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Pensez-vous que l'homme qui choisit le pire ne soit jamais libre ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

« "Pour le libre arbitre, je suis entièrement d'accord avec ce qui a été écrit parle Révérend Père'.

Et pour expliquer plus nettement mon opinion, je désireque l'on remarque sur ce point que l'indifférence me semble signifierproprement cet état dans lequel la volonté se trouve, lorsqu'elle n'est pointportée, par la connaissance du vrai ou du bien, à suivre un parti plutôt qu'unautre; et c'est en ce sens que je l'ai prise, quand j'ai écrit que le plus basdegré de la liberté consistait à nous déterminer aux choses auxquelles noussommes indifférents.

Mais peut-être que, par ce mot d'indifférence, d'autresentendent une faculté positive de se déterminer à l'un ou à l'autre de deuxcontraires, c'est-à-dire à poursuivre ou à fuir, à affirmer ou à nier.

Or je n'aijamais nié que cette faculté positive se formât en la volonté.

Tant s'en faut,j'estime qu'elle s'y rencontre, non seulement dans les actions où elle n'estportée par aucune raison évidente vers un parti plutôt que vers un autre,mais encore dans toutes ses autres actions; au point que, lors même qu'uneraison fort évidente nous pousse vers un parti, quoique, moralement parlant,il soit difficile que que nous puissions faire le contraire, absolument parlant,néanmoins, nous le pouvons.

Car il nous est toujours permis de nousempêcher de poursuivre un bien qui nous est clairement connu, oud'admettre une vérité évidente, pourvu seulement que nous pensions quec'est un bien de témoigner par là notre libre arbitre.De plus il faut remarquer que la liberté peut être considérée dans les actions de la volonté, soit avant qu'elles soient accomplies, soit pendant leur accomplissement.Or il est certain qu'étant considérée dans les actions avant qu'elles soient accomplies, la liberté entraînel'indifférence, prise dans le second sens, mais non dans le premier.

Et bien que, quand nous opposons notre proprejugement aux commandements des autres, nous nous disions plus libres de faire ce pour quoi rien ne nous estprescrit par autrui, et où il nous est permis de suivre notre propre jugement, que de faire ce qui nous est interdit,pourtant, en opposant nos jugements entre eux ou nos connaissances les unes aux autres, nous pouvons dire quenous sommes plus libres pour faire ce qui ne nous paraît ni bien ni mal, ou encore ce en quoi nous connaissonsbeaucoup de raisons pour le bien certes, mais autant d'autres pour le mal, que pour faire ce en quoi nousapercevons beaucoup plus de bien que de mal.

En effet, une plus grande liberté consiste soit dans une plus grandefacilité à se déterminer, soit dans un plus grand usage de cette puissance positive que nous avons de suivre lepire, tout en voyant le meilleur.

Or si nous suivons ce en quoi nous apparaissent plus de raisons de faire le bien,nous nous déterminons plus facilement : si nous faisons le contraire, nous faisons un plus grand usage de notrepuissance positive; et ainsi nous pouvons dans tous les cas agir plus librement touchant les choses où nous voyonsplus de bien que de mal que touchant celles que nous appelons indifférentes.

En ce sens également, nous faisonsmoins librement les choses qui nous sont commandées par d'autres et auxquelles, sans cela, nous ne nousporterions pas de nous-mêmes, que celles qui ne nous sont pas commandées; d'autant que le jugement qui nousdit que ces choses-là sont difficiles à faire s'oppose au jugement d'après lequel il est bon de faire ce qui nous estcommandé : or ces deux jugements, plus ils nous meuvent également, plus ils mettent en nous de l'indifférence,prise dans le premier sens.Maintenant la liberté étant considérée dans les actions de la volonté au moment même où elles sont accomplies,elle n'entraîne alors aucune indifférence, ni au premier ni au second sens du mot; parce que ce qui se fait ne peutpas ne pas se faire, dans le temps même où il se fait.

Mais elle consiste seulement dans la facilité qu'on ad'opérer; et alors librement, spontanément et volontairement sont une seule et même chose.

C'est en ce sensque j'ai écrit que j'étais porté d'autant plus librement à une chose, que j'y étais poussé' par plus de raisons; parcequ'il est certain que notre volonté se meut alors avec plus de facilité et d'impétuosité." Dans une lettre au père Mesland, Descartes précise sa conception de la liberté et affirme qu'elle est un pouvoirmétaphysique indivisible et absolu, « puissance de choisir l'un ou l'autre des deux contraires».

La liberté est libertéde la volonté et celle-ci n'est autre chose qu'une action de l'âme qui a le pouvoir de se déterminer elle-mêmeindépendamment de toute contrainte extérieure.

L'homme détient donc une puissance positive d'affirmation et estpar là même indépendant des lois naturelles de causalité.

Le sujet est libre quand il est pure spontanéité, sourceabsolue de ses actes.

Mais une telle affirmation n'est pas sans faire problème.

En effet, si l'homme est libre parnature, en quoi a-t-il besoin d'être libéré ? Pourquoi fait-on si souvent le constat de la servitude humaine ?Descartes répond en montrant que la liberté humaine, en droit universelle et égale chez tous, est susceptible dedegrés dans son actualisation.

En effet, si l'on peut définir négativement la liberté comme l'absence de contrainteextérieure, il faut bien voir que le contenu positif d'une telle liberté n'est pas déterminé pour autant.

Aussi Descartesva-t-il chercher à préciser ce contenu et ainsi à établir une véritable hiérarchie des libertés.

Si rien ne me déterminede l'extérieur, j'ai effectivement le pouvoir de choisir entre les possibles qui s'offrent.

Mais il y a une grandedifférence entre un choix qui s'effectue presque au hasard, parce que je ne vois pas très clairement où est le Bien,et un choix éclairé et fortifié par la connaissance.

La liberté d'indifférence, situation où je me trouve quand aucuneraison positive ne me fait pencher d'un côté plutôt que d'un autre, est, pour Descartes, le plus bas degré de laliberté.

Je puis être entièrement libre sans être jamais indifférent, quand mon choix se trouve entièrement déterminépar la connaissance.

La liberté et l'indifférence ne peuvent donc s'identifier, car, pour que je sois libre, il n'est pasnécessaire que je sois indifférent.

L'indifférence est corrélative de l'ignorance : elle traduit un défaut de laconnaissance et non une perfection de la volonté.

Elle demeure cependant un degré de la liberté, même si c'est le. »

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