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Peut-on vivre heureux dans l'inconscience ?

Publié le 24/05/2009

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L'homme recherche souvent des consolations dans des plaisirs faciles où il espère s'étourdir et s'oublier lui-même en "perdant conscience"....  Ainsi, Baudelaire, dans ses Paradis Artificiels, évoque le consommateur de haschisch ou d'opium qui demande au "poison" d'apaiser ses tourments, tout en intensifiant ses sensations.  "Quand partons nous pour le bonheur?" s'impatiente le rêveur.... Décrivant le sentiment de toute puissance qui saisit le pauvre esclave, "tout est matière à jouissance. La plénitude de sa vie actuelle lui inspire un orgueil démesuré". Jouir pleinement de la vie, sans faille ni rupture, tel est notre désir le plus vif; et c'est notre condition qui nous pousse à fuir l'ennui, la tristesse et la souffrance.  Pour ce faire, nous recherchons le bonheur dans le "divertissement": tout plutôt que de penser à soi et au monde tel qu'il est pour nous: " l'homme, quelque plein de tristesse qu'il soit, si on peut gagner sur lui de le faire entrer en quelque divertissement, le voilà heureux pendant ce temps-là", écrit Pascal dans Les Pensées. "Tout roi qu'il est, il est misérable, s'il y pense"...  Si donc le plaisir est un bien pour l'homme, tout plaisir n'est cependant pas toujours digne d'être recherché: que vaut en effet, notre "bonheur", si c'est au prix de l'illusion que nous sommes heureux?  Pouvons nous donc vivre dans l'ignorance d'un bonheur sans conscience, tout accaparé par notre refus de la souffrance, et notre peur de la réalité, ou bien n'y a t-il pour l'homme, de véritable accomplissement, que dans la joie d'avoir surmonté les obstacles, et découvert la vérité par l'exercice de la pensée?  Ainsi, vaut il mieux savoir la vérité, quitte à en éprouver parfois de la souffrance, plutôt que de vivre dans le mensonge ou l'illusion tel "l'imbécile heureux de la petite histoire"....  Il s'agira donc de montrer dans un premier moment pourquoi l'homme préfère vivre dans l'inconscience du sommeil ou du rêve plutôt que d'affronter la réalité; l'enfance en étant le parfait modèle. Dans un second moment, il s'agira pour nous d'opposer à ce pays des rêves, les exigences de la conscience et donc de la raison. C'est finalement dans un troisième moment que nous dégagerons les enjeux d'un tel problème: pourquoi fuyons nous la vérité? Qu'a- t- elle pour nous de si difficile, de si éprouvant? Pourquoi avons nous besoin du mensonge et de l'illusion pour accéder à la connaissances du vrai?   

« "d'oublier" qui l'on est et même ce que l'on est c'est à dire que nous sommes privé de toute "conscience".

Carrappelons le, "conscience" signifie pour l'homme "inquiétude".

C'est elle qui nous pousse au devant de nous mêmedans ce qui n'est pas encore, ou qui nous pousse à regretter ce qui n'est plus.

Au final, à force "d'espérer êtreheureux", nous nous condamnons à ne jamais l'être comme l'évoque Pascal dans Les Pensées.Faut-il donc s'abstenir de penser pour être en possession de cet état de satisfaction durable et complet, à ladifférence du simple plaisir ou de la joie qu'on appelle vulgairement "bonheur"?Premièrement, jetons un regard sur notre condition de l'homme; elle nous semble bien douloureuse, pour ne pas diretragique....Tout désir n'est- il pas un manque et donc une souffrance? La mort n'est- elle pas à l'horizon de ma vie?Pour répondre à Pascal quand il dit qu'à force "d'espérer être heureux" nous nous condamnons à ne jamais l'être,nous pouvons citer l'oeuvre de Freud le Malaise de la Culture, dans laquelle ce dernier évoque le "Vanitas vanitatum"(Vanité de vanités).

Par ce terme, il explique que nos possibilités de douleurs étants plus nombreuses que cellesd'être heureux, il vaut mieux pour nous de renoncer à penser et de se contenter d'une jouissance éphémère etsuperficielle mais intense.

En d'autres termes, il faut éliminer le tragique que nous évoquions plus haut, de notreexistence.

Quoi qu'il advienne, la conscience de notre "misère" est insoluble et irrémédiable ce qui la rend tragique etsans issue...Tel est le sens de ce que Pascal appelle le "divertissement".

En effet, l'homme de supporte rien moinsque d'être contraint de "penser à lui même", dès lors, pour s'éviter à ce spectacle, il préfère s'occuper, de toutesmanières, ou être accaparé par une tâche ou une fonction pourvu qu'elle soit prenante et qu'il ne puisse penser etconsidérer sa triste condition: 'l'homme, quelque plein de tristesse qu'il soit, si on peut gagner sur lui de le faireentrer en quelque divertissement, le voilà heureux pendant ce temps là!".

Et plus il est absorbé "à l'extérieur de luimême", moins il est capable de contempler la vérité de son existence, cette finitude qui l'angoisse et le contraint àvivre dans l'illusion et le mensonge c'est à dire de croire exister ce qui n'a pas de réalité. Mais alors, comment donner un sens à ma vie, espérer un accomplissement, vouloir m'améliorer, et finalement penserà mon salut si je ne sais pas ce que je suis? Revenons à notre question initiale; pour être heureux que faut il faire? Il faut accéder à la "paix de l'âme" selonEpicure et tous les sages de l'antiquité, à travers ce qu'ils ont appelés "l'ataraxie" autrement dit, l'absence detroubles.

Or, la vraie paix de l'âme est obtenue par le travail de l'esprit et donc de la raison.

Au lieu de se contenterde recevoir des jugements tout faits, il vaut mieux contribuer à les élaborer par un acte de réflexion et de jugement.Comme l'explique Kant dans Qu'est ce que les Lumières, les préceptes et les formules sont des instrumentsmécaniques car l'individu à l'illusion de penser par lui même alors qu'il ne fait que reproduire des raisonnementsinculqués depuis l'enfance à partir de vérité toutes faites apprises et reproduites.

Or la raison en est tout lecontraire, car penser par soi même consiste à user de son propre entendement pour formuler des jugements qui sefondent sur la vérité que l'on a soi même recherchée.

La raison est la faculté qui consiste à former desraisonnements en enchaînant des jugements de manière claire et cohérente; c'est la faculté de penser.

Pascal écritencore dans ses Pensées: "l'homme est visiblement fait pour penser; c'est toute sa dignité et tout son métier; ettout son devoir est de penser comme il faut.

Or, l'ordre de la pensée est de commencer par soi, et par son auteur etsa fin".

Dans ce cas, on peut se poser la question "à quoi pense alors le monde?" et finalement constater qu'il penseà tout sauf à "penser comme il faut" selon les dires de Pascal, mais plutôt "à danser, à jouer du luth, à chanter, àfaire des vers, à courir la bague, à se battre, à se faire roi mais sans penser à ce que c'est qu'être roi et qu'êtrehomme".

Voilà la critique des illusions; celles ci nous ferment les yeux et nous poussent à agir sans conséquencesde nos actes pour le meilleur ou pour le pire.

Mais est-ce vraiment çà le bonheur? car agir de la sorte peut avoir desrépercutions désastreuses sur l'humanité prise dans son sens le plus large.

Si chacun d'entre nous agissait par lasimple pulsion de nos envies sans même réfléchir deux fois avant d'agir, en étant complètement absent de soi même,il n'y aurait sans doute plus aucune cohésion, plus de sens réel à nos vie.

Se mentir à nous même, c'est nous fairealler droit dans le mur que nous construisons nous même; c'est s'enliser toujours et encore plus dans les problèmesque nous cherchons à fuir, en pensant être heureux de la sorte, pour finalement de plus pouvoir en sortir.

C'estavancer à reculons.

Alors donc, le bonheur peut-il réellement faire abstraction de la pensée et d'une forme d'"idéal"?En d'autre termes, penser certes à ce qui est, mais aussi à ce qui pourrait être, à ce qui devrait être, de manièreparfaite et accomplie.

John Stuart Mill, auteur de L'utilitarisme dit: "Mieux vaut un Socrate malheureux qu'un imbécileheureux".

Cette citation évoque parfaitement le danger qu'est de vivre en absence de soi même, de se contenterd'une satisfaction sans réflexion mais sans angoisse.

Celui qui ne pense pas est un "imbécile".

Dans ce cas nousavons le choix entre être un "imbécile" ou être malheureux, mais n'y a t-il pas un compromis entre ses deuxextrêmes?Pour atteindre une certaine sérénité, et ne pas être directement classifiés d'imbécile ou de malheureux, ne vaudraitil pas apprendre à se soustraire à l'emprise des événements, surtout quand ils sont mauvais et douloureux pour neplus être ballotté par ses désirs et ses passions? Dans ce but il faut "prendre conscience" de notre dépendance auplaisir et d'une manière générale à notre sensibilité.

Jankélévitch explique dans La Mauvaise Conscience, d'après unecitation de Paul Valéry, que le fait de souffrir, c'est "donner à quelque chose une attention suprême" et de ce fait ladouleur de la souffrance nous amène à développer une grande partie de notre sensibilité.

En comparant ce qu'ilappelle la "conscience douloureuse" à la passion, Jankélévitch nous montre la nature obsédante de la douleur; tellela douleur physique, une fois que l'on en prend conscience elle nous obsède, nous hante, on ne voit plus qu'elle.

Dece fait, "douleur" et "conscience" sont indissociables, nous sommes donc en prenant conscience, dépendants denotre sensibilité mais Jankélévitch insiste bien sur le fait que "cette conscience cancéreuse reste notre conscience"et qu'il faut donc faire avec quitte à l'exploiter de manière raisonnée, c'est à dire à des fins positives pour atteindrela certaine sérénité que nous citions plus haut.

De même, pour arriver à prendre du recul vis à vis de nos désirs etde nos passions qui nous font tourner en bourrique, il faudrait également "prendre conscience" de notre dépendanceau plaisir.

Finalement, pour être heureux, faut il rechercher "le plaisir" à tout prix comme le croit l'Hédonisme,doctrine faisant du "plaisir" le souverain bien de l'homme? Pas exactement.

D'après la thèse d'Épicure dans la Lettre. »

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