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Peut-on penser sans méthode ?

Publié le 27/02/2008

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Pour penser et penser bien, c?est-à-dire pour penser le vrai, il convient d?abord de définir une méthode. « Par méthode, j?entends des règles certaines et faciles, grâces auxquelles tous ceux qui les observent ne supposeront jamais vrai ce qui est faux et parviendront sans se fatiguer en effort inutiles mais en accroissant progressivement leur science, à la connaissance vraie » (Règles pour la direction de l?esprit) Double enjeu de la méthode : d?une part, sur le plan épistémologique, elle garantie la certitude, la saisie du vrai : elle est production de résultats ; sur le plan pratique, elle est principe d?économie (contre le gaspillage d?énergie) : elle simplifie au sens où elle rend facile d?accès, la résolution d?une difficulté.   Transition : Si penser sans méthode revient à ôter toute organisation à l?esprit, toute logique et à le condamner aux méandres d?une réflexion improductive, vaine, il n?en reste pas moins que ce primat de la méthode sur la pensée pose problème au regard de l?essence formelle de la méthode : celle-ci s?apparente à un calcul. En effet, formellement, la méthode idéale = un algorithme, c?est-à-dire un cycle opératoire rigoureusement déterminé qui aboutit au bout d?un nombre fini d?état à une solution. En ce sens, le mathématicien anglais Alan Turing défendra l?idée selon laquelle les ordinateurs peuvent penser. Or cette tendance à identifier la pensée au calcul, à une méthodologie programmatique sans ambiguïté, est-elle fondée ? 2-      Le formalisme de la méthode ne constitue pas le tout de la pensée   Pour Turing, mais aussi pour Hobbes et Leibniz, toute pensée peut être réduite à un calcul, c?est-à-dire à un ensemble de procédés rationnels ayant la forme d?une équation mathématique. Cela pose au moins deux problèmes : 1) la prédictibilité 2) l?automatisme a)      Difficulté de la dimension programmatique de la méthode En effet, si la méthode permet à coup sûr d?engendrer un résultat, la pensée sera alors tout à fait prévisible, c?est-à-dire rigoureusement déterminée. Quelle place reste-t-il à l?inventivité et à la découverte ? Ainsi l?art romantique s?est en grande partie constitué en réaction contre les carcans supposés valoir comme critère de beauté (la règle des 5 unités au théâtre).

« a) Difficulté de la dimension programmatique de la méthode En effet, si la méthode permet à coup sûr d'engendrer un résultat, la pensée sera alors tout à fait prévisible, c'est-à-dire rigoureusement déterminée.

Quelle place reste-t-il à l'inventivité et à la découverte ? Ainsi l'art romantique s'est en grande partie constitué en réaction contre les carcans supposés valoir comme critèrede beauté (la règle des 5 unités au théâtre).

L'art se doit alors de manifester l'esprit dans ce qu'il a de plus inspiré,et en cela, il ne saurait souffrir aucune méthode, aucune règle ou lois.

C'est ainsi que la séparation entre art etartisanat est scellée : le premier relève de la génialité, le second (travail de tâcheron ne requérant aucuneinventivité) est technique relevant de l'habileté. b) L'automatisme méthodologique et le problème de la conscience Ensuite, à supposer que la pensée doivent se conformer à un programme d'exécution pour être efficace, sondéploiement sera mécanique.

Or contre cette idée, le philosophe américain John Searle, montre, dans ce qu'onappelle l'argument de la chambre chinoise.

Il s'agit d'imaginer un sujet enfermé dans une pièce et devant répondre àdes questions posées en chinois en envoyant des fiches à l'extérieur de la pièce.

Le sujet ne parle pas le chinoismais il dispose pour répondre d'une liste de consignes, c'est-à-dire d'une méthode, lui dictant quel opérationeffectuer en fonction de telle autre (exemple : à tel symbole, envoyer tel autre).

Notre sujet peut ainsi donnerl'impression à quelqu'un situé hors de la pièce qu'il comprend le chinois ; mais, n'étant pas conscient de ce qu'il exécute, on ne peut parler de pensée.

Autrement dit, il y a bien de la différence entre obéir bêtement à des règlesdonnées, et penser consciemment. Transition : La pensée possède une part d'inspiration, d'intuition comme le montre l'activité artistique irréductible à une méthodeou savoir-faire.

Ensuite, elle exige la conscience que l'excès de méthode peut annuler (une machine est ultraméthodique et certes ne se trompe jamais, et cependant, elle ne pense pas pour autant qu'elle n'a absolument pasconscience de ce qu'elle fait). Cependant, faut-il alors exclure toute méthode de la pensée ? N'est-ce pas prendre le risque de voir la pensées'annuler elle-même par excès de liberté ? 3- La méthode est un adjuvant pour penser a) Prédiction et prévention La méthode cartésienne est moins un procédé permettant de supprimer tout risque d'erreur et de faire de la penséeun automatisme, une activité réglée d'avance à trouver le vrai ou vouloir le bien, mais elle est bien plutôt uneprévention : il s'agit de montrer comment éviter l'erreur et s'en prémunir.

La différence tient à la liberté impliquée :là où la première est contraignante, la seconde me laisse libre, et n'est qu'une recommandation qui, peut ou nonêtre suivie. Plus précisément la méthode prend avec Descartes le sens d'une discipline de l'esprit, d'une habitude à prendre quine contraindra pas ma pensée comme « une force extérieure », autoritaire, mais la guidera et l'orientera parce quej'ai décidé qu'il en serait ainsi. b) La méthode doit être au service de la pensée S'interrogeant sur la possibilité de rendre acceptable la rhétorique que Socrate qualifie de recette ou ensemble de « trucs » permettant de parler de tout sans rien connaître, Platon fait remarquer dans le Gorgias que la rhétorique pourrait être élevée au statut d'art à la condition expresse qu'elle se limite à fournir les moyens deréaliser des fins qui lui sont prescrites par ailleurs. Ce qui est donc à proscrire, c'est donc une autonomisation de la méthode qui ferait tomber dans l'oubli qu'elle n'est qu'un outil , un ensemble de procédés formels qui sont loin de constituer le tout de la pensée.. »

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