Devoir de Philosophie

Peut-on aimer la justice pour elle-même ?

Publié le 12/12/2009

Extrait du document

justice

Qu'est-ce que la justice ? Il existe plusieurs définitions de la justice. Le terme de « justice « a une signification différente selon qu'il renvoie à une institution, une valeur, un principe ou une vertu.  Selon l'étymologie, la justice, c'est d'abord la décision d'un juge, qui prononce selon le droit. Le terme de « justice « vient en effet du latin: « jus «, qui veut dire « droit «. Juger, ou « judicare «, c'est dire le droit : « jus dicare «. D'une façon générale, la justice désigne alors l'institution dont la fonction est d'appliquer les lois, c'est-à-dire le pouvoir judiciaire.  Mais la justice désigne aussi la valeur qu'on attache au jugement rendu et aux lois, au nom desquelles ce jugement est rendu. D'où, les questions sur les lois justes et les lois injustes, ou encore celles de la justice ou de l'injustice de la décision d'un juge.  Concrètement, on entendrait par « justice elle-même « le principe moral qui exige le respect du droit et de l'équité, mais aussi la vertu, la qualité morale qui consiste à respecter les droits d'autrui.  Les points de vue sur la justice sont nombreux. D'abord, parce que les hommes ont à son propos des opinions différentes, et ensuite, comme le dit Potdevin, « parce que ceux qui en parlent ou s'efforcent de l'instaurer l'abordent à partir de ''points'', d'espaces qui sont multiples et génèrent des ''perspectives'' qui le sont autant «.  Il est certain que l'homme, sans ses principes et valeurs universels s'écarterait de ce qui relève du civilisé. La justice étant un principe qui fonde l'égalité entre le ''moi'' et autrui, il serait logique de l'apprécier. Mais l'homme est égoïste et il est bien plus facile d'aimer la justice pour ce qu'elle nous apporte à nous, autrement dit, pour ses conséquences. Nous pouvons donc nous demander s'il est possible d'aimer la justice pour autre chose que ses applications pratiques, c'est-à-dire pour elle-même.

justice

« serait donc pas infaillible.Voilà une raison pour laquelle on peut ne pas aimer la justice, à la fois en tant que principe faisant référence à la loi,et en tant qu'institution, qui serait donc ''doublement'' imparfaite.Malgré ses nombreuses défaillances, la loi reste tout de même indispensable.En effet, on ne saurait imaginer une société sans lois ni système judiciaire, fusse-elle une anarchie, où chacun secomporterait selon ses propres envies et intérêts.

Dans le livre II de ''La République'', Platon compare lescomportements d'un ''homme de bien'' et d'un ''méchant'', auxquels on aurait donné un égal pouvoir de faire ce quileur plaît.

En les suivant, il observe que même l'homme juste s'engage, par ses passions et désirs, dans la mêmeroute que l'autre.

La justice en tant que valeur en elle-même serait donc un effet de contrainte que les hommesaccepteraient pour leur sécurité que seule la présence d'une autorité pourrait leur assurer.

Cette idée est aussidéfendue par Hobbes qui, dans ''Léviathan'' montre qu'en l'absence d'un pouvoir disposant de la force, les loismorales sont contraintes par les passions naturelles.

Cela pose le problème de la liberté des hommes.

L'exemple del'anneau de Cygès montre qu'une totale liberté conduirait à des attitudes malhonnêtes et donc injustes.

D'où,l'intérêt d'une justice forte qui malgré des côtés positifs, suscite bien souvent des opinions négatives.Il est donc possible de ne pas être d'accord avec certains aspects de la justice elle-même.

Cependant, on ne peutpas ne pas reconnaître ses mérites.

Car le principe-même de la justice repose sur la défense, la protection, lasécurité de tous, ce qui fait que la justice institutionnelle s'efforce de faire régner l'égalité devant la loi et la paix. On constate qu'au cours des siècles, la notion de ce qui est juste et injuste évolue et les lois essayent tant bienque mal, de suivre cette évolution.En effet, on s'aperçoit que le droit a fait un long chemin depuis la loi du plus fort en Préhistoire ou le talion (doctrine des Pythagoriciens ayant défini le juste, en disant d'une manière absolue : « que c'est rendre exactement à autrui ce qu'on en a reçu » ), qui étaient des lois dures etrépressives.

Il était sûrement difficile d'aimer cette justice qui exigeait que l'on coupe le bras à un voleur, qu'onlapide les femmes adultères, voir encore qu'on défende à Antigone d'enterrer Polynice.

Comme le disaient lesRomains, la loi était dure, mais c'était la loi (« Dura lex, sed lex »).Dans ce contexte, la pensée chrétienne apparait alors comme véritablement révolutionnaire en la matière.

« Aimerson prochain comme soi-même » en allant jusqu'à aimer l'ennemi parut comme une folie inacceptable.

Elle a pourtantinfluencé la mentalité humaine, et on pourrait dire que la justice de nos jours est fortement influencée par cettepensée, bien qu'elle ne la revendique pas ouvertement.Au fil du temps, les sociétés poursuivaient toujours leur quête d'une justice de plus en plus juste, car son idéal nesemblait toujours pas être pleinement atteint.

Les valeurs de liberté, égalité et fraternité, nées de la Révolutionfrançaise, de la Constitution polonaise du 3 mai 1791, ou de la Constitution américaine et du Bill of Rights, les idéauxdes positivistes, les mouvements ouvriers ou même l'utopie communiste revendiquant l'égale distribution des biens,marquent tous de grandes étapes dans cette quête de la vraie justice.

Il semble qu'après tant d'erreurs etd'échecs, la justice de notre époque apparaît plus aimable que jamais, du moins dans certains des pays du monde.Et effectivement, comment ne pas aimer cette justice qui veut défendre chaque citoyen sans exception et se veutsi sociale ? Cette justice qui ne se contente plus uniquement de condamner les délits, mais qui s'efforce à ramener àla société ceux, qui ont eu le malheur d'enfreindre la loi.

On peut être fier de ce mouvement d'une constanterecherche allant de l'égalité vers l'équité.

On peut être fier de tous ces progrès et applications pratiques de lajustice.

Néanmoins, il ne faut pas oublier que cela n'est pas le cas partout dans le monde.

Dans certaines dictaturesla justice sert une autre cause.

Pervertie et bafouée, elle est une évidente parodie de la vraie justice et devientl'instrument d'oppression, de persécution et même d'extermination.

Elle prive des populations entières de leur libertéet dignité. Par nature, l'homme est égoïste et possède un instinct de survie bien développé.

Les deux lui permettent de seconcentrer constamment sur ses propres besoins afin de maintenir son existence.

Il est libre de préférer ses propresconfort et intérêts au bien de tous.

Il est franc de se débarrasser de cette contrainte, qui le pousse à respecterautrui, voir l'aimer comme lui-même.

L'homme est libre de rejeter la loi qui « de toute façon, ne sera jamais parfaite».

On voit que pour un tas de raisons on peut ne pas aimer la justice pour elle-même.

Effectivement, il est plusfacile de ne rien partager, de vivre pour soi, et préférer notre bien que celui de tous.

C'est un choix.

Mais nos biensfaits ne sont pas pour autant de longue durée car si l'on rejette le principe de justice ou ses applications, il ne nousreste plus que les lois de la jungle, où même nos propres intérêts vitaux ont des chances minimes d'être garantis.Sauf si nous sommes des loups... Sujet désiré en échange : La tolérance est-elle indifférente à la vérité ?. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles