans ce texte extrait de Gorgias , Platon donne la parole à Calliclès qui expose sa conception du bonheur et de la justice, en répondant à la question essentielle posée par Socrate : où réside la véritable puissance, dans ladomination des autres ou dans la maîtrise de soi ? Autrement dit, en quoi consiste le bonheur et le principe d'une vieréussie ? C'est cette interrogation qui suscite la réaction véhémente de Calliclès et le conduit à exposercyniquement la thèse d'un hédonisme sans frein comme principe de vie.

Calliclès prétend, en effet, que le bonheuret la justice résident dans une vie déréglée, soumise à la poursuite frénétique du plaisir.

Si le but de l'existencehumaine est d'être heureux, pour y parvenir, il faut satisfaire tous ses désirs, ce qui n'est possible qu'en exerçant lepouvoir absolu sur les autres. La question que pose Socrate revêt une importance capitale puisque la réponse engage le choix d'une vie.

Lediscours de Calliclès est présenté par Platon comme le prototype de la violence, de la tyrannie, de l'anti-philosophie,de l'immoralisme.

Mais la position de Calliclès n'adopte-t-elle pas le même point de départ que les opinions modernesqui valorisent l'hédonisme et le bonheur de l'individu ? Ce texte se déploie en trois étapes principales.

Calliclès commence d'abord par établir que ce qui est juste, selon lanature, c'est de pouvoir assouvir sans frein ses désirs (“Mais si…ce qu'elles peuvent désirer” ).

Il souligne ensuiteque l'éloge de la tempérance et de la justice est le moyen par lequel la masse des faibles, vertueuse parimpuissance, cherche à enchaîner les forts (“Seulement, tout le monde n'est pas capable…à cause du manque decourage de leur âme”).

Calliclès expose alors les conséquences politiques de sa démonstration : la puissance dudésir trouve sa véritable voie dans l'exercice du pouvoir absolu ( « Car bien sûr, pour tous les hommes…justice « ). Partie explicative. »

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