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Peut-on reprocher à un art de ne rien nous apprendre ?

Publié le 27/02/2008

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Pour Platon, l?imitation artistique du peintre est éloignée par trois degrés de l?idée de lit et donc ne nous délivre de cet objet que son apparence, ou plus précisément son apparaître, sa venue, via le travail de l?artisan, dans le monde sensible. Le lit peint est donc redoublement de l?apparence. En cela, il ne nous apprend rien : l?idée de lit est tellement dégradée qu?elle est perdue.   b)      seul l?art de type iconique est acceptable car susceptible de faire connaître Ce faisant, on peut donc reprocher à un art de prendre pour modèle des apparences car alors, il n?est qu?un double mutilé du réel : une copie de copie. Sa consistance ontologique est des plus faibles. Seulement, le spectateur lui donne une certaine réalité : il est abusé : l?artiste illusionniste fait tout pour cacher la nullité ontologique de son ouvrage en misant sur des effets sensibles : le trompe-l??il. Du coup, s?il y a une forme d?art qui n?est pas condamnable, qui peut nous apprendre quelque chose, ce ne peut être cette pratique du simulacre. Au contraire du simulacre, une icône qui avoue son déficit ontologique au regard de l?idée qu?elle imite peut être un outil pédagogique précieux : en révélant ce qu?elle n?est pas, elle ouvre un accès à l?intelligible. Exemple : face à plusieurs exemples de vertus, Ménon parvient à saisir l?idée de la vertu en soi en admettant que son « essaim » n?était qu?un ensemble d?images de la vertu réelle, c?est-à-dire intelligible.   Transition : Cependant, on sait que Platon tire argument de cette distinction pour établir, au sein de la cité juste, une censure, voire l?expulsion des artistes.

« de sorte qu'il serait logiquement impossible de reprocher à un art de ne rien nous apprendre (l'art étant par essence porteur d'un enseignement) ? 2- TOUT ART ÉTANT INSTRUCTIF , IL EST IMPOSSIBLE DE REPROCHER À UN ART DE NE RIEN NOUS APPRENDRE Aristote admet que l'art est mimétique.

Cependant, il refuse la transcendance des idées et du même coup, la soumission de l'art à des normes extérieures établies par le censeur philosophe.

Ce qui l'amène à légitimer que l'onreprésente des choses laides, violentes, ou encore immorales : celles-ci permettent, de par la mimésis qui a présidéà leur production, une distance qui s'avère être profitable quant à l'éducation, non seulement de la jeunesse, mais de l'ensemble des citoyens (les passions purifiées par l'art participent en quelque sorte au maintien de la paix sociale, c'est-à-dire contribuent à la vertu des citoyens) a) le poète, meilleur pédagogue que l'historien Pour Aristote, les évènements quotidiens manquent de portée générale .

Et c'est pour cette raison que l'artiste ou le poète est plus pédagogue que l'historien : là où ce dernier se borne à rapporter les faits tels qu'il se sont produit comme ils se sont produit, le poète rapporte ce qui est vraisemblable , « semblable au vrai ».

En effet, l'artiste « re-présente les choses ».

Les représentations de l'art subissent certes une « perte » ontologique commele dit Platon, mais il ne s'agit pas pour autant d'une dégradation ontologique.

Au contraire pour Aristote, levraisemblable donne à l'art sa supériorité sur l'histoire.

L'artiste représente en donnant une seconde présentation,mais surtout une nouvelle présentation.

Exple : Homère dépeint moins la colère d'Achille pris individuellement (Achille, à tel jour, telle heure et tel endroit, pour tel et tel motif, s'est mis en colère) que l'expression de la colèred'un guerrier.

Certes cette colère n'est pas aussi universelle que celle étudiée par la philosophie quand elle définit lespassions (valables pour tout homme en général) mais elle échappe au défaut de l'histoire qui est de s'attacher auparticulier, aux détails et ne nous apprend rien : avec la poésie, on a affaire à des types , des modèles, à de l'universel approchant . Ainsi pour Aristote, « l'ami des mythes est en quelque sorte philosophe » (Métaphysique , I, 2, 982 b).

L'art nous met en chemin vers la science ou la connaissance du vrai. b) la catharsis : Le fait de vivre en représentation certains évènements nous permet de ne pas avoir à délibérer sur ce qu'il faut faire, nous pouvons simplement contempler.

Ainsi, il y a épuration des passions ( catharsis ) produite grâce à l'art : je peux, face au spectacle tragique, appréhender ce qu'est le malheur sans le vivre (ou le vivre mais parprocuration, c'est-à-dire sans en subir personnellement les conséquences).

Or lorsque je vis réellement le malheur, ilm'est difficile de le connaître.

Ainsi, le coléreux qui voit le spectacle de la colère peut alors se rendre compte qu'elleest hors de toute mesure, ou bien qu'elle peut tel Ajax, le mener à sa perte, au déshonneur ; en contraire, ce mêmecoléreux en colère se laisse porter par sa passion.

Transition : Cependant, avec Aristote, l'art n'est pourtant pas délivré des contraintes de production ; il y a un ensemble de règles exposée dans La poétique qui visent précisément à rendre l'artiste plus performant, c'est-à-dire plus àmême de délivrer la vérité qui est la sienne. Du coup, la possibilité de reprocher à un art de ne rien nous apprendre ressurgit : un art qui n'est d'aucune efficacité cathartique par exemple cesse d'être un bon art. N'est-ce finalement pas trop exiger des artistes qu'ils nous délivrent une connaissance ou fassent preuve de vérité.

La fonction de l'art ne peut-elle être libérée de tout impératif pédagogique et avoir une finalité propre ? 3- IL PEUT Y AVOIR UN RAPPORT À L 'ART DÉSINTÉRESSÉ QUI EMPÊCHE DE JUGER L 'ART EN FONCTION DE CE QU 'IL ENSEIGNE OU NON A partir du 17 ème siècle, l'art tend à se désolidariser de toute emprise rationaliste concernant son mode de production.

Le romantisme se présente ainsi comme une révolte contre la vocation morale assignée à l'art depuisdes siècles.

L'artiste revendique sa liberté de créer et en cela, l'art ne peut plus être jugé en fonction de son utilité pédagogique : il est à lui-même sa propre fin (c'est le nihilisme romantique « l'art pour l'art »).

Il ne délivre aucune vérité, ne livre aucune connaissance. Dès lors l'évaluation des arts repose sur la subjectivité passionnelle de l'artiste et de son spectateur : elle se passe dans un univers absolument délivré de toute contrainte utilitaire.

Autrement dit, l'art occupe un espacenouveau irréductible à la réalité : la sphère de l'imaginaire [voir Rimbaud, lettre à Paul Demeny dite « du voyant » : créer, c'est accéder, par un dérèglement de tous les sens une réalité radicalement autre et inexploré] Conclusion :Finalement, on ne peut reprocher à un art de ne rien nous apprendre dès lors que telle n'est pas sa fonction.Cependant, cette nouvelle conception de l'art n'abolit pas toute exigence en matière d'évaluation et de critique :que l'art soit sans finalité n'entraîne pas que toute production soit d'égale valeur (comme s'il suffisait de laisser librecourt à sa fantaisie pour être un artiste).. »

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