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Nominalisme et immatérialisme chez BERKELEY

Publié le 22/12/2009

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Irlandais d'origine anglaise Berkeley, étudiant à Trinity Collège, à Dublin, est maître ès arts et fellow en 1707. Il reçoit les ordres de l'Église anglicane et enseigne à Trinity Collège d'abord le grec (son oeuvre prendra un jour un accent platonicien) puis l'hébreu et la théologie. Entre 1702 et 1710, nous pouvons suivre dans son cahier de notes (Commonplace book) la formation de sa pensée. Dès 1709, il écrit sa Nouvelle Théorie de la vision. Son traité sur les Principes de la connaissance humaine est publié en 171o. Les intentions apologétiques de son oeuvre apparaissent clairement dans les articles de polémique qu'il écrit en 1713 dans le journal The Guardian contre les idées d'un célèbre libre penseur Arthur Collins. En 1713 paraissent également les Dialogues entre Hylas et Philonous. Berkeley voyage alors en France et en Italie puis décide d'aller propager la pensée chrétienne dans les possessions américaines de l'Angleterre, part pour les Bermudes où il rêve de fonder un collège mais doit renoncer, le gouvernement anglais ne lui envoyant pas finalement les fonds promis. A cette époque, il lit surtout Plotin. A son retour, il est nommé évêque anglican de Cloyne. Il publie un nouvel ouvrage contre les libres penseurs « Alciphron ou le philosophuscule «. (Alciphron or the minute philosopher). Une épidémie survenue en Irlande en 1740 l'a improvisé médecin : il soigne ses ouailles avec l'eau de goudron (recette qu'il a connue en Amérique) où il voit un remède universel ce qui l'entraîne à une chaîne (en grec seïris) de réflexions très platoniciennes sur la nature, la providence et Dieu, qu'il nous livre en son dernier ouvrage : « Siris ou Réflexions et recherches philosophiques concernant les vertus de l'eau de goudron et divers autres sujets connexes entre eux et naissant l'un de l'autre « (1744). Dans la Théorie de la vision Berkeley part du problème suivant (posé par le physicien Molyneux) — Comment pouvons-nous voir la distance d'un objet ? Le rayon lumineux orienté perpendiculairement à l'oeil ne projette qu'un point qui est invariablement le même que la distance soit courte ou longue. A parler strictement donc, nous ne voyons pas la distance. Un aveugle-né assure Berkeley à qui on donnerait brusquement la vue aurait l'impression que tous les objets touchent ses yeux (vingt ans après l'ouvrage de Berkeley le chirurgien Cheselden publiera dans les Philosophical Transactions of the Royal Society l'observation d'un garçon de quatorze ans opéré de la cataracte, observation qui paraît confirmer le point de vue de Berkeley. Voltaire dans sa Philosophie de Newton (1741) fait connaître cette expérience que discuteront Condillac et Diderot dans sa Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient).

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« de l'autre ».

Voici une porte haute et solide, peinte en vert à laquelle je me suis cogné douloureusement.

Voilàn'est-il pas vrai une chose matérielle qui existe comme telle, en dehors de mes sensations ! Pas du tout, répondBerkeley.

Cette porte n'est qu'une somme de représentations mentales, un ensemble d'« idées ».

Sa forme,l'étendue qu'elle occupe sont des sensations ; sa couleur verte une sensation visuelle, le contact de ma main avecelle une sensation tactile, la douleur même que j'éprouve après le choc un état de conscience.

Je n'ai plus le droitde dire que j'ai une ou plusieurs idées de la porte, puisque la porte n'est qu'un ensemble d'idées.

je n'ai aucuneraison d'abstraire de la réalité sensible qui est celle de mes états de conscience de soi-disant choses matérielles quimystérieusement existeraient au-delà de mes perceptions.

La seule réalité des choses c'est d'être perçues « Esseest percipi ».

Il est vrai que l'être ne se réduit pas à ce qui est passivement perçu et que moi, qui activementperçois, j'existe aussi.

Pour Berkeley être c'est donc être perçu ou percevoir « Esse est percipi vel percipere ».

Il n'ya dans le monde que des idées et des esprits.

C'est ce que, dans les célèbres dialogues l'immatérialiste Philonousporte-parole de Berkeley (ce nom veut dire en grec ami de l'esprit) démontre à Hylas (dont le nom veut dire en grecmatière). Réalisme ou idéalisme ?Ce que rejette Berkeley c'est la réalité d'une substance matérielle qui serait le support mystérieux, invisible,impalpable des qualités sensibles.

Ce qu'il rejette c'est la chose qui serait cachée sous nos représentations, c'est unau-delà matériel qui transcenderait le perçu.

Sa philosophie, selon laquelle la réalité se réduit à ce qui nous estconcrètement donné, veut nous délivrer de ce que Nietzsche appellera plus tard « l'illusion des arrière-mondes ».Comme le dit très bien Bergson : « Ce que l'idéalisme de Berkeley signifie c'est que la matière est coextensive ànotre représentation, qu'elle n'a pas d'intérieur, pas de dessous, qu'elle ne cache rien, ne renferme rien, qu'elle estétalée en surface et qu'elle tient tout entière à tout instant dans ce qu'elle donne ».Berkeley ne nie donc pas l'existence des choses à condition qu'on veuille bien accepter qu'exister soit « être perçu »et rien au-delà.

Cette précision donnée Berkeley se réclame du bon sens populaire et se moque de Descartes quidoutait de ses sens.

Berkeley refuse tout scepticisme et accepte le donné tel qu'il est « Le cheval est à l'écurie, leslivres sont à la bibliothèque comme avant », le soi disant idéalisme de Berkeley est un réalisme ingénu.

C'estl'apparence qui est la vraie réalité.

Le monde visuel a réellement les couleurs qu'il semble avoir, le monde de l'ouïeest vraiment sonore, etc.

Comme Philonous le déclare à Hylas : « Vous vous trompez, je ne veux pas transformer leschoses en idées, je veux plutôt transformer les idées en choses, car les objets immédiats de la perception quid'après vous sont seulement les apparences des choses je les tiens pour les choses réelles elles-mêmes ».La philosophie de Berkeley c'est donc la philosophie du réalisme concret poussée jusqu'à ses conséquences extrêmes: Ce qui existe c'est ce que nous voyons, touchons.

Ce que nous ne voyons pas et ne touchons pas n'existe pas.Berkeley rejette donc toutes les « abstractions » des mathématiciens et des physiciens.

Il n'accepte pas l'« étendueintelligible » de Malebranche et n'admet qu'un espace sensible : Les nouvelles mathématiques de l'infinitésimal serontdonc fausses à ses yeux.

L'espace donné aux sens ne peut pas être divisible à l'infini puisqu'il y a un minimum tactileet un minimum visible.

Admettre que l'espace est divisible à l'infini, ce serait admettre qu'un fragment d'étendueexiste sans être perçu.

De même Berkeley — avant Bergson — rejette comme une fiction le temps abstrait,homogène et mesurable des physiciens.

Le seul temps réel est le temps concrètement perçu « plus long dans ladouleur que dans le plaisir ». Immatérialisme et théologiea) Tel que nous l'avons exposé l'immatérialisme de Berkeley soulève une difficulté.

S'il n'y a aucune transcendancedes choses, si l'objet n'est rien d'autre que la représentation que j'ai de lui, comment est-il possible que plusieursspectateurs voient ensemble, au même endroit, la même chose ? Par exemple les personnes qui se trouvent en cemoment dans mon bureau peuvent dire comme moi : il y a là un fauteuil de cuir.

Si — comme le pensait Hylas — lefauteuil de cuir existe matériellement et que nos sensations le reflètent il n'y a pas de difficultés.

Mais si comme lepense Philonous-Berkeley, nos sensations ne renvoient pas à un objet extérieur, comment toutes les personnesprésentes peuvent-elles prétendre voir la même chose ?b) Berkeley répond en faisant intervenir Dieu.

C'est Dieu déjà qui était chargé d'expliquer les correspondancesadmirables des données tactiles et des données visuelles, c'était lui l'auteur de ce langage universel et bienveillantde la nature.

Et maintenant Berkeley nous dit que c'est Dieu qui nous envoie aux uns et aux autres, dans un ordreharmonieux, nos « idées » c'est-à-dire nos perceptions.

L'ordre de mes « idées », leur accord admirable avec les «idées » c'est-à-dire avec les perceptions des autres esprits, sont même érigés en preuve de la puissance et de labonté du créateur.c) Pourquoi dire en effet que Dieu a créé la matière et que l'homme connaît la matière par des « idées » ? Ne peut-on faire l'économie de cette entité mystérieuse ? Il suffit de penser que le spectacle de l'univers, loin de jaillir defaçon inintelligible d'une matière opaque, est directement imprimé par le créateur dans la conscience des créatures.Le monde est un message de Dieu.

C'est « un discours que Dieu tient aux Hommes », Dieu me parle directementquand je déchiffre le monde sensible.

Lorsque les métaphysiciens matérialistes parlent de substance, de force,d'étendue abstraite, ils mettent un écran de lourdes fictions entre Dieu et cette parole quotidienne de Dieu qu'est lemonde.

Bergson saisit effectivement l'essentiel de la doctrine de Berkeley quand il la commente en ces termes : « Lamatière serait une langue que Dieu nous parle.

Les métaphysiques de la matière, épaississant chacune des syllabes,lui faisant un sort, l'érigeant en entité indépendante, détourneraient alors notre attention du sens sur le son et nousempêcheraient de suivre la parole divine ».Nous voyons en tout cas, par tout ceci, la portée apologétique que Berkeley entend donner à son immatérialisme.Aux matérialistes, aux athées qui proclament : Dieu n'existe pas, l'âme n'existe pas, Berkeley répond : « C'est lamatière qui n'existe pas.

Seuls Dieu et les esprits existent ». Le problème de l'Évolution de Berkeley. »

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