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Peut-on commander l'amour ?

Publié le 13/04/2009

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amour

 

L’amour semble pourvoir se comprendre comme Flaubert dans L’Education sentimentale le dit « Ce fut comme une apparition «. L’amour : au commencement survient une splendeur, un éblouissement. Ainsi nous tombons amoureux. Est-ce le hasard ou y a-t-il une raison plus profonde nous permettant de comprendre les causes de l’amour ? Or c’est bien cette interrogation profonde que développe Milan Kundera dans l’Insoutenable légèreté de l’être. Face à l’incompréhension de certains amours ou au désespoir qu’entraine certainement situation amoureuse, on peut se demander s’il ne vaudrait pas mieux raisonner quelquefois l’amour. L’expression alors « choisir un bon parti « aurait alors pleinement son sens. Mais pourrait-on encore parler d’amour s’il s’agit d’un choix rationnel et réfléchi ? C’est bien là tout l’enjeu de la question.

            Or si le cœur a bien ses raisons que la raison ignore (1ère partie), il n’en reste pas moins que l’esprit peut avoir une certaine influence sur les passions (2nd partie), mais parlerait-on alors encore d’amour, c’est-à-dire la question a-t-elle seulement un sens ? (3ème partie)

 

  • I – Le cœur a ses raisons que la raison ignore
  • II – Raisonner le cœur
  • III – Pertinence de la question

 

 

 

 

a) En effet, pour comprendre cela, si la raison pouvait commander l’amour, il semblerait que l’amour première ne devrait plus exister. C’est du moins ce que l’on peut retirer de la compréhension de Schopenhauer de l’amour dans sa Petite Métaphysique de l’amour. Tout amour est floué : ce n’est pas mon bien qui s’y trouve en jeu, c’est la volonté de l’espèce qui se joue de moi pour m’imposer des buts illusoires.

 

 

 

amour

« auparavant, encore que nous ne sachions pas ce que c'est.

Et bien que ce soit plus ordinairement une perfectionqu'un défaut, qui nous attire ainsi à l'amour, toutefois, à cause que ce peut être quelquefois un défaut, comme enl'exemple que j'en ai apporté, un homme sage ne se doit pas laisser entièrement aller à cette passion, avant qued'avoir considéré le mérite de la personne pour laquelle nous nous sentons émus ».

Cependant, il n'en reste pasmoins que pour Descartes, l'amour a une vraie valeur dans la mesure où elle constitue la reconnaissance d'un mérited'une personne : « Mais, à cause que nous ne pouvons pas aimer également tous ceux en qui nous remarquons desmérites égaux, je crois que nous sommes seulement obligés de les estimer également; et que, le principal bien de lavie étant d'avoir de l'amitié pour quelques-uns, nous avons raison de préférer ceux à qui nos inclinations secrètesnous joignent, pourvu que nous remarquions aussi en eux du mérite.

Outre que, lorsque ces inclinations secrètes,ont leur cause en l'esprit, et non dans le corps, je crois qu'elles doivent toujours être suivies; et la marque principalequi les fait connaître, est que celles qui viennent de l'esprit sont réciproques, ce qui n'arrive pas souvent aux autres».c) Il n'en reste pas moins qu'il s'agit de causes secrètes.

La passion est donc la cause de cet amour et la puissancede l'esprit peut quelque chose pour en comprendre les causes et modifier notre comportement comme ce sera le casde Descartes puisqu'ayant compris pourquoi il aime les filles louches en raison de ce souvenir de cette fille, il auracertes toujours de l'affection pour ces personnes, mais n'en sera plus amoureux.

Cependant, s'il est possible quel'âme dispose des passions il faut bien remarquer que cette lutte est sans fin.

En effet, comme le note l'article 46des Passions de l'âme de Descartes , la raison qui fait que l'âme ne peut disposer entièrement de ses passions est « qu'elles sont presque toutes accompagnées de quelque émotion qui se fait dans le cœur, et par conséquent aussien tout le sang et les esprits, en sorte que, jusqu'à ce que cette émotion ait cessé, elles demeurent présentes ànotre pensée en même façon que les objets sensibles y sont présents pendant qu'ils agissent contre les organes denos sens ».

Au demeurant, il existe peu d'hommes comme le note Descartes dans l'article 49 qui soient si faibles ousi irrésolus qu'ils ne puissent rien à l'encontre de leurs passions.

Néanmoins, et c'est là tout le primat de l'esprit : laforce de la volonté, c'est-à-dire la force ou la faiblesse de l'âme, n'est jamais suffisante pour combattre une passionsi elle n'est pas accompagnée de la connaissance de la vérité (article 49).

C'est en ce sens que l'on peutcomprendre alors le dernier article, 50, de la première partie des Passions de l'âme : « qu'il y a point d'âme si faiblequ'elle ne puisse, étant bien conduite, acquérir un pouvoir absolu sur ses passions ».

Transition : Ainsi par un travail de compréhension et d'analyse des causes secrètes, on peut saisir les causes de cet amour etdès lors commander l'amour, mais en cherchant à comprendre ces causes provoquant l'émotion peut-on encoreparler d'amour ? L'analyse rationnelle ne tue-t-elle pas le sentiment ? III – Pertinence de la question a) En effet, pour comprendre cela, si la raison pouvait commander l'amour, il semblerait que l'amour première nedevrait plus exister.

C'est du moins ce que l'on peut retirer de la compréhension de Schopenhauer de l'amour dans sa Petite Métaphysique de l'amour .

Tout amour est floué : ce n'est pas mon bien qui s'y trouve en jeu, c'est la volonté de l'espèce qui se joue de moi pour m'imposer des buts illusoires.

En effet, comme il le note : « Un insecterecherche un fleur […] soin analogue à celui avec lequel l'homme choisit pour la satisfaction de l'instinct sexuel unefemme d'une nature déterminée adaptée à la sienne, et qu'il recherche si ardemment que souvent pour atteindre sonbut, et au mépris de tout bon sens, il sacrifie le bonheur de sa vie par un mariage insensé, par des intrigues qui luicoûtent fortune, honneur et vie, même par des crimes comme l'adultère et le viol, - tout cela uniquement pour servirl'espèce de la manière la plus appropriée et conformément à la volonté partout souveraine de la nature, même sic'est au détriment de l'individu.

Partout en effet l'instinct agit comme d'après le concept d'une fin, alors que ceconcept n'est pas du tout donné.

La nature l'implante là où l'individu qui agit serait incapable de comprendre son butou répugnerait à la poursuivre.

[…] Aussi, comme pour tout instinct, la vérité prend ici la forme de l'illusion, afind'agir sur la volonté.

[…] Il s'imagine alors qu'il consacre tous ses efforts et tous ses sacrifices à son plaisirpersonnel, alors que tout cela n'a lieu que pour conserver le type normal et de l'espèce, ou même pour amener àl'existence une individualité tout à fait déterminée, qui ne peut naître que de ces parents-là.

», il s'agit alors commeil le dit d'un « mirage voluptueux », nous ne tombons amoureux que par le jeu des instincts en vue de laperpétuation de l'espèce.

Autrement dit, l'amour est cet ensemble de comportements psychologiques et physico-moteurs dus aux développement de phéromones.

L'amour est alors une ruse de la nature afin que l'espèce continueà se perpétuer.

Et de ce point nous pourrions ajouter qu'il est contraire au bon fonctionnement de l'espèce detomber amoureux et de se contenter d'un seul partenaire : du point de vue de l'espèce ce n'est pas rationnel.

Bienau contraire, c'est l'attitude du héros éponyme du Don Juan de Molière qui serait rationnel et bon pour la diversité de l'espèce.

Si donc la raison devait commander l'amour, on devrait plus alors parler d'amour.b) De même, lorsque Freud analyse dans « la dynamique du transfert » et « observations sur l'amour du transfert », on peut voir une relation de synonymie entre la logique du transfert et celle de l'amour.

Le transfert est undéplacement du passé vers le présent qui en est l'image.

Il en est de même par ailleurs pour la haine.

Lors dutransfert, le patient effectue des progrès, travaille avec zèle pour plaire et séduire.

Le transfert révèle la véritélatente des désirs et des affections anciennes : « tout individu, de par l'action concomitante d'une prédispositionnaturelle et des faits survenus pendant son enfance, possède une manière d'être personnelle, déterminée, de vivresa vie amoureuse, c'est-à-dire que sa façon d'aimer est soumise à certaines conditions, qu'il y satisfait certainespulsions et qu'il pose certains buts.

» Il y a donc aussi un espoir libidinal.

Freud conclut alors : « Il est exact que cetétat amoureux n'est qu'une réédition des faits anciens, une répétition des réactions infantiles, mais c'est là le proprede tout amour et il n'en existe pas qui n'ait son prototype dans l'enfance.

Le facteur déterminant infantile confèrejustement à l'amour son caractère compulsionnel et frisant le pathologique.

» L'amour ne devrait donc plus exister.. »

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