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Pensez-vous que le beauté d'une oeuvre soit liée à son respect des règles formelles ?

Publié le 27/02/2008

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Pensez-vous que le beauté d'une oeuvre soit liée à son respect des règles formelles ?

  • I La beauté d’une œuvre résulte de sa conformité aux règles formelles

 

 

  • II La beauté d’une œuvre n’est pas liée au respect des règles formelles

 

 

  • III La beauté d’une œuvre émerge sur fond d’un respect des règles formelles

 

 

 

« l'ennui.

Par exemple, la production des peintres du style pompier sous la IIIème République visible au musée d'Orsayest d'une telle uniformité qu'elle semble se réduire toute entière au respect des règles formelles.

Ainsi le respect desrègles formelles qui n'engendre aucun sentiment de beauté peut être appelé académisme._ Si le principe producteur de la beauté ne réside pas dans le respect des règles formelles, il est alors possible qu'ilaille à l'encontre de ces règles.

D'où provient le beau s'il ne résulte pas du respect des règles formelles ? Nous avonsdit qu'une œuvre était le résultat d'une action dont le processus est gouverné par une règle.

Or s'il n'y a pasd'œuvre sans une règle qui commande la production, il n'y aura a fortiori pas d'œuvre belle sans règle.

La beautéd'une œuvre résulte donc d'une règle même si cette règle n'est pas une règle formelle .

En effet une œuvre qui seréduirait au respect des règles formelles sombre dans l'académisme.

Or si la règle formelle n'engendre pas la beauté,c'est qu'elle est imposée de l'extérieur et peut s'appliquer à de nombreuses œuvres.

Par opposition, le sentiment dela beauté nous étreint lorsque la règle est intérieure à l'œuvre elle-même et ne peut s'appliquer qu'à elle-même.C'est ce que nous pouvons soutenir avec Kant dans le paragraphe 46 de la Critique de la faculté de juger : « le génie est la disposition innée de l'esprit par l'intermédiaire de laquelle la nature donne à l'art ses règles »._ Le principe producteur de la Beauté d'une œuvre est le génie et le génie d'un artiste va à l'encontre des règlesformelles établies par ses prédécesseurs.

Si les règles formelles prétendent constituer un canon, une œuvre génialeest elle-même sans commune mesure avec ce qui a été fait jusqu'ici.

De ce fait, elle devient elle-même exemplaireet se prête à l'imitation d'autres artistes.

Par exemple le tableau de Picasso les demoiselles d'Avignon est encontradiction complète avec les règles formelles de la perspective classique : elle substitue à une représentation del'espace et de la profondeur la juxtaposition géométrique des contours et la déformation volontaire des figures.

Onpourrait alors dire avec Alain au chapitre VII du Système des beaux arts : « la règle reste prise dans l'oeuvre ».

Et c'est l'impossibilité d'extraire la règle qui a présidé à la composition de l'œuvre qui nous la fait trouver belle.

En cesens la beauté d'une œuvre résulte de l'originalité d'une intuition qui n'obéit à aucune règle préexistante à sonexécution.

Les œuvres du surréalisme procèdent également d'intuitions qui sont à elles-mêmes leurs propres règles; Toutefois nous ne pouvons pas affirmer jusqu'au bout que la beauté d'une œuvre n'aurait aucun lien avec le respectdes règles formelles.

En effet si la beauté est le sentiment du beau, il faut que l'artiste se préoccupe de la réceptionde son œuvre, réception qui implique du côté du public la connaissance des règles formelles, et du côté de l'artisteleur respect.

III La beauté d'une œuvre émerge sur fond d'un respect des règles formelles _ La beauté est le sentiment du beau qui est éprouvé par un public.

Or si un artiste désire faire des œuvres quisoient considérées comme belles, il doit fonder sa production sur le respect relatif de ses règles formelles.

En effetl'œuvre a beau procéder d'une intuition géniale, si elle ne procède pas de règles connues par le public, ce derniersera incapable de la juger, et son expérience esthétique s'arrêtera avant même d'avoir commencée; tout au plusera-t-il tenté de trouver laid ou indifférent ce qu'il ne peut comprendre.

La beauté d'une œuvre émerge d'unhorizon d'attente commun à l'artiste et à son public; C'est ce que l'on peut soutenir avec Husserl au paragraphe 44des Idées pour une phénoménologie : l'intentionnalité consiste en la visée d'un objet.

Or si la visée n'est pas orientée par une possibilité de sens, elle demeure aveugle et ne rencontre que de l'informe et du chaos : l‘hommedu sens commun se demande « ce qu‘il y a voir« .

C'est seulement lorsque que la visée est déjà orientée par unsens qu'elle peut rencontrer un objet qui la confirme et lui apporte un surcroît de sens.

Dans notre problème, leremplisse ment de la visée engendrerait le sentiment de beauté.

En d'autres termes, la beauté est conditionnée parl'attente du public et ne réside pas uniquement dans une intuition géniale qui ne pourrait être comprise que parl'artiste lui-même.

Pour accéder à la beauté d'un roman, il faut connaître les règles formelles du roman qui nouspermettent d'orienter cette visée et que l'œuvre elle-même ne soit pas en contradiction radicale avec cet horizond'attente auquel cas, l'œuvre parait incompréhensible.

C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la réception d'uneœuvre originale coïncide rarement avec sa production : l'œuvre de Van Gogh quasiment inconnue de son vivant futmême pour une partie (heureusement) réutilisée en sacs à patates !_ Si la beauté d'une œuvre est liée au respect des règles formelles, cela ne signifie pas que l'artiste ne devrait faireque ce que le public attend de lui; et s'aligner en quelque sorte sur son horizon d'attente.

Il s'agit plutôt decomprendre la beauté d'une œuvre comme émergeant de ce respect sans pour autant coïncider avec lui.

Ainsi lerespect des règles formelles qui constitue l'horizon d'attente du public permet à l'artiste un jeu basé sur la surprisedu spectateur et sur l'écart de la règle.

C'est ce que l'on peut soutenir avec Bataille au début de son ouvragel'Erotisme : transgresser une règle, ce n'est pas la détruire, mais s'inscrire en elle en marquant un écart.

Si la beauté émane de l'écart, elle n'est pas rupture radicale avec le respect des règles formelles.

En en effet s'écarterest un mouvement de déplacement à partir d'un point stable : pour saisir l'originalité d'une œuvre, il faut saisir uneconformité à la règle et le désir de s'en éloigner simultanément.

On peut ainsi se référer au poème de Baudelaire« l'Horloge » dans les Fleurs du Mal où le poète utilise volontairement les règles formelles de l'alexandrin classique pour faire éprouver à son lecteur un sentiment d'étrangeté résultant de la déception de son attente : « trois millesix cents fois par heure, la Seconde / Chuchote : Souviens toi !- rapide, avec sa voix / D'insecte, Maintenant dit :Je suis Autrefois, / Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde ! » .

Cet enjambement constant nous entraînemalgré nous au vers suivant et marque ainsi la fuite irréversible du temps qui nous embarque vers le néant ._ Si la beauté d'une œuvre émerge sur le fond d'un respect des règles formelles, il faut alors redéfinir le respect enun sens dynamique.

Le respect n'est plus la soumission aveugle et passive à des règles formelles imposésarbitrairement de l'extérieur, mais au contraire une attitude dynamique et créatrice qui utilise les règles pour lesmalmener et en faire surgir du sens; c'est ce que l'on peut soutenir avec Pseudo-Longin au chapitre 13 de son traitésur le Sublime : l'imitation n'est pas un larcin ; c'est comme une empreinte que l'o tire d'un beau caractère, d'une belle œuvre plastique, d'un bel ouvrage manuel ».

Si les règles formelles ont été instituées par les Anciens, l'imitationdes Anciens n'est pas une servitude, mais l'occasion d'apprendre et de s'enrichir en tentant de les dépasser.

En. »

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