Nature du pouvoir.

1 — Théories élitistes (le pouvoir des élites).    A — Pareto. Pour lui, le pouvoir est avant tout politique, et non pas reflet de l'économie. Les individus qui veulent accéder au pouvoir se battent et c'est le plus fort qui l'emporte ; une fois le pouvoir acquis, la puissance dégénère en ruse. Le rapport politique est un rapport vertical ; gouvernants, gouvernés, et le gouvernant gouverne parce qu'il domine.  Rappelons que chez  Platon, l'élite qui doit gouverner est la « classe des philosophes «, ceux qui savent et qui pensent.

 Tout en étant d'accord sur l'élitisme, Pareto le fonde sur la puissance, non sur l'intelligence.  B — Les technocrates. Burnam (« L'ère des directeurs «) estime que les dirigeants politiques sont les dirigeants techniques. Sa thèse est qu'on va vers une séparation entre la propriété et la gestion (management) par un capitalisme populaire (distribution d'actions). L'autorité ne vient pas du droit de propriété mais du savoir et de la compétence d'administrer. Faire prospérer une affaire, un pays, une nation, c'est connaître les lois de la gestion saine et les appliquer. Galbraith, Darendorf, Touraine et Michels sont aussi des théoriciens du pouvoir technocratique et non politique.  C — Horizontalité du pouvoir. Chez Wright Mills (« L'élite au pouvoir «) « l'élite « est une oligarchie, un groupe d'intérêts particuliers. Mills est ici influencé par la théorie de Montesquieu et de Hamilton, selon laquelle il faut voir la réalité politique horizontalement, comme choc d'intérêts divergents et non verticalement (comme dichotomie entre gouvernants et gouvernés). Il ne s'agit pas d'une « classe dominante « comme le prétend le marxisme, car l'économique est contrebalancé par le politique et le militaire. Ce ne sont pas les classes qui sont importantes, mais les groupes d'intérêts divergents, investis dans des Institutions (Armée, Syndicats, Église, Industries, etc.). Chaque groupe cherche le Pouvoir et l'exerce de toutes façons à sa manière dans son champ et dans la lutte d'influence.