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Nicolas Malebranche (résumé de sa philosophie)

Publié le 22/02/2012

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" Non je ne vous conduirai point dans une terre étrangère, mais je vous apprendrai peut-être que vous êtes étranger vous-même dans votre propre pays. " C'est par ces mots qu'au début des Entretiens métaphysiques Théodore (qui représente Malebranche) annonce à Ariste de quelles vérités il va l'instruire. Vérités dont on voit bien qu'elles demanderont, pour être comprises, une conversion de l'être tout entier, se déprenant du monde, et apercevant que les choses ne sont pas ce que nous croyons ; vérités à la fois proches et difficiles, que nul ne saurait découvrir si, rejetant d'abord le " rapport de ses sens " et tous ses préjugés, il ne " rentre en lui-même " pour se rendre attentif à la seule raison. Car la raison doit être consultée en une sorte d'élévation et de prière : elle est, en nous, le Verbe divin.   La philosophie de Malebranche demande ainsi une méditation fort particulière, permettant de poursuivre la recherche rationnelle sans craindre jamais que quelque découverte ne vienne troubler ou contrarier la foi. Il ne saurait y avoir, entre la science et la religion, aucun conflit. Bien conduite, et limitée à son domaine, la raison ne peut s'opposer à la révélation qui, comme elle, vient de Dieu : la lumière divine n'est pas divisée contre soi. Chez Malebranche, l'apologiste religieux ne se sépare pas du rationaliste le plus affirmé : les progrès de la science, comme les enseignements de l'Église, nous conduisent à la Vérité. En suivant saint Augustin et en suivant Descartes, Malebranche croit suivre toujours le même maître.  

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« En 1674 et en 1675, Malebranche publie son premier ouvrage : De la recherche de la Vérité H032M1 . Le retentissement en est si grand que l'Assemblée générale des Pères de l'Oratoire remercie Malebranche de l'utilité de ses travaux et de la gloire qu'ils donnent à la Compagnie.

Les Conversations chrétiennes, parues en 1676, connaissent la même faveur.

Dès cette époque, Malebranche a fixé les grandes lignes de sa philosophie et déterminé sa démarche.

Celle-ci consiste avant tout à séparer l'intellect des sens, selon l'esprit de saint Augustin H003 et le projet des Méditations H015M3 de Descartes H015 .

Mais alors que Descartes H015 entreprend de réaliser cette séparation par l'ascèse d'un doute vécu, la Recherche de la Vérité H032M1 nous présente plutôt une étude critique de nos diverses facultés.

Or, cette étude révèle que notre psychologie est anormale et offre une sorte de scandale : alors que la raison nous enseigne clairement que l'âme est supérieure au corps, et donc que celui-ci lui devrait obéir, “ l'expérience nous prouve...

que les choses ne sont point comme notre raison nous dit qu'elles doivent être ”.

L'âme est dans la dépendance du corps.

C'est là l'effet de la chute et du péché d'Adam.

Certes, avant comme après le péché, l'entendement et l'imagination, qui sont les facultés propres de l'âme, voient leurs idées et leurs mouvements se mêler de “ modifications ” qui viennent à l'âme de son union avec le corps : le péché n'est évidemment pas responsable de cette union, voulue par Dieu, réalisée par lui, et dont les lois fondamentales ne sont ni dérivées de la chute, ni modifiées par elle.

Mais la chute fait de l'union de l'âme avec le corps une véritable dépendance.

Dès lors l'entendement a grand-peine à résister aux images, et la claire pensée se trouve soumise à la constitution du cerveau, aux traces qui s'y sont gravées, aux rencontres, aux habitudes.

Quant à l'inclination, elle se trouve dépravée et déviée, et l'élan, que Dieu nous a donné, vers le Bien universel est détourné vers des biens particuliers et se limite à eux.

Malebranche fonde ainsi sa méthode et sa morale.

Il faut soustraire ses jugements à l'empire des sens et de leurs illusions : les sens ne nous renseignent pas sur la nature des corps, mais seulement sur l'utilité et les dangers qu'ils présentent pour nous.

Il convient de se défier des habitudes, de l'autorité, du respect de l'antiquité, de tout ce qui résulte d'associations mécaniques, de sympathies ou d'antipathies irraisonnées.

Arrachons-nous à l'influence des poètes, des orateurs et, de façon plus générale, des hommes à imagination forte.

Évitons de réaliser des abstractions, de croire aux puissances et aux pouvoirs occultes.

Efforçons-nous de découvrir l'amour de Dieu au principe de nos inclinations et, en particulier, de cet amour de soi que Malebranche ne condamne pas, mais dont il estime que l'amour- propre et la concupiscence sont la déformation.

Nous retrouverons ainsi l'ordre véritable : notre âme pensera par raison, elle dominera le corps et restera soumise à Dieu.

Méditant sur ce rapport de l'homme et de Dieu, Malebranche ne pouvait manquer de rencontrer le problème de la grâce.

Il estime que la grâce elle-même a ses lois, plus compréhensives encore que celles de la nature : ainsi, c'est d'une volonté absolument générale, à laquelle est subordonnée celle qui l'a conduit à produire le monde, que Dieu a voulu la royauté du Christ.

Après avoir, en 1678, publié un volume d'éclaircissements sur la Recherche de la Vérité H032M1 , Male- branche soumet à Arnauld H1016 ses opinions sur la grâce divine, puis, malgré les critiques reçues, il publie, en 1680, son Traité de la nature et de la grâce.

L'ouvrage devait être désapprouvé par Bossuet L024 et par Fénelon L1332 .

Arnauld H1016 , cependant, bien que réprouvant sa publication, ne répond pas tout de suite : il préfère discuter, en son ensemble, le système et, suivant d'ailleurs le désir de Malebranche, qui voulait que l'on étudiât sa théorie des idées avant d'aborder le problème de la nature et de la grâce, il commence par examiner la conception malebranchiste de la connaissance en son livre : Des vraies et des fausses idées, paru en 1683.

Ainsi commence un long débat, où les deux adversaires, comme souvent il arrive en philosophie, s'opposeront sans se comprendre et vraiment se rencontrer.

Cette même année 1683, Malebranche fait paraître ses Méditations H015M3 chrétiennes et métaphysiques, commencées dès 1676 mais revues en 1682, et son Traité de morale H032M2 . “ L'amour de l'ordre, lit-on en ce dernier ouvrage, n'est pas seulement la principale des vertus morales,. »

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