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Peut-on réduire la religion à n'être qu'une idéologie ?

Publié le 12/08/2009

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La religion est lensemble des discours, des représentations et des pratiques émanant dune révélation donnée qui a pour fonction de relier lici bas et lau-delà, le visible et linvisible. Lidéologie est un système de représentations du monde doué d’une existence et d’un rôle historiques au sein d’une société donnée au sein de laquelle lindividu humain croit penser par sa propre conscience alors quil est déterminé par l‘idéologie elle-même. Dans la mesure où elle se présente comme un ensemble de textes et de représentations qui prétendent nous offrir un prisme herméneutique pour comprendre le monde, la religion est un discours auquel on arrive par la voie de la raison et qui ne cherche pas à manipuler la conscience, mais au contraire à l’éclairer sur l’origine de son être. Toutefois il ne faut pas négliger que le propre de l’idéologie est de faire croire à la conscience manipulée qu’elle est libre. En ce sens, la religion en tant que système d’interprétation du monde aurait une fonction pratique de neutralisation des conflits politiques réels au profit du conservatisme en endormant les consciences dans un bonheur illusoire dont il faudrait s’arracher. Toutefois si la religion en tant qu’ensemble de doctrines et de représentations peut toujours être suspectée de servir involontairement le conservatisme, ne faut-il pas pour comprendre la religion la couper de tout horizon politique et revenir à son essence qui est le phénomène individuel de la foi. 

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« qu'ils ont les yeux bleus et les cheveux rouges ».

Si les dieux diffèrent entre eux selon la différence des peuples,cela prouve que la religion ne se fonde pas sur une expérience originaire avec Dieu.

La pluralité des traditionsdoctrinales et de leurs différentes manières de concevoir l 'existence de Dieu amènent alors au relativisme.

C 'est l'idée selon laquelle pour penser une chose, il ne faut pas la comprendre par elle-même, mais la relier à ce qui n 'est pas elle ; en cela elle s 'oppose à l 'absolu.

La religion perd ainsi son absoluité et sa pureté métaphysique se voit entachée par le lien entretenu avec une culture donnée._ La pratique religieuse impose de croire en des représentations structurantes dont je ne suis pas l 'auteur.

Aussi annihilé t-elle mon esprit critique et ma liberté.

C 'Est-ce que l 'on peut soutenir avec Freud ans l'Avenir d 'une illusion : la religion est ramenée à une construction névrotique résultant de l 'état de détresse dans laquelle se trouve l'homme.

Cet état de détresse compte la menace des maladies, de la mort, des injustices sociales à compenser.Pour compenser cet état de détresse, l 'homme retrouvant son impuissant enfant s 'invente un père universel Dieu capable de compenser ces misères actuelles en lui garantissant le bonheur dans une autre vie.

Aussi le fidèle ne doitpas avoir ses idées propres, mais adopter celles de sa religion.

Dans la pratique religieuse, j 'annihile ma volonté et ma raison en adhérant à une tradition héritée.

L 'adhésion obligatoire en des dogmes donnés contredit le programme des Lumières qui visait la libération des hommes par l 'usage libre de la pensée : plutôt que de sortir de la minorité intellectuelle, la pratique religieuse nous y enchaine en inscrivant par la coutume des préjugés en notre esprit._ La religion est le lieu de la conscience renversée où les conflits politiques sont neutralisés au profit duconservatisme.

La critique est là pour arracher les hommes à l'illusion et les amener au bonheur réel .

En soutenant que l'essentiel de l'existence humaine est dans le ciel et non sur la terre, dans l'au-delà de la vie et non dans cettevie même, la religion est un instrument au service des puissants qui sert de tampon entre les injustices dont cesderniers sont responsables et les revendications des dominés.

En ce sens la religion dévie l'attention des dominés etfreine tout changement politique en dévaluant la politique elle-même.

C'Est-ce que l'on peut soutenir avec Marxdans sa Critique de la philosophie hégélienne du droit : le monde religieux n'est que le reflet du monde réel et le retour du réel ne pourra se faire que par le renversement des consciences prévue par la philosophie critique.

Si lareligion met le monde à l'envers, la philosophie se propose de critiquer la religion pour le remettre à l'endroit afin quele changement politique advienne effectivement et que les hommes ne se satisfassent plus des illusions : « lasuppression de la religion comme bonheur illusoire du peuple est l'exigence de son bonheur réel.

L'exigence derenoncer aux illusions sur son état est l'exigence de renoncer à un état qui a besoin d'illusions (…) la critique de lareligion désillusionne l'homme afin qu'il pense, agisse, façonne sa propre réalité comme un homme désillusionné,ayant accédé à la raison, afin qu'il gravite autour de soi-même et par là autour de son véritable soleil ».

T : En ce sens, la religion en tant que système d'interprétation du monde aurait une fonction pratique deneutralisation des conflits politiques réels au profit du conservatisme en endormant les consciences dans un bonheurillusoire dont il faudrait s'arracher.

Toutefois si la religion en tant qu'ensemble de doctrines et de représentationspeut toujours être suspectée de servir involontairement le conservatisme, ne faut-il pas pour comprendre la religionla couper de tout horizon politique et revenir à son essence qui est le phénomène individuel de la foi.

La religion doitêtre pensée du point de vue des hommes religieux.

Il serait en effet trop facile de réduire la religion à unemanifestation de la culture si on adopte le point de vue objectivant des hommes non religieux.

III L'essence de la religion est constitué par le culte et la foi qui repose sur un choix individuel séparé touthorizon politique.

_Si le culte est inhérent à la religion, alors c'est librement que l'homme par ses actes de dévotion produit lui-mêmeses dieux.

La pratique religieuse peut être considérée comme une technique du sacré dans la mesure où son application est destinée à mettre en rapport le fidèle avec l 'au-delà en lequel il croit l 'usage du rituel.

C 'est d 'ailleurs tout le paradoxe de la pratique religieuse : elle cherche à se mettre en rapport avec un au-delà qu 'elle produit à titre de supposition par sa propre pratique.

En effet on peut définir le phénomène religieux comme un acte humainqui ouvre à la transcendance dont l 'existence n 'est elle-même qu 'une hypothèse.

Prier par exemple, c 'est produire du religieux.

C 'Est-ce que l 'on peut soutenir avec Bergson dans les Deux sources de la morale et de la religion qui montre que la pratique est essentielle à la religion : Ce primat du culte est révélé par la dette paradoxale que lesdeux ont à son égard.

En effet « s 'il y a des dieux, il faut leur vouer un culte » : l 'existence des dieux est chronologiquement première et le culte est conditionné par la reconnaissance de leur existence.

Néanmoins Bergsonrenverse la priorité de Dieu en montrant que le culte est la condition anthropologique de l 'existence des dieux : « mais du moment qu 'il y a un culte, c 'est qu 'il existe des dieux ».

D 'une certaine manière c 'est par le rite que l 'homme rend à ses dieux que ses dieux se mettent à exister pour lui sous la forme extérieure du culte.

Il y a en effet « unesolidarité du dieu et de l 'hommage qu 'on lui rend » si bien que le dieu reste inséparable du culte lui-même.

En d'autres termes, c 'est librement que l 'homme choisit de s 'adonner à la pratique religieuse _ Pour un croyant, la religion désigne plus encore que le culte qui fait naitre la transcendance, le rapport direct qu 'il entretient avec Dieu.

Ce rapport direct s 'appelle la foi.

Comme l 'explique Pascal au fragment 424 de ses Pensées en édition Lafuma : « c 'est le cœur qui sent Dieu et non la raison.

Voilà ce que c 'est que la foi.

Dieu sensible et non à la raison ».

Ainsi l 'essence de la religion résiderait dans la foi comme cette présence de Dieu dans le cœur d 'un homme.

Cette présence de Dieu sensible au cœur aurait son cadre de référence non dans le cadre collectif de lapolitique ou de l'idéologie mais dans une expérience intérieure faite par un individu.

La religion n 'aurait de sens que par cette expérience du « numineux » (lumen : le sacré) dans laquelle un individu rencontrerait le Tout-autre (dasGanz Andere).

Au chapitre III de son livre das Heilige, le Sacré , R.

Otto donne comme exemple dans le livre de l'Exode, le face à face de Moïse avec le buisson ardent qui exprime l ‘incognoscibilité de Dieu.

Moïse éprouve un effroi mystique devant l 'inaccessibilité absolue et la supériorité absolue de Dieu, un « mysterium tremendum et fascinans« , un mystère à la fois terrifiant et fascinant.

Ainsi la religion est l 'expérience mystique, c 'est-à-dire à la fois intime et incompréhensible du mystère divin échappant à la raison.. »

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