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Nietzsche: Quid de la vérité ?

Publié le 23/04/2005

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La question de savoir si la vérité est nécessaire doit, non seulement avoir reçu d'avance une réponse affirmative, mais l'affirmation doit en être faite de façon à ce que le principe, la foi, la conviction y soient exprimés, que « rien n'est plus nécessaire que la vérité, et, par rapport à elle, tout le reste n'a qu'une valeur de second ordre ». Cette absolue volonté de vérité, qu'est-elle ? Est-ce la volonté de ne pas se laisser tromper ? Est-ce la volonté de ne point tromper soi-même ? Car la volonté de vérité pourrait aussi s'interpréter de cette dernière façon : en admettant que la généralisation « je ne veux pas tromper » comprenne aussi le cas particulier « je ne veux pas me tromper ». Mais pourquoi ne pas tromper ? Mais pourquoi ne pas se laisser tromper ? [...] On ne veut pas se laisser tromper parce que l'on considère qu'il est nuisible et dangereux d'être trompé [...]. Mais, l'inutilité et le danger de la « volonté de vérité », de la vérité à tout prix sont constamment montrés [...] Par conséquent, « volonté de vérité » ne signifie pas « je ne veux pas me laisser tromper » mais uniquement « je ne veux pas tromper, ni moi-même, ni les autres » : et nous voici sur le terrain de la morale [...] Pourquoi ne veux-tu pas tromper ? Il pourrait y avoir apparence - et il y a apparence -, la vie n'est faite qu'en vue de l'apparence, je veux dire en vue de l'erreur, de la duperie, de la dissimulation, de l'éblouissement, de l'aveuglement et de l'auto-aveuglement, et la grande forme de la vie s'est toujours montré du côté des moins scrupuleux [...] Un pareil dessein pourrait être un principe destructeur qui met la vie en danger... « Volonté de vérité », cela pourrait cacher une volonté de mort [.. .]. Nietzsche

• Que veulent vraiment ceux qui disent vouloir la Vérité ? Tout bonnement être rassurés. De ce fait, la vérité n'a aucune vérité sinon pratique : elle permet de se représenter l'avenir comme quelque chose de stable, rassurant, sécurisant. De sorte que l'équation semble être la suivante : la vérité = la sécurité. Ce schéma peut se présenter comme un idéal qui aide certains à vivre, mais il menace la vie en lui ôtant toute sa part de risque : il est au service d'une vie par procuration, d'une vie « au rabais «.  Ce que dénonce précisément notre texte n'est autre qu'une vérité conçue, paradoxalement, comme un mensonge, une « idole « (l'étymologie grecque eidolon renvoie à une « image «, image devant laquelle les hommes se prosternent à tort et au détriment de leur propre bonheur selon Nietzsche). Il s'agit de dénoncer ici le déclin d'une autorité, d'une puissance qui a perdu toute raison d'être et toute validité, à laquelle il est indigne pour l'homme de vouer un culte. Il faut, en fait, assumer l'absence radicale de vérité.    Deux interprétations possibles de ce texte :    • une interprétation « noble « conviendrait qu'il n'y a, ici-bas, aucune certitude, et que l'homme qui en a conscience et qui accepte ce constat est un héros...    • une interprétation « vile « affirmerait que, puisqu'il ne saurait y avoir de certitudes, pas de valeur plus haute qu'une autre, c'est alors la puissance seule qui départagerait les hommes dans un monde fondamentalement amoral, puisque sans valeur particulière.

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« moral, que Nietzsche remet ici en question ; et ce non pas pour refuser toute vérité mais pour, au contraire, enforger une définition tout à fait originale et inédite. Problématique D'où naît notre besoin de vérité, besoin tel qu'il nous fait ériger la vérité au rang de valeur suprême, commece qu'on doit vouloir à tout prix ? Autrement dit, quelle est l'origine voilée de cette « volonté de vérité » qui sembletous nous animer ? Et une fois trouvée cette origine fondamentale, ne peut-on pas, au nom de la vie, remettre enquestion une telle définition commune de la vérité comme valeur en soi ? Structure argumentative Nous pouvons dégager trois principaux moments qui guident la progression argumentative du texte : - 1er Mouvement : Ce mouvement s'étend du début du texte jusqu'à « Mais pourquoi ne pas se laisser tromper ? » Nietzsche commence par poser ce qu'on entend par « volonté de vérité » et à montrer en quoinous la considérons à la fois comme une valeur suprême mais aussi comme un bien moral.

A partir de là, il vapouvoir entamer sa démarche généalogique (ce qui se traduit par l'interrogation récurrente du « pourquoi »). - 2e Mouvement : Ce mouvement s'étend de « On ne veut pas se laisser tromper » jusqu'à « le terrain de la morale ».

Ensuite, une fois entamer la réduction généalogique, Nietzsche commence à dévoiler l'originesecrète qui se cache et qui fonde cette « volonté de vérité ». - 3e Mouvement : Ce mouvement s'étend de « Pourquoi ne veux-tu pas tromper ? » jusqu'à la fin du texte.

Nietzsche montre en quoi une telle volonté de vérité, érigée comme valeur suprême (non seulement dela connaissance mais aussi de la morale) est le symptôme d'une volonté malade et signe de la mort despuissances fécondes caractéristiques de la vie.

Se dessine alors une définition nouvelle de la vérité commevérité du devenir, la seule vérité « réelle ». Explication détaillée - 1er MOUVEMENT « La question de savoir si la vérité est nécessaire doit, non seulement avoir reçu d'avance une réponse affirmative, mais l'affirmation doit en être faite de façon à ce que le principe, la foi, la conviction y soient exprimés,que « rien n'est plus nécessaire que la vérité, et, par rapport à elle, tout le reste n'a qu'une valeur de second ordre».

Cette absolue volonté de vérité, qu'est-elle ? Est-ce la volonté de ne pas se laisser tromper ? Est-ce la volontéde ne point tromper soi-même ? Car la volonté de vérité pourrait aussi s'interpréter de cette dernière façon : enadmettant que la généralisation « je ne veux pas tromper » comprenne aussi le cas particulier « je ne veux pas metromper ».

Mais pourquoi ne pas tromper ? Mais pourquoi ne pas se laisser tromper ? » Pour comprendre la démarche argumentative qui est celle de Nietzsche, il faut commencer par rappeler ladéfinition platonicienne de la vérité, et ce qu'elle suppose, parce que c'est sur cette vérité – ou plutôt surcette conception-ci de la vérité – que porte la critique nietzschéenne.Si on reprend l'allégorie de la caverne donné au livre VII de la République par Platon, on comprend qu'il n'y a devérité qu'au-delà des apparences, dans ce qui ne change pas au rythme des fluctuations de la conditionhumaine.

Il existe donc une distinction de l'Etre et du paraître : il existe deux ordres de la réalité, l'un tient lieude modèle et l'autre d'infidèle copie.

L'Etre est la vérité, tandis que les apparences sont sources d'erreurs etd'illusions.Dès lors que tout le monde sensible est qualifié de réalité de second rang et que seul compte l'accession à laréalité intelligible, seule véritable réalité, alors l'exigence de vérité devient absolue.

Et de là naît la liaison entrel'épistémologie et la morale : c'est un devoir pour l'homme que de chercher et a fortiori de trouve la vérité, quiest vérité de l'être (dans la mesure où il ne saurait y avoir de science de ce qui change, en tout cas dans laperspective platonicienne et aristotélicienne).

Or, de cette exigence qui fait qu'est rendue nécessaire cette« volonté de vérité » (il faut vouloir la vérité), Nietzsche cherche à en découvrir l'origine.

Il est vrai quecommunément on exècre l'erreur (elle est bannie de la science et de toute discipline qui cherche à connaîtreson objet, elle est ce contre quoi l'on cherche sans arrêt, notamment au travers l'ordre, la méthode, la mesure,etc., à se prémunir) ; de la même manière, la vérité est moralement comprise comme un devoir : on ne doit pasmentir, il faut toujours dire la vérité, tâcher de ne pas s'illusionner, etc.Or, cette exigence tout à la fois épistémologique et morale est redoublé par une autre exigence, doubleencoure une fois : ne pas se tromper soi-même et ne pas tromper les autres.

En réalité, Nietzsche comprendl'exigence de ne pas se tromper soi-même comme un cas particulier de l'exigence plus générale de ne pastromper (sous entendu tout le monde).

Non seulement l'exigence de vérité, cette volonté de vérité, est érigéeen principe en ce qui concerne mon rapport à autrui, mais aussi, réflexivement, concernant le rapport quej'entretiens avec moi-même.

Autrement dit, cette « volonté de vérité » est une exigence englobante, dans lamesure où elle inclut dans son champ l'ensemble de ce qui constitue la vie humaine (le désir de connaître, la. »

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