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Nietzsche: L'art doit avant tout embellir la vie

Publié le 22/04/2005

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nietzsche
L'art doit avant tout embellir la vie, donc nous rendre nous-mêmes tolérables aux autres et agréables si possible : ayant cette tâche en vue, il modère et nous tient en brides, crée des formes de civilité, lie ceux dont l'éducation n'est pas faite à des lois de convenance, de propreté, de politesse, leur apprend à parler et à se taire au bon moment. De plus, l'art doit dissimuler ou réinterpréter tout ce qui est laid, ces choses pénibles, épouvantables et dégoûtantes qui, malgré tous les efforts, à cause des origines de la nature humaine, viendront toujours de nouveau à la surface : il doit agir ainsi surtout pour ce qui en est des passions, des douleurs de l'âme et des craintes, et faire transparaître, dans la laideur inévitable ou insurmontable, son côté significatif. Nietzsche
nietzsche

« Cette affirmation en étend ainsi considérablement la notion car Nietzsche ne sous-entend pas ici que, parquelque vertu « décoratrice », les oeuvres viendraient embellir notre environnement et nos espacesd'existence.

Le sens est tout autre : il s'agit d'affirmer que l'art est un embellissement de toute la vie, carl'art est dans la vie, il est la vie même.Ce terme en vient donc à désigner ici l'effort d'« esthétisation » de toute notre existence, dans tous sesaspects et toutes ses conduites.

Cette conception assurément très originale suscite toutefois desquestions.

Qu'appelle-t-on exactement embellir la vie ? Ce que défend ce texte: La réponse que donne Nietzsche évoque, contre toute attente, des comportements moraux, comme « nousrendre nous-mêmes tolérables aux autres et agréables si possibles ».

Une certaine forme d'ordre et deretenue dans notre conduite aussi, par lequel l'art nous « modère et nous tient en brides, crée des formesde civilité, lie ceux dont l'éducation n'est pas faite à des lois de convenance, de propreté, de politesse, leurapprend à parler et à se taire au bon moment ».

L'art embellit donc la vie en la civilisant, en atténuant oueffaçant les rigueurs d'une nature grossière que l'éducation et les règles du savoir-vivre n'ont pas policées.Certes, Kant avait bien affirmé, au XVIIIe siècle, que l'art était à l'image de la morale, puisque le beau étaitle symbole du bien.

Chez Kant, en effet, l'analogie postulée entre l'art et la morale avait pour principe ledésintéressement.

L'acte moral doit être désintéressé de la même manière que l'est le regard de l'artiste, quine vise plus la consommation mais la pure contemplation du monde.

Mais Nietzsche va ici beaucoup plus loin,puisqu'il ne s'agit plus ici d'une simple analogie.

Une vie ordonnée et éduquée, tel est ici le sens de cetteesthétisation de la vie en quoi consiste l'art.Derrière cette conception se cache cependant une autre idée.

La conduite civilisée doit nous faire oublier lagrossièreté de notre nature, l'emprise brutale des passions et des pulsions, c'est-à-dire ce qui est laid ennous.

L'artdoit, dans notre existence même, nous faire oublier ce que notre nature comporte de laid et d'insupportable: « l'art doit dissimuler ou réinterpréter tout ce qui est laid, ces choses pénibles, épouvantables etdégoûtantes qui, malgré tous les efforts, à cause des origines de la nature humaine, viendront toujours denouveau à la surface.

»Il faut donc comprendre ici que Nietzsche donne à la laideur un sens résolument moral et non pasesthétique, où dans son sens traditionnel elle désigne la difformité des formes et la seule qualité plastique.La laideur dont il est ici question est celle des passions, puisque les « origines de la nature humaine » sontcelles de ce bouillonnement pulsionnel que l'auteur a nommé « volonté de puissance ».

Cette expressiondésigne la source de nos appétits et la force aveugle du désir.L'art est donc la culture humaine dans son acception la plus générale, qui oppose, au déchaînement desappétits et de la volonté de puissance, les règles de la vie en société et l'oubli de notre nature.

Plusprécisément, l'art fait transparaître « dans la laideur inévitable et insurmontable » de nos passions, leur côté« significatif», c'est-à-dire leur côté fécond et productif, porteur de sens.

Ainsi, l'esthétisation de la vieparvient-elle à « convertir » nos pulsions les plus destructrices en oeuvres de civilisation.

Parmi ces oeuvres,il y a les beaux-arts, mais c'est là un cas particulier parmi d'autres que l'on a, à tort, beaucoup tropprivilégié.

NIETZSCHE (Friedrich-Wilhelm). Né à Rocken en 1844, mort à Weimar en 1900. Il fit ses études à l'école de Pforta, puis, renonçant à la carrière ecclésiastique, il les termina aux Universités deBonn et de Leipzig.

La lecture de Schopenhauer et la rencontre avec Wagner sont les événements capitaux decette période.

En 1868, Nietzsche est nommé professeur de philologie grecque à l'Université de Bâle ; il conserva ceposte jusqu'en 1878, date à laquelle il fut mis en congé définitif pour raisons de santé.

Commence alors la série desvoyages de Nietzsche en Italie : Gênes, l'Engadine, Rapollo, Nice, la Sicile, Rome, Venise, lisant Empédocle, jouantChopin et Rossini.

Il découvrit Stendhal et Bizet.

Il passe les mois d'été à Sils-Maria, dans une petite chambre, faceà la montagne.

C'est à Turin, en janvier 1889, qu'il fut terrassé dans la rue par une crise de démence, probablementd'origine syphilitique, et qui se termina par la paralysie générale.

Ramené à Bâle, Nietzsche dut être interné quelquetemps dans une maison de santé ; puis, sa soeur l'accueillit auprès d'elle, à Weimar, où il mourut le 25 août 1900.

Laphilosophie de Nietzsche se caractérise par un amour passionné de la vie.

Ses premiers écrits concernent l'Art ;reprenant la terminologie de Schopenhauer, volonté et représentation, 'Nietzsche distingue l'art dionysien (musique): c'est l'exaltation tragique de la vie, l'état où l'homme a tendance à se confondre dans le monde ; et l'art apollinien(arts plastiques) : le principe apollinien est le principe contemplatif.

Le rêve apollinien s'oppose à l'ivressedionysiaque.

C'est dans le drame wagnérien que Nietzsche voit la réconciliation de ces deux principes.

Nietzsche faitla critique de la Connaissance et de l'Histoire.

Si la durée du monde n'a pas de terme, la nature cosmique et. »

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