Devoir de Philosophie

Nietzsche: Oubli et souvenir

Publié le 21/04/2005

Extrait du document

nietzsche
L'homme dit: "je me souviens", et il envie l'animal qui oublie aussitôt et qui voit vraiment mourir l'instant dès qu'il retombe dans la brume et la nuit... de se nier et de se consumer, de se contredire elle-même. Nietzsche
•   La mémoire, pour Nietzsche, empêche l'action. Par la mémoire en effet l'homme res-sent, il ne ré-agit plus. L'homme qui n'oublie pas est donc l'homme du ressentiment, de l'aigreur, incapable de connaître le bonheur de l'instant présent. L'oubli, en revanche, est une force qui seule permet la manifestation de la volonté du vouloir-vivre. Ainsi « il est impossible de vivre sans oublier «. •   Le passé apparaît à l'homme comme l'irréversible et l'irrémédiable. Le devenir du présent est le lieu du possible où peut s'exercer la volonté de puissance. Le passé, au contraire, métamorphose et fige la contingence du présent en la nécessité du « cela a été «. Dès lors la volonté ne peut que se briser sur cette pétrification du passé qui se donne comme le contre-vouloir de cette volonté. C'est pourquoi le passé est un « fardeau « qui « écrase et dévie « l'homme. •   C'est par la mémoire, conscience du passé, que l'homme acquiert la conscience du temps et donc celle de la fugitivité de sa vie. •   On prendra garde que Nietzsche n'invite pas l'homme à vivre comme l'animal. L'homme doit, et c'est ce qui le sépare de l'animal, affir&r sa volonté de puissance. (Rapprocher la position de Nietzsche de celle de Hegel « Le paradéisos est un parc habité par des animaux, dans lequel l'homme vivait dans l'état animal et était innocent, ce que précisément l'homme ne doit pas être. « Cf. Philosophie de l'histoire.)

nietzsche

« passé, c'est donc vivre dans la conscience du devenir, de ce constant écoulement de la réalité, de ce règnede l'Autre et du non-être.

Or nous ne pouvons vivre dans une claire et constante conscience du devenir,car, remarque Nietzsche dans ses Considérations intempestives, «un homme qui serait capable de rienoublier et qui serait condamné à ne voir partout qu'un devenir, celui-là ne croirait pas à son propre être, il necroirait plus en soi, il verrait tout se dissoudre en une infinité de points mouvants et finirait par se perdredans ce torrent du devenir ».

C'est pourquoi l'oubli est nécessaire à la vie, c'est pourquoi l'homme envie le«bienheureux aveuglement» de l'enfant qui «enfermé entre les barrières» d'un passé qu'il oublie et d'unavenir qu'il ne conçoit pas, n'a nulle conscience du devenir.

Car poser le devenir, c'est nier l'être, c'est niernotre être, puisque devenir c'est devenir autre que ce que l'on est.

En sachant que nous devenons sanscesse, que nous ne sommes qu'un flux dans le flux général du monde, nous comprenons que nous ne sommesrien sinon de passage, que nous ne sommes ni ne pourrons jamais être achevés, atteindre une quelconquecomplétude, une quelconque perfection.

Ainsi notre « existence n'est en somme qu'un imparfait qui nes'achèvera jamais».

Mais si notre existence est un imparfait, un constant inachèvement, notre être est aussiun imparfait, au sens cette fois de passé.

L'être, c'est l'existence au passé, l'existence figée, pétrifiée dansle passé.

Être, c'est ne plus exister.

C'est donc seulement en mourant, au moment même où je retourne àmon néant, que je puis être.

Car la mort «nous dérobe à la fois le présent et l'existence » en mettant « lesceau sur cette vérité qu'être n'est qu'un avoir été ininterrompu, une chose qui vit de se nier et de seconsumer, de se contredire elle-même ».Au terme de notre étude, il nous apparaît donc que ce texte présente un triple intérêt philosophique.

Toutd'abord, en dénonçant le rôle néfaste de la mémoire et en posant la nécessité de l'oubli, il remet en causeles conceptions traditionnelles qui réduisaient l'oubli à un échec de la mémoire.

Ensuite, sa critique du passéet du rôle du souvenir préfigure et confirme d'une certaine manière l'analyse freudienne des « tracesamnésiques ».

Enfin et surtout, en soulignant les liens entre le temps et le devenir, l'être d'un passé mort etl'existence inachevée d'un présent insaisissable, il nous invite à réfléchir sur la condition essentiellementtragique de la vie humaine. NIETZSCHE (Friedrich-Wilhelm). Né à Rocken en 1844, mort à Weimar en 1900. Il fit ses études à l'école de Pforta, puis, renonçant à la carrière ecclésiastique, il les termina aux Universités deBonn et de Leipzig.

La lecture de Schopenhauer et la rencontre avec Wagner sont les événements capitaux decette période.

En 1868, Nietzsche est nommé professeur de philologie grecque à l'Université de Bâle ; il conserva ceposte jusqu'en 1878, date à laquelle il fut mis en congé définitif pour raisons de santé.

Commence alors la série desvoyages de Nietzsche en Italie : Gênes, l'Engadine, Rapollo, Nice, la Sicile, Rome, Venise, lisant Empédocle, jouantChopin et Rossini.

Il découvrit Stendhal et Bizet.

Il passe les mois d'été à Sils-Maria, dans une petite chambre, faceà la montagne.

C'est à Turin, en janvier 1889, qu'il fut terrassé dans la rue par une crise de démence, probablementd'origine syphilitique, et qui se termina par la paralysie générale.

Ramené à Bâle, Nietzsche dut être interné quelquetemps dans une maison de santé ; puis, sa soeur l'accueillit auprès d'elle, à Weimar, où il mourut le 25 août 1900.

Laphilosophie de Nietzsche se caractérise par un amour passionné de la vie.

Ses premiers écrits concernent l'Art ;reprenant la terminologie de Schopenhauer, volonté et représentation, 'Nietzsche distingue l'art dionysien (musique): c'est l'exaltation tragique de la vie, l'état où l'homme a tendance à se confondre dans le monde ; et l'art apollinien(arts plastiques) : le principe apollinien est le principe contemplatif.

Le rêve apollinien s'oppose à l'ivressedionysiaque.

C'est dans le drame wagnérien que Nietzsche voit la réconciliation de ces deux principes.

Nietzsche faitla critique de la Connaissance et de l'Histoire.

Si la durée du monde n'a pas de terme, la nature cosmique ethumaine, cependant, ne varie pas, et les combinaisons qui constituent le monde sont limitées.

La vie que nousvivons, nous devons la revivre plusieurs fois.

La doctrine nietzschéenne de l'éternité est un éternel retour del'identique, qui surmonte la temporalité du temps.

Midi est l'instant éternel où le temps, arrêté, devient éternité.Nietzsche a toujours eu la nostalgie du soleil, de la Méditerranée, de la Grèce.

Après sa brouille avec Wagner, c'estBizet qui lui semble le plus grand musicien.

Les pages cruelles qu'il a écrites contre les Allemands, les pagesenthousiastes sur la civilisation juive, peuvent expliquer que Nietzsche n'ait pas exercé une grande influence, niphilosophique, ni littéraire, sur les Anglo-Saxons.

Brandès et d'Annunzio furent les premiers à saisir l'importance de lapensée de Nietzsche.

II faut accepter joyeusement la vie, et la volonté et l'imagination permettent seulesd'échapper au pessimisme schopenhauerien, qui a profondément marqué Nietzsche.

L'homme doit donner éternité àl'instant, saisir à la fois le passé et le futur, supratemporellement et surhumainement.

La tentative de Nietzsche futd'enseigner « une nouvelle éternité ».

L'homme doit se transformer en un être supérieur : le Surhomme(Ubermensch).

Les valeurs vitales, force de la volonté et de la pensée, intensité de la vie, sont exaltées aux dépensdes valeurs de la connaissance.

La pitié et la résignation chrétiennes deviennent de fausses valeurs ; la volonté depuissance est la base de la nouvelle éthique.

Le national-socialisme s'est emparé, en la déformant, de la pensée deNietzsche.

Le philosophe de Sils-Maria fut surtout moraliste et poète.

Ses livres sont, le plus souvent, une suited'aphorismes ou de paragraphes ayant chacun un titre.

Le style est fulgurant.

Nietzsche a dit lui-même qu'il brûlait «. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles