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NATURE ET DÉFINITION DE LA VÉRITÉ

Publié le 12/06/2009

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Chercher la nature de la vérité c'est d'abord tenter de la définir par rapport à la connaissance, à l'être et à l'action. D'où les trois doctrines que nous allons faire jouer :l'idéalisme, le réalisme et le pragmatisme. a) La vérité selon l'idéalisme. Exposé. Dans son affirmation essentielle, l'idéalisme est une doctrine d'après laquelle toute existence se ramène à la pensée et à la connaissance qu'on en prend. La vérité sera donc dans l'accord de la pensée avec elle-même. En effet, si l'être est immanent à la pensée, intérieur à elle, il suffira d'avoir confiance en la pensée pour y saisir la vérité à condition de la placer dans l'intelligibilité, la rationalité, la conformité aux lois de la raison. C'est la raison qui sera l'autorité souveraine, la mesure de la vérité puisqu'elle est productrice de connaissances universelles et nécessaires susceptibles de réunir tous les sujets pensants individuels dans le lieu géométrique de l'objectivité rationnelle. Ainsi la vérité est à elle-même son propre critère : verum index sui. Ce qui compte surtout c'est la vérité de la connaissance (veritas cognoscendi) d'où se déduit la vérité de l'être (veritas essendi ou rei). D'ailleurs les termes de vérité et d'erreur s'appliquent d'abord aux propositions énoncées par l'esprit. Une assertion est vraie ou fausse en tant qu'elle est plus ou moins conforme aux lois de la pensée, aux conditions a priori de la connaissance idéale. Reprenons la formule de la section 1. : la vérité est le caractère de l'assertion à laquelle il est légitime de donner un plein et entier assentiment. La vérité est immanente à la pensée.

« Remarque. La vérité est à la fois immanente et transcendante, découverte et inventée, reçue comme un don et obtenue par une conquête.

C'est pourquoi il faut en venir à un dépassement des positions idéaliste et réaliste.

Poursa part, après avoir défini la vérité comme identique à l'être, DESCARTES concilie les deux points de vue en écrivant: "Le mot vérité, en sa propre signification, dénote la conformité de la pensée avec l'objet mais lorsqu'on l'attribueaux choses qui sont hors de la pensée, il signifie seulement que ces choses peuvent servir d'objets à des penséesvéritables, soit aux nôtres, soit à celles de Dieu."Mais à côté des théories classiques se proposent d'autres doctrines que nous rangerons sous l'appellation depragmatisme. c) La vérité selon le pragmatisme et le marxisme. Les théories classiques de la vérité n'ont rien perdu de leur intérêt mais elles peuvent paraître quelque peuspéculatives et certains philosophes ont voulu rapprocher davantage la vérité des exigences de l'action : c'est lecas du pragmatisme et du marxisme.Exposé.

Le fondateur du pragmatisme, W.

JAMES, écrit : « Une idée n'a aucune signification en dehors de sasignification pratique.

» A ses yeux l'idée vraie n'est pas seulement l'idée que nous pouvons valider ou vérifier, c'estl'idée qui réussit, qui paye, qui a de l'efficacité et du rendement en quelque sorte, qui est capable de fournir uncertain travail.

C'est là sa définition de la vérité instrumentale.

« Les théories qui opèrent de façon à obtenir desrésultats satisfaisants sont vraies », déclare-t-il.

C'est dire que la vérité se définit par le succès, la réussite dansl'action.Mais le pragmatisme implique une certaine théorie de la connaissance dont la substance peut se résumer comme suit:• Il ne faut pas définir d'abord la vérité puis chercher son critère.

La vérité ne préexiste pas à son propre critère :elle se dégage de l'action et de l'expérience.• La vérité ne se distingue pas de ses conséquences pratiques; elle est constituée par elles et ce sont elles quirendent l'idée vraie.• La vérité est en devenir, elle se fait comme la réalité même : « La vérité, nous dit W.

JAMES, est une chose qui sefait au cours de notre expérience.

» Et BERGSON rendant hommage au pragmatisme écrit : « On voit la différenceentre cette conception de la vérité et la conception traditionnelle.

Nous définissons d'ordinaire le vrai par saconformité à ce qui existe déjà; JAMES le définit par sa relation avec ce qui n'existe pas encore.

Le vrai, selonWILLIAM JAMES, ne copie pas quelque chose qui a été ou qui est : il annonce ce qui sera ou plutôt il prépare notreaction sur ce qui va être...

tandis que pour les autres doctrines une vérité nouvelle est une découverte, pour lepragmatisme c'est une invention.

»• Dans un esprit différent, le marxisme considère la pratique comme l'origine et le critère de toute vérité.

« Laquestion de savoir si la pensée humaine peut aboutir à une vérité objective, déclare LÉNINE, n'est pas une questionthéorique mais une question pratique.

C'est dans la pratique qu'il faut que l'homme prouve la vérité, c'est-à-dire laréalité et la puissance, l'en-deçà de sa pensée.

La discussion sur la réalité ou l'irréalité de la pensée, isolée de lapratique, est purement scolastique.

» Discussion. Les mérites du pragmatisme ont été mis en lumière par BERGSON quand il dit de W.

JAMES : Celles des vérités qu'il nous importe le plus do connaître sont pour lui, des vérités qui ont été senties et vécues avant d'êtrepensées.

»• On retourne souvent la formule de W.

JAMES en disant que si une idée réussit c'est parce qu'elle est vraie, au lieuqu'elle soit vraie parce qu'elle réussit.

Mais le philosophe américain avait admis cette réciprocité, comme le montrece texte : On peut dire d'une idée : soit qu'elle est utile parce qu'elle est vraie, soit qu'elle est vraie parce qu'elleest utile.

»• On peut reprocher autre chose à W.

JAMES, notamment la résonance utilitariste de sa doctrine.

Certes, il donne àla notion d'utilité un contenu très large, très riche puisqu'il y englobe les vérités religieuses et tout ce qui lui paraîtavantageux pour l'épanouissement de la personne humaine.

Il n'en reste pas moins que le pragmatisme s'expose àdes écueils redoutables : le subjectivisme et l'individualisme (chacun sa vérité), l'opportunisme d'une tactiqueconvertissant en vérité d'action ce qui pourrait être erreur et mensonge, la tendance à se donner aveccomplaisance des vérités consolantes sans autre inquiétude.

Ce qui heurte dans le pragmatisme c'est cetteréférence systématique au succès, à la réussite, au rendement la vérité y perd beaucoup de sa noblesse.

Faut-il ladéfinir par l'efficacité seule, alors qu'on sait des idées fausses qui réussissent et des idées vraies qui échouent dumoins momentanément? C'est un sceptique qui disait : Les idées mènent le monde mais il n'est pas nécessaire quece soient des idées vraies.• La vérité ne se confond pas avec son critère.

Que la vérité soit connue par la vérification, il ne s'ensuit pas qu'ellese confonde avec elle, ni avec les moyens qui ont permis de l'établir.

La vérité d'une assertion peut être validée parses conséquences, elle n'est pas constituée par elles.De plus, une idée peut être vraie sans pouvoir être vérifiée.

Deux exemples simples : ai-je écrit telle phrase dansune lettre aujourd'hui détruite ou disparue ? Un livre de bibliothèque inscrit sur le catalogue mais ne figurant pointsur les rayons en a-t-il fait vraiment partie ?PIRANDELLO a joué magistralement de ces difficultés dans la pièce: "Chacun sa vérité".• L'une des idées capitales de W.

JAMES c'est que la vérité est une relation entièrement immanente à l'expériencehumaine.

On peut lui concéder en effet que c'est dans le champ de l'expérience humaine qu'elle apparaît mais cettemanifestation n'autorise pas à nier qu'elle soit transcendante à l'esprit et inscrite dans l'être en-soi.

Au fond lepragmatisme, malgré son inspiration pratique, est solidaire de la doctrine idéaliste.• La plupart des objections faites au pragmatisme peuvent être retenues contre le marxisme qui prive la vérité de. »

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