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Platon et l'éducation (République VII)

Publié le 16/04/2009

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platon
«(Socrate) : « il faut donc, repris-je, si tout cela est vrai, en tirer la conclusion que voici : c'est que l'éducation n'est point ce que certains prétendent qu'elle est ; ils prétendent en effet mettre la science dans l'âme, où elle n'est pas, comme on mettrait la vue dans des yeux aveugles. Ils le prétendent en effet, dit-il. Or, dis-je, le discours présent fait voir que toute âme a en elle cette faculté d'apprendre et un organe à cet usage, et que, comme un oeil qu'on ne pourrait tourner de l'obscurité vers la lumière qu'en tournant en même temps tout le corps, cet organe doit être détourné avec l'âme tout entière des choses périssables, jusqu'à ce qu'elle devienne capable de supporter la vue de l'être et de la partie la plus brillante de l'être, et cela, nous l'appelons le bien, n'est-ce pas ? Oui. L'éducation, repris-je, est l'art de tourner cet organe même et de trouver pour cela la méthode la plus facile et la plus efficace ; elle ne consiste pas à mettre la vue dans l'organe, puisqu'il la possède déjà ; mais, comme il est mal tourné et regarde ailleurs qu'il ne faudrait, elle en ménage la conversion. » Platon, République, livre VII 518b-d
On ne sait pas, ici, quelle définition de l’éducation a en vue Platon, mais on sait (comme on le verra dans le dernier paragraphe) qu’elle consiste à croire qu’éduquer quelqu’un, c’est “mettre la science (ce qui est appris) dans l’âme”, comme on met la vue dans l’organe.  A) Selon la conception de l’éducation que critique ici Platon, l’éducation consisterait donc à remplir l’âme de connaissances.  Le “où elle n’est pas” semble ici s’entendre comme étant, ou référant, au présupposé propre aux tenants de la thèse réfutée ici par Platon. En effet, il semble bien que ce que ne voient pas ces derniers, c’est que l’âme n’est pas une “table rase”, une tablette sur laquelle rien n’est par avance inscrit ou du moins prédisposé, “en puissance”, pour reprendre une expression aristotélicienne, puisque croire qu’éduquer consiste à remplir l’âme de connaissances (contenus) c’est bien croire que la science, comme il le dit, n’est pas dans l’âme.  L’âme serait donc entièrement vide, avant l’éducation entendue ici, il faut le noter, comme étant synonyme de, donc équivalente à, l’apprentissage. La conception que critique donc dans ce texte Platon, est celle que l’on peut qualifier de conception empiriste de l’apprentissage, puisqu’il s’agit bien de soutenir que tout ce qu’on apprend (l’objet “assimilé”) vient du dehors dans l’âme conçue comme réceptacle où n’importe quoi d’extérieur à cette âme peut y être assimilé, ou “entassé”. (C’est différent, notons-le, de la conception qui va être celle de Platon dans le deuxième paragraphe, puisqu’il va soutenir quant à lui qu’il y a des contenus conformes à l’âme par définition, qui sont son objet propre, celui par l’accès auquel, en quelque sorte, elle va se réaliser). 

platon

« connaissances. Le “où elle n'est pas” semble ici s'entendre comme étant, ou référant, au présupposé propre aux tenants de la thèseréfutée ici par Platon.

En effet, il semble bien que ce que ne voient pas ces derniers, c'est que l'âme n'est pas une“table rase”, une tablette sur laquelle rien n'est par avance inscrit ou du moins prédisposé, “en puissance”, pourreprendre une expression aristotélicienne, puisque croire qu'éduquer consiste à remplir l'âme de connaissances(contenus) c'est bien croire que la science, comme il le dit, n'est pas dans l'âme. L'âme serait donc entièrement vide, avant l'éducation entendue ici, il faut le noter, comme étant synonyme de,donc équivalente à, l'apprentissage.

La conception que critique donc dans ce texte Platon, est celle que l'on peutqualifier de conception empiriste de l'apprentissage, puisqu'il s'agit bien de soutenir que tout ce qu'on apprend(l'objet “assimilé”) vient du dehors dans l'âme conçue comme réceptacle où n'importe quoi d'extérieur à cette âmepeut y être assimilé, ou “entassé”.

(C'est différent, notons-le, de la conception qui va être celle de Platon dans ledeuxième paragraphe, puisqu'il va soutenir quant à lui qu'il y a des contenus conformes à l'âme par définition, quisont son objet propre, celui par l'accès auquel, en quelque sorte, elle va se réaliser). B) Afin de nous montrer l'inanité de cette conception, Socrate-Platon opère, pour le moment, une analogie avec lavision.

Il ne soutient pour le moment pas de thèse ; il s'agit juste de faire voir à quel point cette conceptionsuppose possible une impossibilité. En quoi consiste cette analogie? Elle met en jeu quatre termes, à savoir : la vue, les yeux, l'âme, la science.

La vue,c'est la faculté de voir, ou l'acte de voir, et les yeux (aveugles) sont l'organe par lequel la vue est possible.

On peutdire que dans cette analogie, l'âme correspond aux yeux (organe) et la science, à la vue (faculté).

Comme il estcontradictoire, veut nous dire ici Socrate, que les yeux aveugles puissent être éduqués à l'acte de voir, à voir,puisqu'ils n'ont pas la faculté ou prédisposition à la vue, il est contradictoire de dire ou de croire que dans une âmequi serait vide, une “table rase”, qui n'aurait donc pas en elle la science, ou faculté de savoir, on pourrait lui faireacquérir ce contenu ou acte (bref : cela signifie qu'on ne peut commencer à apprendre, si on ne sait pas déjà cequ'on cherche...). Cette analogie montre donc bien l'absurdité d'une conception que nous avons appelée “empiriste” de l'éducation,puisque, en effet, si l'éducation consiste à mettre la science (contenu, acte, ou résultat du processusd'apprentissage) dans l'âme, alors, c'est comme si (en tout cas on présuppose que c'est possible) on disait que l'onpeut mettre la vue (contenu, acte de voir) dans les yeux aveugles (organe pourtant atrophié et par définitionincapable d'acquérir jamais la vue).

L'analogie nous montre donc bien que ce qui ne va pas, dans la conception del'éducation qu'il s'agit ici de critiquer, et de dépasser, c'est que cela revient à dire que dans une âme ne sachantrien du tout, on peut mettre de la science, ce que pourtant, par définition, elle ne sait pas.Par conséquent, il semble bien que le problème de cette conception, en plus de ce que nous avons déjà dit,consiste à considérer comme éléments nécessaires à tout apprentissage, seulement l'organe et l'acte.

En effet, onpeut penser que si c'est absurde de dire que l'on met la vue dans des yeux aveugles, c'est à la fois du fait que : a) on met quelque chose (acte) dans quelque chose de vide b) ou d'inapte à recevoir cet acte (bref, qui n'est pas “apte à...”). Disons que le problème de cette conception est que l'apprentissage serait trop brutal, ou trop soudain.

Il manquebien, ici, comme on va le voir par la suite, la faculté de voir à l'oeil aveugle, et la faculté d'apprendre (Platon dira la“science”) à l'âme. Deuxième paragraphe Après l'exposition, sur un mode négatif et analogique, qui en fait bien voir les présupposés, de la conception del'éducation qu'il s'agit de remettre en cause, Platon-Socrate passe ici, non directement à sa propre conception del'éducation, mais à sa conception de l'âme -qui est ce qui va obliger à avoir une tout autre conception del'éducation que la précédente.

La question qu'il se pose ici est donc celle de savoir ce qui est nécessaire pour quel'apprentissage soit rendu possible, étant donné que dans le premier paragraphe, on la rendait impossible.

Ici, il s'agitde se placer du côté du sujet qui apprend et/ou qui va être éduqué.

Evidemment, nous avons déjà ici, en filigrane,sa conception de l'éducation, à travers son objet propre -qui fait aussi ici l'objet de son analyse. A) Contre la thèse adverse, l'âme, sujet de tout apprentissage, a à la fois, ou contient : a) une faculté d'apprendre : c'est-à-dire, une prédisposition, une puissance (elle est donc conçue comme étantcapable d'avance de...).

Ce qui présuppose qu'elle n'est pas vide de tout contenu.

On se permettra donc icid'interpréter ce passage comme signifiant que, plutôt que la science telle quelle est dans l'âme (pourtant, on pourracertes nous objecter que Platon soutient une thèse dite de la “réminiscence”), que si la science ne s'y trouve pasen acte, elle s'y trouve en puissance, et qu'il s'agit de la retrouver.

Ce qui est nécessaire, donc, pour que l'âmepuisse apprendre. b) Un organe destiné à cet usage (“l'oeil de l'âme”) c'est-à-dire, pour apprendre.. »

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