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Peut-on parler de l'inutilité de l'oeuvre d'art ?

Publié le 22/02/2012

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Mais comment alors imaginer qu'un objet d'art, idéal de beauté désintéressée, puisse avoir une valeur d'échange lui conférant une valeur marchande ? Une oeuvre d'art dès qu'elle est considérée de façon utilitaire ne cesse-t-elle pas d'être appréciée pour sa valeur artistique ? Certes, dès la Renaissance, elle fut l'objet de spéculation entre mécènes, collectionneurs et artistes. Cependant la société capitaliste l'a transformée en vulgaire marchandise, une image sans qualité, vidée de toute profondeur et de tout élément sacré. Paradoxalement, l'art devient alors inutile, devenant produit de luxe par son prix et sa rareté. On peut alors le ranger dans la catégorie du superflu ! La limite entre l'affaire de l'art et l'art des affaires est rompue au détriment de l'oeuvre, qui perd toute signification propre.

« d'art - tout comme d'une action - en fonction de l'augmentation ou de la diminution des plaisirs procurés.

On peutaffiner cette conception grâce à John Stuart Mill qui classe les plaisirs de façon qualitative et non quantitative : onpeut alors associer l'art aux plaisirs supérieurs, c'est à dire ceux de l'esprit.

L'art, n'est-il pas pour l'homme un moyende se libérer de l'aliénation du quotidien ? ¼uvre d'art n'est-elle pas par ailleurs le témoin de la lucidité, qui setraduit par l'envie de réaffirmer la vie par delà l'absurdité et la douleur du monde ? Selon Bergson, l'art nous détourne de l'abstraction qui nous fait perdre le contact avec les choses, et ce tout ennous arrachant aux préoccupations pragmatiques par lesquelles nous réduisons la réalité à de sommaires schémaspour guider l'action.

L'oeuvre d'art devient en quelque sorte la médiatrice de l'activité humaine dans un effort deréappropriation du réel.

Pour reprendre un exemple énoncé par Kant, nous pouvons juger beau un palais même si laconstruction a supposé l'exploitation du peuple ( dimension pratique ou morale ) et alors même que l'idée de l'habiternous paraîtrait saugrenue ( question pragmatique ).

Seul le rapport esthétique est innocent, puisqu'il laisse être lachose sans lui nuire ou la ruiner.

C'est un rapport de contemplation et non de consommation. La consommation est une des caractéristiques essentielles de notre société qui la rend monotone.

Ainsis'approvisionne-t-elle presque toujours des mêmes " nourritures sensibles " offerte à sa consommation.

L'art brisecette routine et nous arrache à notre monde familier en devenant la source jaillissante des possibles et desimprévisibles.

Il est la manifestation de la liberté de l'homme.

Car la création artistique est loin de se réduire à larépétition machinale d'un même geste.

Ainsi le pointillisme et l'impressionnisme sont deux techniques de peinture trèsdifférentes permettant d'appréhender le réel ; elles sont la manifestation d'un refus de se conformer à l'art classiqueet académique, et sont par conséquent une affirmation de la liberté que les artistes recherchent. Dès qu'il y a beauté, c'est la vérité des choses ou de l'homme accédant à une conscience de soi qui commencent àse manifester.

Que fait Beethoven lorsque, atteint de surdité, il réussit à composer la 9e symphonie ( ou Ode à lajoie ), qui sera l'une des oeuvres majeures et des plus originales de son répertoire ? Il redonne vie à la vie dans sonexaltation.

Par lui l'on voit que la musique n'est pas seulement la production de sons ; comme toute oeuvre d'art, cen'est pas seulement une réalité physique au sens scientifique du terme, mais la révélation à l'extérieur d'unesensibilité enfuie dans le " moi intérieur ".

Indice de l'aptitude de l'homme à se dépasser vers un ailleurs, dont il estl'inventeur, l'art brise les limites de la condition temporelle et lui permet de devenir son propre créateur.

Ainsi, depuisl'aube des temps, on mêle l'art et le religieux.

Même si notre admiration ne peut aujourd'hui " nous faire plier lesgenoux " devant les icônes et les idoles, néanmoins notre conscience réflexive, en particulier esthétique, en saisit àun niveau supérieur la vérité.

L'art et son oeuvre sont spirituels, ils ressourcent notre âme. Après examen de la question, on peut mieux que concéder à l'art une utilité certaine, eu égard au rôle éminent qu'iljoue dans notre humanisation ; on peut la lui accorder.

L'oeuvre d'art sous toutes ses formes tend à désaliénerl'homme de son quotidien, et ceci est vrai tant du créateur que du spectateur. La raison d'être de l'oeuvre d'art se trouve ainsi confirmée.

Reprenons par conséquent conscience de l'importance del'art, qui tendrait à être banalisé par une culture de masse, mondialisée, en constante progression, offerte, telle uneproie, à l'avidité des consommateurs. Sujet désiré en échange : l'oeuvre d'art est-elle utile?. »

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