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Nietzsche: La conscience n'est qu'un réseau de communications

Publié le 23/04/2005

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nietzsche
La conscience n'est qu'un réseau de communications entre hommes ; c'est en cette seule qualité qu'elle a été forcée de se développer : l'homme qui vivait solitaire, en bête de proie, aurait pu s'en passer. Si nos actions, pensées, sentiments et mouvements parviennent - du moins en partie - à la surface de notre conscience, c'est le résultat d'une terrible nécessité qui a longtemps dominé l'homme, le plus menacé des animaux : il avait besoin de secours et de protection, il avait besoin de son semblable, il était obligé de savoir dire ce besoin, de savoir se rendre intelligible ; et pour tout cela, en premier lieu, il fallait qu'il eût une "conscience", qu'il "sût" lui-même ce qui lui manquait, qu'il "sût" ce qu'il sentait, qu'il "sût" ce qu'il pensait. Car comme toute créature vivante, l'homme pense constamment, mais il l'ignore. La pensée qui devient consciente ne représente que la partie la plus infime, disons la plus superficielle, la plus mauvaise, de tout ce qu'il pense : car il n'y a que cette pensée qui s'exprime en paroles, c'est-à-dire en signes d'échanges, ce qui révèle l'origine même de la conscience. Nietzsche
Parties du programme abordées : — La conscience. — Le langage. — Les échanges.  Analyse du sujet : Un texte qui tente de mettre en lumière la généalogie de la notion de conscience. Loin d'être une qualité constitutive de l'homme, elle n'est apparue qu'à la faveur de la nécessité sociale et vitale, et ne représente qu'une très petite partie de son être dont la majeure part vient du fond des âges et échappe à la représentation consciente.  Conseils pratiques : Attention à ne pas opposer seulement conscience et inconscient suivant les schémas freudiens. L'optique de Nietzsche est ici radicalement différente : la critique de la conscience s'exerce au nom de la vie pensée comme force, dont la vie sociale et consciente n'est jamais à ses yeux qu'un affaiblissement ou un abâtardissement.

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« En procédant à son étude ordonnée, nous tenterons de montrer comment Nietzsche répond aux deux problèmes quisuscitent sa pensée : par quel processus expliquer l'apparition de la conscience ? Et comment la redéfinir dans cetteperspective historique ? Nous pourrons ainsi préciser le sens du déplacement qu'il fait subir au concept deconscience, par rapport à Descartes. 1.

Les thèses du texte Dans un premier moment, Nietzsche avance trois thèses fondamentales.

Elles ne sont justifiées et expliquées quedans la suite du texte.

Il nous faut cependant les commenter telles quelles.

Elles nous permettent en effet de définirexactement la perspective de l'auteur. A.

Caractère social de la conscienceLa première thèse de Nietzsche est fortement restrictive.

La conscience, nous dit-il, est un « réseau decommunication entre les hommes », et elle n'est que cela (I.

1).

Que signifie cette expression ? Le terme de «réseau » implique un faisceau de liens entre individus.

Il permet de définir la conscience comme relations entre leshommes.

Quelles sont les conséquences de cette définition ?Tout d'abord, la notion de réseau qualifie une relation.

Elle remet ainsi en cause une thèse classique : la consciencedéfinirait l'intériorité d'un sujet solitaire, seul face à lui-même, abstraction faite des rapports qu'il pourrait entreteniravec d'autres hommes.

Or il n'en est rien pour Nietzsche : selon lui, la conscience ne caractérise pas l'intériorité del'âme humaine.

Elle implique au contraire la confrontation de plusieurs individus.

Elle naît à l'occasion de leurrencontre et assure leur lien.D'où une deuxième conséquence : puisque la conscience qualifie les relations entre les hommes, elle est par essencesociale et collective.

C'est la deuxième caractéristique du « réseau » : il relie les membres d'une collectivité.

On nepeut donc séparer la conscience des hommes de la société dans laquelle ils évoluent : la conscience a un caractèreessentiellement social. B.

Caractère historique de la conscienceLa seconde thèse de Nietzsche, énoncée ligne 2, renforce la première thèse, en insistant sur le caractère purementsocial de la conscience.

Mais elle lui ajoute une autre idée : la conscience a une histoire.

Elle est le résultat d'unprocessus historique : elle a en effet été « forcée de se développer ».

L'enjeu de la suite du texte est précisémentd'expliquerpourquoi et comment la conscience humaine peut apparaître.

Mais auparavant, il nous faut signaler uneconséquence majeure de cette seconde thèse. C.

La conscience ne définit pas une nature de l'hommeAffirmer l'historicité de la conscience, c'est en effet dire que la conscience n'est pas originaire ni innée en l'homme.Elle résulte d'un processus au cours duquel l'homme finit par l'acquérir.Par conséquent, la conscience n'est pas intrinsèquement liée à une nature humaine.

Elle ne permet pas de définirl'homme dans ce qu'il a de propre.

Elle n'est en effet qu'une possibilité pour l'homme, qui « aurait pu s'en passer » (I.3) s'il vivait en solitaire, en dehors de toute société.

L'homme devient conscient sous l'effet de circonstancescontingentes, et non par une propriété nécessaire de sa nature.Nietzsche affirme donc conjointement le caractère collectif, historique et contingent de la conscience.

Il s'agitdésormais d'en expliquer la naissance et le développement. 2.

Explication : l'origine de la conscience En un deuxième temps de son raisonnement (I.

4 à 11), Nietzsche retrace le processus de formation de laconscience.

Il détermine ainsi les conditions d'apparition de la conscience chez l'homme.

Quelles sont-elles ? A.

La conscience comme condition de survieLe raisonnement de Nietzsche procède en trois temps.Il part tout d'abord d'un constat : la faiblesse physique de l'homme ne pouvait lui permettre de survivre, s'il nes'était pas associé à d'autres hommes.

Il était en effet « le plus menacé des animaux ».En un deuxième temps, Nietzsche définit cette vie en collectivité comme un « besoin » (I.

6 à 8).

Ce terme est àprendre au sens fort : il s'agit d'une nécessité d'ordre physiologique.

Sans la vie en collectivité, l'espèce humaine nepourrait survivre.

L'homme est donc placé devant un problème : comment assurer ce lien entre les individus ?La conscience apparaît en un troisième temps comme solution du problème.

La conscience permet en effet l'exercicede la parole, et seule la parole peut assurer un lien entre les hommes.

Sans la conscience, aucun savoir de soi n'estpossible.

Aucune relation entre soi et les autres ne peut naître.

La conscience trace ainsi un lien entre le domaineindividuel des sensations, des besoins, et le domaine collectif du langage.La conscience se présente donc comme un instrument nécessaire à la survie de l'espèce humaine.

Quellesconséquences implique cette définition ? B.

La conscience : une nécessité physiologiqueNietzsche ne nie pas l'existence de la conscience.

II opère néanmoins un déplacement de son concept : laconscience n'est plus essentiellement liée à une nature raisonnable de l'esprit humain.

Elle satisfait une nécessitéphysiologique de conservation de l'espèce.

Suivant un mouvement de pensée qui lui est habituel, Nietzsche rapporteainsi la' conscience de soi à une exigence vitale.C'est pourquoi il use de guillemets avec des mots comme « conscience » et « sût ».

Dans la perspective historiciste. »

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