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Nietzsche et les méthodes scientifiques

Publié le 22/04/2005

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A tout prendre, les méthodes scientifiques sont un aboutissement de la recherche au moins aussi important que n'importe quel autre de ses résultats; car c'est sur l'intelligence de la méthode que repose l'esprit scientifique, et tous les résultats de la science ne pourraient empêcher, si lesdites méthodes venaient à se perdre, une recrudescence de la superstition et de l'absurdité reprenant le dessus. Des gens intelligents peuvent bien apprendre tout ce qu'ils veulent des résultats de la science, on n'en remarque pas moins à leur conversation, et notamment aux hypothèses qui y paraissent, que l'esprit scientifique leur fait toujours défaut : ils n'ont pas cette méfiance instinctive pour les aberrations de la pensée qui a pris racine dans l'âme de tout homme de science à la suite d'un long exercice. Il leur suffit de trouver une hypothèse quelconque sur une matière donnée, et les voilà tout feu tout flamme pour elle, s'imaginant qu'ainsi tout est dit. Avoir une opinion, c'est bel et bien pour eux s'en faire les fanatiques et la prendre dorénavant à coeur en guise de conviction. Y a-t-il une chose inexpliquée, ils s'échauffent pour la première fantaisie qui leur passe par la tête et ressemble à une explication; il en résulte continuellement, surtout dans le domaine de la politique, les pires conséquences. Nietzsche

QUESTIONNAIRE INDICATIF    • Pourquoi, selon Nietzsche, « les méthodes scientifiques sont un aboutissement de la recherche au moins aussi important que n'importe quel autre de ses résultats «?  — N'est-il pas paradoxal de dire que les méthodes scientifiques sont un aboutissement de la recherche ?  — Cela n'éclaire-t-il pas quelque peu la suite du texte ?  • Caractéristique(s) de « l'esprit scientifique « selon Nietzsche ?  — Différence(s) entre « opinion « et « conviction «?  • Pourquoi, selon Nietzsche, tout le monde devrait aujourd'hui connaître à fond au moins une science ?  • Est-ce que cette conclusion situe l'enjeu du texte ?  — Est-ce que en cela consiste l'intérêt philosophique du texte ?  • Importance de la notation « extrême circonspection «?  • Dégager, à partir de là, l'intérêt philosophique de ce texte.

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« On peut trouver surprenant que Nietzsche parle d'une méfiance « instinctive » dont il dit tout de suite aprèsqu'elle est le fruit d'un « long exercice » et n'a donc rien d'inné.

Cela signifie simplement qu'elle est devenueune « seconde nature » et que cela a réclamé une longue ascèse, une application patiente.

Cette patiences'oppose à la précipitation de ceux qui adoptent toute hypothèse nouvelle.C'est sur cet esprit de précipitation que Nietzsche s'attarde alors jusqu'à la fin du texte pour en démonter lefonctionnement.

Ces esprits ne sont en effet pas simplement naïfs, ils sont de plus enclins au « fanatisme »,c'est-à-dire à une attitude de raidissement sur une position absolue, qui ne peut plus être discutée.L'absence de méfiance, de recul, de distance les incite à faire corps avec l'opinion qu'ils adoptent et à s'enfaire les militants inconditionnels.

Le scientifique véritable relativise, compare, sonde, fouille les fondementssouterrains des choses et se garde de l'enthousiasme qui diminuerait sa lucidité.

De plus, le chercheur n'ajamais terminé sa quête, il ne croit jamais disposer de résultats définitifs mais seulement d'étapes en vue denouvelles recherches.

Celui qui n'a pas l'esprit scientifique croit au contraire à chaque fois « qu'ainsi tout estdit ».Pouvons-nous trouver autour de nous des personnages répondant à ces deux portraits opposés? On peutpenser, peut-être, à la distance qui sépare les chercheurs et ceux qui n'ont accès qu'à des résultatssimplifiés par l'intermédiaire des revues ou des émissions de vulgarisation.Conséquences politiques.

C'est toutefois sur le terrain politique que l'auteur nous entraîne par surprise audétour de la dernière phrase : l'absence d'esprit scientifique entraîne « continuellement, surtout dans ledomaine de la politique, les pires conséquences ».

Que peut venir faire « l'esprit scientifique » en politique?Nietzsche vise-t-il le manque de recul des hommes politiques, ou l'aveuglement de l'opinion publique, descitoyens? Si l'on relit le texte en pensant au domaine de la politique, il semble que la seconde réponse soit labonne.

Nietzsche, très méfiant à l'égard du principe démocratique, fustige sans doute ici la façon hâtivedont chacun se forge une « opinion » pour laquelle il est ensuite prêt à se battre, et la versatilité de l'opinionpublique qui s'enflamme pour toute idée apparemment nouvelle.On ne peut contester une certaine justesse de ce portrait, qui incite les citoyens à plus de perspicacité;mais l'action politique est souvent pressée par des urgences : la longue patience du chercheur de fondserait-elle vraiment adaptée à ce domaine? À force de méfiance à l'égard des opinions, ne risque-t-on pasde renoncer à toute action novatrice et de s'enfermer dansun conservatisme frileux? Conclusion La sagacité prônée par Nietzsche correspond effectivement plus à l'esprit de la Généalogie de la morale qu'àcelui du Discours de la méthode.

On comprend à travers ce texte pourquoi Nietzsche est souvent évoquécomme un « philosophe du soupçon » avec Marx et Freud, puisque le véritable esprit de recherche consisteselon lui à aller au-delà du donné pour mettre au jour ce qu'elles dissimulent.

L'application de ce modèle à lasphère politique est en revanche très problématique et peut faire l'objet de longs débats, car on peut sedemander s'il ne risque pas de saper toute attitude constructive et tout dynamisme novateur. NIETZSCHE (Friedrich-Wilhelm). Né à Rocken en 1844, mort à Weimar en 1900. Il fit ses études à l'école de Pforta, puis, renonçant à la carrière ecclésiastique, il les termina aux Universités deBonn et de Leipzig.

La lecture de Schopenhauer et la rencontre avec Wagner sont les événements capitaux decette période.

En 1868, Nietzsche est nommé professeur de philologie grecque à l'Université de Bâle ; il conserva ceposte jusqu'en 1878, date à laquelle il fut mis en congé définitif pour raisons de santé.

Commence alors la série desvoyages de Nietzsche en Italie : Gênes, l'Engadine, Rapollo, Nice, la Sicile, Rome, Venise, lisant Empédocle, jouantChopin et Rossini.

Il découvrit Stendhal et Bizet.

Il passe les mois d'été à Sils-Maria, dans une petite chambre, faceà la montagne.

C'est à Turin, en janvier 1889, qu'il fut terrassé dans la rue par une crise de démence, probablementd'origine syphilitique, et qui se termina par la paralysie générale.

Ramené à Bâle, Nietzsche dut être interné quelquetemps dans une maison de santé ; puis, sa soeur l'accueillit auprès d'elle, à Weimar, où il mourut le 25 août 1900.

Laphilosophie de Nietzsche se caractérise par un amour passionné de la vie.

Ses premiers écrits concernent l'Art ;reprenant la terminologie de Schopenhauer, volonté et représentation, 'Nietzsche distingue l'art dionysien (musique): c'est l'exaltation tragique de la vie, l'état où l'homme a tendance à se confondre dans le monde ; et l'art apollinien(arts plastiques) : le principe apollinien est le principe contemplatif.

Le rêve apollinien s'oppose à l'ivressedionysiaque.

C'est dans le drame wagnérien que Nietzsche voit la réconciliation de ces deux principes.

Nietzsche faitla critique de la Connaissance et de l'Histoire.

Si la durée du monde n'a pas de terme, la nature cosmique ethumaine, cependant, ne varie pas, et les combinaisons qui constituent le monde sont limitées.

La vie que nousvivons, nous devons la revivre plusieurs fois.

La doctrine nietzschéenne de l'éternité est un éternel retour del'identique, qui surmonte la temporalité du temps.

Midi est l'instant éternel où le temps, arrêté, devient éternité.. »

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